Le respect de l'autre, clef d'une sexualité épanouie
Nos sociétés ont clairement complexé notre être intime, indûment égaré par cette image "tendance" qu'on nous inflige à outrance à travers les icônes de nos sociétés contemporaines : sportifs, mannequins, stars en tous genres et célébrités affranchies à l'abri des considérations matérielles et sociales. Qui nous gave de ce dictat de l'esthétique, du bien- être et de la réussite individuelle ? Les médias, émissions télévisées, Internet où vies intimes s'étalent et se déversent sans aucune pudeur ni retenue !
Le jugement d'autrui, ce couperet tranchant, ressenti sévèrement à travers le regard des autres se fait nôtre, culpabilisateur et implacable pour nous tyranniser à notre insu et devenir, sans y être invité, notre plus grand bourreau. Non je ne suis pas beau, non je ne suis pas mince, non je ne suis pas heureux en couple, non je ne suis pas riche, oui je suis jaloux, seul, mal-aimé et envieux, déçu de cette société qui ne m'illusionne plus! Comment ne pas entendre et ne pas nous comparer à ces couples qui parlent trivialement de leur intimité, à ces gens qui s'expriment à travers leur joie d'être beaux, riches et qui affichent, tels des trophées, leurs atouts physiques ou financiers, sans ressentir face à eux une frustration ou un dégoût de ce paraître ?
Seuls et dubitatifs, bousculés et sans repères, nous accusons nos différences et nos griefs sans savoir dire ni comprendre nos maux, dans l'attente viscérale d'une délivrance de nous-mêmes par l'amour et le succès. Nous misons alors tout sur l'âme sœur qui viendra nous comprendre, nous compléter et nous aimer pour être enfin comme eux, comme tous ces autres. L'amour et la haine sont mêlés étroitement et issus d'émotions générées par nos leurres et nos frustrations. Alors, comment les exprimer de manière claire, envers soi-même, plutôt que de tant attendre de l'autre, croyant à tort qu'il sera capable de tout nous offrir afin de nous débarrasser de nos peurs et de nos doutes ?
Pourquoi est-ce si difficile ?
Dans nos sociétés occidentales, les femmes ont beaucoup évolué ces dernières décennies. De nos jours, on ne compte plus le nombre grandissant de réussites professionnelles féminines. Elles sont promues aux meilleurs postes et n'ont plus, pour la plupart, peur de rien ni de personne. Certaines se sont voulues égales de l'homme et souffrent aujourd'hui de ne plus trouver d'hommes à leur hauteur ! Mais où sont les hommes, s'interrogent-elles ? Pourquoi tous ceux qui sont "bien" sont- ils pris, et ceux qui restent "sur le marché" s'avèrent- ils immatures, séducteurs à outrance ou réticents à s'engager ? Ont-ils peur des femmes émancipées, autonomes, instruites, efficaces et indépendantes ? Sont-ils lassés de se sentir jugés, jaugés, pesés, mesurés, provoqués, mis à l'épreuve et remis en question dans leur pouvoir et leur virilité ?
Les hommes, quant à eux, n'ont pas eu ce besoin de s'émanciper mais ont dû, en revanche, apprendre à s'adapter à cette nouvelle donne dans les normes occidentales : partager leur territoire ! Constater cette révolution féminine, accepter la concurrence loyalement, en un mot : faire place à l'autre sexe ! Pas si facile d'être contraints de se retrouver dans les mêmes endroits, de se battre pour les mêmes défis, de partager les mêmes envies, sans se faire traiter de machos, de misogynes ou de harceleurs, quand on a du mal à considérer objectivement le même droit de réussite et de réalisation pour tous. Les hommes, comme les femmes, sont tous des êtres uniques en leur genre. Emplis de bonne volonté, de courage et de désir de bien faire. Mais cela suffit-il ? Quels devoirs et quels rôles doivent être assumés par chacun des deux sexes pour vivre en harmonie ?
Les hommes, comme les femmes, traînent souvent inconsciemment des poids du passé, une sorte d'image tendancieuse et dévalorisante véhiculée par certains abus et indélicatesses de leurs modèles parentaux et congénères ! Ces images, dégradantes et défavorables pour leur réputation, ne les aident pas à se dévoiler ni à se déployer, mais les obligent plutôt à se méfier et à redorer leur blason, avant de pouvoir afficher leurs véritables qualités.
En amour, comment tout cela se traduit-il aujourd'hui ? En couple que se passe-t-il, comment les rôles se distribuent-ils ? Et au lit, dans la relation sensuelle et sexuelle, comment cela s'harmonise-t-il ? Comment passer de la femme soumise accomplissant son devoir conjugal, à la femme libérée qui revendique son droit à la jouissance et à sa liberté de mouvement et d'expression, sans être castratrice ni manipulée et abusée ? Comment affirmer clairement son "non, je n'ai pas envie de faire l'amour ce soir, je suis fatigué", sans se sentir diminué et dévalorisé dans sa sexualité masculine ?
Comment en être arrivé à être adopté comme un chien dans des sites spécialisés pour rencontrer l'amour et ne même pas s'en révolter ? D'où l'importance d'avoir une connaissance et une complicité vis-à-vis de son propre sexe et de bien connaître celui de l'autre avant de se sentir complémentaire ou complété par lui, ce partenaire tant désiré et choisi pour partager son chemin de vie...
Mieux se connaître pour apprendre l'autre...
Aimer, c'est avoir cet extraordinaire sentiment d'affection gratuit, cette force à l'état pur qui n'attend rien en retour. L'amour est généreux, il est sensible, inné. Nous n'avons pas à le mendier, à le chercher en l'autre, nous avons à le chercher en nous, et regarder pourquoi nos modèles n'ont pas pu ou su le faire éclore en nous, nous montrer la différence entre les autres et nous. C'est donc à force d'expériences décevantes et destructrices que nous devons nous efforcer à ouvrir notre esprit vers le renouveau en ne confondant pas la peur d'hier, la crainte de demain, avec le respect à éprouver pour l'instant présent.
Il s'agit simplement de ressentir un profond respect pour les gens qui nous entourent sans les juger, sans les comparer, ni les assimiler à nos vaines expériences, sans se sentir condamnés par elles ni les condamner nous-mêmes. Repartir à zéro en oubliant l'acquis maladroit et erroné de nos modèles parentaux, pour se diriger vers notre propre désir d'amour inné.
C'est l'adulte, qui par sa maladresse dite bienveillante et éducative, fera remarquer à l'enfant qu'il ne faut pas embrasser ce petit qu'il ne connaît pas, ni prendre les jouets de celui-ci qui ne sont pas à lui... L'amour démarre donc du respect de l'autre, de soi et non de sa crainte ! Quand vous craignez vos parents, vous ne les aimez pas ; mais quand vous les respectez, vous les aimez et vous prenez complètement considération de leur entité propre.
A travers toute mon expérience, mes études et mon amour de l'humanité, je me veux d'essayer à mon tour, en toute humilité, de poser ma pierre à cet édifice.
Florence Bayala
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