Quand trop de sexe étouffe le désir, comment se libérer ?
Trop de sexe n’émousse pas le désir, par définition il l’exacerbe, jusqu’à le rendre insatiable. En revanche, les plaisirs simples sont alors devenus insipides. De même que la personne alcoolique a besoin de fortes doses d’alcool pour ressentir quelque chose, l’amateur de pornographie torride ne trouve plus aucun goût à des pratiques amoureuses qui l’enflammaient autrefois.
Le système des émotions, d’une certaine manière, fut construit pour chercher à se protéger des réactions excessives. Comme l’œil s’adapte à l’obscurité ou à la vive lumière en adaptant sa sensibilité. Les émotions excessives sont dangereuses pour notre sécurité puisqu’elles nous font perdre la tête. Que nous prenions du plaisir avec des produits comme l'alcool, le tabac, cannabis, cocaïne ou d’autres plus dangereux encore, des comportements excitatoires (vitesse, violence, risque de gain ou de perte au jeu) ou au contraire sédatifs ( opium…), il faut augmenter progressivement les quantités pour parvenir à un résultat équivalent aux premières fois, sans jamais atteindre le niveau de la découverte. C’est ce qu’on nomme l’accoutumance.
Le remède est dans toutes ces situations toujours le même : recourir au sevrage total , et suffisamment long pour que les liaisons adaptatives entre nos neurones retrouvent l’équilibre perdu. Il est difficile d’y arriver seul, et même impossible au-delà d’un certain stade. C’est ce qu’on nommait la dépendance. Il existe une dépendance affective et /ou sexuelle comme il existe une dépendance à des substances chimiques. On préfèrera aujourd’hui parler d’addiction pour réserver le terme de dépendance à la perte d’autonomie due à la maladie ou au grand âge.
Impossible d'y arriver seul, il faut donc trouver de l’aide auprès de personnes spécialisées dans la dépendance sexuelle. L’accroissement de la demande, avec l’utilisation massive de l’Internet pour trouver de la pornographie, le laisser-aller des conduites sexuelles ont provoqué la création de structures de prise en charge, y compris sous forme de cliniques de désintoxication sexuelle aux Etats-Unis.
Le traitement consiste à supprimer de sa vie les sources d’excitation, mais comme nos esprits ont horreur du vide, il faut en même temps aider les personnes "addictes" à retrouver de nouveaux centres d’intérêt, plus nobles, plus sociaux, c’est-à-dire plus altruistes. Les situations lourdes seront souvent améliorées grâce à la prise de médicaments. En aucun cas cette prise en charge médicale ne doit supprimer le rééquilibrage du sens que l’on donne à la sexualité. Le sexe sans amour rend addict, ou lasse.
Florence Bayala
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