Accidents cardiovasculaires : des chercheurs affirment avoir réduit les risques d'un tiers grâce à une superpilule
SUPER-POUVOIRS - Dans une étude récemment parue dans The Lancet, des chercheurs iraniens affirment avoir réussi à abaisser le risque de maladies cardiovasculaires d'un tiers environ chez plus de 3.000 personnes grâce à une pilule combinant plusieurs traitements.
L'idée d'une superpilule n'est pas nouvelle. Il y a une vingtaine d'années, des scientifiques imaginaient déjà un médicament à la composition variable, capable de traiter plusieurs problèmes de santé à la fois. Il s'agit cependant de la première fois qu'un tel dispositif est testé sur la population à grande échelle et sur une telle durée.
Dans une étude tout juste parue dans The Lancet, des chercheurs iraniens indiquent avoir pu mesurer l'efficacité de la "polypill" sur près de 7.000 participants provenant d'une population rurale turkmène d'Iran. Âgés de 40 à 75 ans, 90% n'avaient pas d'antécédents cardiovasculaires. En combinant des médicaments contre l'hypertension (un diurétique, l'hydrochlorothiazide 12,5 mg et l'énalapril 5 mg), le cholestérol (20 mg d'atorvastatine) et de l'aspirine (81 mg), elle a pu réduire d'un tiers le risque d'accidents cardiovasculaires.
Un effet protecteur estimé à 22%
Afin de mener leurs travaux, les chercheurs ont divisé les participants en deux groupes. L'un n'a reçu que des conseils d'hygiène de vie, tels que l'arrêt du tabac ou encore sur l'importance de l'activité physique, tandis que l'autre a en plus de cela bénéficié de la "polypill". Celle-ci devait être prise tous les jours pendant 5 ans, une observance respectée dans 63% des cas.
En fin de compte, les chercheurs ont constaté une réduction du risque de 34% d'accidents cardiovasculaires majeurs et d'environ 40% chez les personnes sans antécédents de maladies cardiovasculaires(MCV)qui prenaient le médicament, comparé à celles qui ne le prenaient pas. Chez les participants déjà atteints de MCV, le risque chutait de 20%. Les effets du traitement ont notamment été similaires chez les hommes et les femmes, en nombre à peu près égal dans cette étude, et chez les plus ou moins jeunes. En ajustant les résultats pour prendre en compte la prise, par certains participants, d'autres médicaments cardiovasculaires, les scientifiques ont estimé que l'effet protecteur global de la "polypill" était de 22%, mais est resté statistiquement significatif, note The Lancet.
Une solution possible pour réduire la mortalité prématurée due aux maladies cardiovasculaires dans le monde
"Plus des trois quarts des 18 millions de personnes qui meurent de maladies cardiovasculaires chaque année vivent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires, rappelle Nizal Sarrafzadegan, co-auteur de l'étude et professeur à l'Université des sciences médicales d'Ispahan, dont les propos sont rapportés par l'AFP. La stratégie d'une multi-pilule, de bas prix, "si elle était adoptée à grande échelle, pourrait jouer un rôle clé dans la réalisation de l'objectif ambitieux des Nations Unies : réduire la mortalité prématurée due aux maladies cardiovasculaires d'au moins un tiers d'ici 2030", estime-t-il.
Avant de pouvoir être prescrite, la "polypill" devra être testée sur les populations de différents pays. Pour le Dr Amitava Banerjee de l'University College London, également cité par l'AFP, les futures études devraient d'autre part "comparer la "polypill" aux médicaments pris séparément, avec des résultats à long terme".
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