Des chercheurs lèvent le voile sur le mystère des femmes fontaines
La manifestation liquide du plaisir féminin a été analysée par des chercheurs français qui se sont penchés sur un petit groupe de femmes fontaines. Voici les résultats de leur étude.
Dans Son filme de l’eau tiède sous un pont rouge, le cinéaste japonais Shohei Imamura explorait poétiquement le thème de l’éjaculation féminine avec un homme explorant un trésor : une héroïne accumulant en elle de l’eau qui ne pouvait être libérée que par l’orgasme.
Les « femmes fontaines », ainsi surnommées en raison de la manifestation liquide de leur plaisir sexuel, ont nourri le cinéma d’auteur mais aussi le porno.
75 % des femmes émettent un liquide lors de l’orgasme
Les femmes fontaines intéressent aussi les chercheurs qui s’interrogent sur la nature exacte de leurs sécrétions orgasmiques. En 2011, lors d’un congrès de sexologie à Paris, le docteur Cabello Santa Maria indiquait que 75 % des femmes étudiées par son équipe expulsent un liquide en jouissant. Ecoulement lent ou véritable geyser : seule la quantité de liquide émis différerait d’une femme à l’autre selon le sexologue.
Dans un article publié fin décembre par The Journal of Sexual Medicine, des chercheurs français livrent les résultats de leur étude portant sur un petit groupe de sept femmes fontaines. Pour comprendre la nature du phénomène, les docteurs Salama et Desvaux avaient mis au point un protocole utilisant d’une part l’échographie, afin de mesurer le degré de remplissage de la vessie, et d’autre part les analyses biochimiques du fluide émis et de l’urine. Les femmes recrutées par petite annonce sur Internet et par relation avaient une expérience régulière de l’émission fontaine. Elles étaient toutes âgées de plus de 18 ans.
La vessie joue un rôle déterminant
Le docteur Salama explique la méthode utilisée par son équipe : « Dans un premier temps, je leur ai demandé d’aller faire pipi, j’ai prélevé un peu d’urine et j’ai fait une échographie pour vérifier que leur vessie était bien vide. Je leur ai demandé alors de se stimuler sexuellement, seule ou avec leur partenaire, et quand elles étaient très excitées après 25 à 60 minutes de stimulation, j’ai refait une échographie et constaté que leur vessie était à nouveau pleine. La troisième étape a consisté à recueillir et à analyser le fameux liquide fontaine émis. Une troisième échographie retrouvait une vessie vide… L’analyse du liquide a montré qu’il contenait de l’urée, de la créatinine et de l’acide urique, comme les urines… De plus, chez certaines femmes, nous avons détecté du PSA, spécifique de la prostate dans le liquide émis ! Il existe bien deux phénomènes différents : l’émission fontaine qui provient de la vessie, associée parfois mais pas toujours à une éjaculation qui provient de la prostate. »
Ceci confirme l’importance du rôle de la vessie mais pas seulement. Cela tend aussi à montrer qu’il existe deux types d’émissions de liquide lors de l’orgasme chez la femme : une éjaculation d’origine prostatique de quelques millilitres et un jet (« squirting ») d’origine vésicale chez les femmes fontaines, qui peut être très abondant puisqu’il atteint chez certaines plus de 300 ml.
A femme fontaine, homme sourcier
Les chercheurs regrettent qu’aucune étude n’ait été consacrée à recenser la fréquence des expériences fontaines : est-ce isolé ou récurrent ? Ils pressentent que toutes les femmes le sont potentiellement et avancent que certains hommes dits « sourciers » arrivent à déclencher l’inondation auprès de n’importe quelle femme sous réserve d’un lâcher-prise total de leur partenaire.
Les chercheurs nuancent toutefois ce Graal des fluides : l’émission de liquide n’est pas forcement associée à un orgasme et vice-versa. Les résultats de l’étude laissent à penser que la quantité émise est liée au degré de remplissage de la vessie et de la filtration rénale. « L’émission fontaine chez un certain nombre de femmes est en fait un effet secondaire de la stimulation de la paroi antérieure du vagin et si on réalise cette même stimulation à vessie vide, le plaisir y est mais sans écoulement… », estime le docteur Salama. Le sexe, plus que jamais un coup de reins.
Florence Bayala
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