L`endométriose : mieux la comprendre et l’éviter…
L’endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire chronique qui provoque, entre autres, des douleurs intenses dans le bas-ventre. Pour mieux comprendre cette maladie, nous avons rencontré le Dr Diahou N’guessan Bertin au cours d’une interview…
On utilise bien souvent le mot endométriose à tort et à raison, sans trop savoir de quoi il est question. Que pouvez-vous nous en dire Docteur?
Ce mot est du lexique médical. Et pour être plus explicite, je dirai que l’endométriose, c’est une prolifération de la paroi intérieure de l’utérus qui est l’endomètre. Cette paroi va devenir pathologique. Malheureusement, nombreuses sont les femmes atteintes de l’endométriose mais elles ne le savent pas. Il est important de préciser que plus de 95% des femmes qui ont les règles douloureuses ont l’endométriose. Ce qui provoque les douleurs, c’est le remaniement de la paroi intérieure de l’utérus qui s’est épaissie et qui au cours des règles va se détacher. Les menteurs de la femme font entre 3 et 4 jours et à partir d’un certain moment son organisme va s’apprêter à recevoir éventuellement le spermatozoïde qui, après, deviendra un blastocyste qui va s’accrocher à l’utérus. Alors pour que le blastocyste ne se détache pas, il faut que la paroi intérieure de cet utérus soit épaissie dans l’attente des blastocystes. Dans ces conditions, quand il y a une rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde, on assiste au développement d’une cellule qui va s’accrocher sur la paroi de l’utérus. Je le disais tantôt, il est impératif que la paroi intérieure de cet utérus soit épaisse pour que ce matériel s’accroche solidement. Autrement, il y a des risques plus tard qu’il se détache.
Les données changent lorsqu’il n’y a pas eu de grossesse. En ce moment-là, cette paroi de l’utérus qui s’est épaissie doit se détacher 3 ou 4 jours après sous forme de règles.
Si cette paroi de l’utérus qui s’est remaniée a quelques problèmes, le détachement ne se fait pas pendant les règles alors que l’endomètre doit se détacher, et l’organisme se rendant compte que cette partie ne se détache pas va commencer à se contracter pour essayer de libérer ce qu’il croit être un corps étranger. Ce sont ces contractions, ces spasmes qui font qu’il y a des douleurs.
Mais pourquoi y a-t-il des femmes qui ont des douleurs permanentes?
Cette situation s’explique aisément. Cela est dû au fait qu’au moment où leur organisme s’apprête à recevoir une cellule vivante, elles ont un rapport sexuel. Et pour éviter une grossesse, elles prennent une pilule du lendemain qui, contre toute attente, déstabilise tout l’organisme. L’endomètre qui s’est, normalement, épaissie dans l’attente du blastocyste, ne se retrouve plus. Et bien souvent, il y a des cicatrices, à cause d’un processus normal qu’on vient d’interrompre brusquement. Et cela n’est pas sans conséquence chez certaines femmes dont l’endomètre va s’épaissir de façon définitive. Dans ce cas, quand la période des menstrues arrive, c’est cette partie qui doit se détacher, mais elle n’y arrive plus puisqu’ elle s’est endurcie.
Y a-t-il, alors, une attitude particulière à adopter pour éviter l’endométriose?
Bien entendu! Seulement, je voudrais quand même attirer leur attention sur des actes inappropriés qui créent l'irréparable. Il s’agit ici d’éviter absolument l’endométriose, l’utilisation des hormones, des pilules du lendemain. Il faut laisse libre cours au processus naturel qui doit se poursuivre. Sans cela, malheureusement, il n’y a pas de remède, quand la maladie s’est installée.
Dites, docteur, que cela soit moderne ou naturelle, aucun remède?
Hélas! Il n’y a pas de médicaments en tant que tel. En médecine allopathique, nous avons une alternative qui n’est pas sans conséquence. Soit on va opérer, racler. Or en raclant, on en guérit certes, l’utérus, lui, va devoir cicatriser. La longue, ayant un désir d’enfant, vous serez impuissante face à un problème étant donné que l’utérus est devenu vraiment cicatricielle.
Soit on contraint l’utérus au repos. Autrement dit, si vous n’êtes pas ménopausée, on vous crée une ménopause artificielle parce qu’en général, chez la femme ménopausée, l’endométriose disparaît. Dans d’autres cas, c’est de faire franchement l’ablation de l’utérus.
A ce stade-là, est-il possible de dire que l’endométriose est une source d’infertilité?
Ah oui, l’endométriose est une source d’infertilité puisque l’endomètre devient complètement instable. En même temps, un autre des traitements possibles reste le fait de tomber enceinte. Lorsque vous êtes en effet enceinte, votre utérus est au repos pendant 9 mois. On serait alors tenté de se demander comment tomber enceinte en ayant l’endométriose. Effectivement, l’endométriose est une cause d’infertilité.
En faisant des recherches, nous avons découvert que les femmes de 35 à 50 ans sont les plus touchées par l’endométriose. Quelles en sont les raisons?
Entre 35 et 50 ans, les femmes, effectivement, sont en pleine activité. Avec l’enthousiasme d’un nouveau boulot obtenu, elles n’ont aucune envie de se prendre la tête avec une grossesse pour perdre leur boulot. Vous conviendrez avec moi que ce sont les femmes en pleine activité sexuelle qui ont l’endométriose parce qu’après elles sont ménopausées. Et une fois qu’elles sont ménopausées, l’endométriose, elle, disparaît. Et cela va de soi puisque l’utérus est au repos. Pour traiter et arriver à bout de l’endométriose, il faut faire chuter le taux d’oestrogène qui, pourtant, diminue naturellement lorsque la femme est ménopausée. Et ce taux d’œstrogène a son niveau maximum entre 30 et 50 ans. Je reviens sur le fait de l’utilisation inconsidérée des hormones par les femmes, en période d’activité, les soumet beaucoup plus à l’installation de l’endométriose.
Dites nous, les médecins n’ont-ils pas conscience de cette situation pour leur prescrire parfois des pilules?
Je suis vraiment heureux que vous ayez posé cette belle question. Souffrez, cependant, que je n’y réponde pas…
Un conseil à toutes les femmes…
Je voudrais vous inviter à prendre soin de vous-même en allant constamment voir votre médecin dès que vous avez des douleurs. Avec un diagnostic approprié, il vous prescrira des médicaments. Et surtout, et j’insiste, assumez votre sexualité, évitez la prise d’hormone de façon inconsidérée, les histoires de pilules du lendemain. A défaut, soit vous utilisez des préservatifs pendant tous vos rapports sexuels, soit vous vous abstenez.
Yolande Jakin
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