Les kystes ovariens : c’est grave?
Plus fréquents qu’on ne le pense, les kystes ovariens font craindre le pire aux femmes qui en sont affectées. Pourtant, ils sont le plus souvent bénins.
Les kystes ovariens peuvent rester longtemps asymptomatiques, et ils peuvent même passer complètement inaperçus. On les découvre le plus souvent par hasard, au cours d’un examen gynécologique de routine. Lorsqu’ils sont symptomatiques, ils peuvent se manifester sous forme de douleurs abdominales unilatérales, de rapports sexuels douloureux, de troubles menstruels ou d’une augmentation du volume abdominal.
En général, plus les kystes sont gros, plus ils risquent de provoquer des symptômes. Les kystes ovariens peuvent atteindre un volume important (ils peuvent devenir aussi gros qu’un pamplemousse!) et gêner par leur taille les organes environnants (vessie, intestins, rectum). Les compressions occasionnées par les gros kystes peuvent entraîner une irrégularité des fonctions intestinales ou de la vessie. Il existe plusieurs types de kystes à l’ovaire. Il importe de connaître leur nature exacte car, leur cause et leur évolution étant variables, ils commandent des traitements différents.
Les différentes sortes de kystes
Les kystes fonctionnels
Les kystes fonctionnels représentent la majorité (environ 90 %) des kystes aux ovaires. Presque toutes les femmes en auront au moins 1 au cours de leur vie. Ces kystes sont liés au cycle menstruel et sont dus à une anomalie de fonctionnement de celui-ci, plus précisément à une mauvaise réponse de l’ovaire à la commande hypophysaire (glande située dans le cerveau). Chaque mois, un follicule ovarien (cavité dans laquelle est produit l’ovule) se développe sur l’ovaire, puis il se rompt pour libérer l’ovule. Mais il arrive que ce follicule ne se désintègre pas et continue de grossir pour se transformer en kyste. Un kyste peut aussi apparaître lorsque le corps jaune (c’est-à-dire la substance jaunâtre qui se forme dans le follicule vide après l’ovulation et qui sécrète de la progestérone) ne se désagrège pas.
Dans tous les cas, les kystes fonctionnels, qui sont en quelque sorte des sacs remplis de liquide, sont bénins, et ils ne deviennent jamais malins. Une échographie pelvienne est généralement effectuée pour vérifier qu’il s’agit bien d’un kyste fonctionnel. Le diagnostic n’est toutefois confirmé que lorsque la régression ou la disparition du kyste est observée lors d’une échographie de contrôle, de 4 à 8 semaines plus tard. Parce que les kystes fonctionnels disparaissent généralement par eux-mêmes, on s’abstient habituellement d’entreprendre un traitement. Toutefois, si un kyste fonctionnel persiste plus de 2 mois, le médecin peut alors proposer à la patiente de prendre des hormones (contraceptifs oraux), pour mettre l’ovaire au repos. On peut aussi drainer les kystes fonctionnels qui ne se résorbent pas.
Les kystes organiques
Beaucoup moins fréquents, les kystes organiques sont très différents des kystes fonctionnels. Ils peuvent être séreux (c’est-à-dire contenir une sérosité liquide jaune clair), muqueux (c’est-à-dire contenir un liquide visqueux et épais) ou dermoïdes (c’est-à-dire contenir de la graisse, des poils, des dents, des os, etc.). Ces kystes sont sans rapport avec le cycle menstruel et la cause de leur formation n’est pas connue. Et contrairement aux kystes fonctionnels, ils ne disparaissent pas d’eux-mêmes.
Lorsque les kystes organiques mesurent moins de 5 centimètres et ne présentent pas de signes de malignité (kyste sur les 2 ovaires, apparence complexe, liquide dans le ventre qui le fait gonfler, etc.), on se contente de faire des échographies tous les 6 mois, pour vérifier s’ils grossissent. Lorsque les kystes organiques mesurent plus de 5 centimètres, on suggère souvent de les faire enlever. Ils peuvent présenter un risque de rupture ou de torsion, ce qui peut provoquer des douleurs intenses. Ils peuvent aussi se révéler cancéreux, bien que cela soit très rare, surtout en pré-ménopause.
L’ablation chirurgicale des kystes organiques se fait généralement par laparoscopie, une procédure peu invasive qui ne laisse que de minuscules cicatrices sur l’abdomen, et ce, même lorsque les kystes sont volumineux. Lorsque la femme est en âge d’avoir des enfants, on essaie de préserver l’ovaire autant que possible. Cependant, l’ablation complète de l’ovaire, et même parfois de la trompe correspondante, peut être nécessaire si le kyste est très gros ou cancéreux.
Le risque qu’un kyste organique soit cancéreux est plus important après la ménopause. Dans ce cas, on ne prend pas de chance et on enlève généralement le kyste (sauf s’il est petit et qu’il ne grossit pas). S’il s’avère cancéreux, il peut être nécessaire d’effectuer l’ablation des 2 ovaires et de l’utérus.
Les kystes endométriosiques
Ces kystes sont associés à l’endométriose. Quand l’ovaire est atteint par l’endométriose, un kyste noirâtre empli d’un liquide brun s’y forme. Les kystes endométriosiques sont difficiles à traiter et ils ont tendance à réapparaître une fois qu’ils ont été enlevés. Le choix du traitement dépend de plusieurs facteurs dont l’âge de la femme, la grosseur du kyste, la gravité de l’endométriose et le désir d’enfanter de la patiente. Les options comprennent la prise d’hormones et l’ablation chirurgicale du kyste par laparoscopie.
Les kystes des ovaires polykystiques
Ils sont associés au syndrome des ovaires polykystiques, une maladie qui entraîne le développement de plusieurs petits kystes sur les ovaires, mais également de nombreux autres problèmes, comme des menstruations irrégulières ou absentes, des troubles de fertilité, un poids excessif, une pilosité abondante, des problèmes d’acné et un risque plus élevé de souffrir d’hypertension artérielle ou du diabète. La cause exacte de ce syndrome demeure inconnue, mais on croit qu’une résistance à l’insuline et une quantité excessive d’hormones mâles contribuent à son développement. Les femmes qui ne souhaitent pas enfanter peuvent être mises sous contraceptifs oraux afin de régulariser leur cycle menstruel et de diminuer la pilosité et l’acné.
Florence Bayala
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