Faut-il avoir peur des tampons?
Nous sommes nombreuses à les utiliser, mais on les dit dangereux pour notre santé... Ce qu'il faut savoir pour s'en servir en toute sécurité.
QUEL EST LE PROBLÈME ?
En avril dernier, un documentaire saignant sonnait l'alarme en relatant des cas de choc toxique chez des utilisatrices de tampons, ainsi que des craintes autour de leur composition. À raison ? « Dans certains cas rares, ils peuvent provoquer une maladie infectieuse aiguë baptisée le syndrome du choc toxique (SCT). Lorsque le flux menstruel reste bloqué, cela favorise le développement des bactéries, dont le staphylocoque doré, explique le Pr Gérard Lina, un microbiologiste qui étudie le SCT. Cette bactérie produit une toxine qui se répand dans le corps, entraînant divers symptômes : fièvre, vomissements, douleurs musculaires, étourdissements... » Une affection grave aux conséquences parfois mortelles.
Y A-T-IL VRAIMENT PLUS DE CHOCS TOXIQUES ?
Ils restent rarissimes : 22 cas en 2014 pour des millions d'utilisatrices. Les spécialistes observent néanmoins une hausse des déclarations depuis les années 1990. On a pu lire dans la presse que c'était le signe d'une dramatique recrudescence du SCT, mais le Pr Lina émet des réserves. « C'est une maladie dont la déclaration n'est pas obligatoire, rappelle-t-il. Une hausse peut aussi signifier une meilleure prise de conscience des médecins qui déclarent davantage les cas de SCT. » Il regrette aujourd'hui la vague de terreur qui s'est abattue sur les protections hygiéniques. « Il ne s'agit surtout pas de dire aux femmes d'arrêter d'utiliser des tampons, mais plutôt de respecter des règles d'utilisation et de se méfier en cas de symptômes. »
TOUTES LES FEMMES SONT-ELLES CONCERNÉES ?
Non car il faut des conditions particulières pour provoquer un SCT : être porteuse d'une certaine souche de staphylocoque doré et, en même temps, dépourvue des anticorps qui combattent leurs toxines. « Cela représente 0,4 % des femmes, explique le Pr Lina. Et parmi elles, seule une infime partie souffrira effectivement d'un choc toxique. » L'élément déclencheur est le temps d'utilisation qui dépasse parfois 7 ou 8 heures. « Le SCT touche celles qui ne prennent pas le temps de se changer, qui oublient ou qui dorment avec leur tampon », note le spécialiste.
EST-CE DÛ AUSSI À LA COMPOSITION DES TAMPONS ?
A priori non. Aucune corrélation n'a encore été établie et le risque est identique pour tous les tampons étudiés. Une étude de « 60 Millions de consommateurs » et un rapport de la DGCCRF** se sont penchés sur leur composition. Résultat : des produits chimiques, oui, mais à l'état de traces. Les substances retrouvées sont parfois présentes dans notre environnement : eau, air, circuits industriels et agricoles. Cette exposition-là est sans commune mesure avec les pesticides des fruits et légumes ou les perturbateurs endocriniens dans l'air de nos domiciles.
FAUT-IL PRIVILÉGIER LES SERVIETTES ?
Non. Le tampon rend bien des services, il n'est pas question de s'en priver ! Il suffit de respecter des règles que l'on n'aurait jamais dû oublier, comme l'explique la D re Michèle Lachowsky, gynécologue. « On se lave les mains avant et après, on ne garde son tampon que 4 ou 5 heures au maximum, et on utilise une serviette hygiénique la nuit. » On peut éviter le frottement du retrait en mettant un peu de lubrifiant au départ. « Toutes les femmes peuvent porter un tampon sans risque sur un temps d'utilisation aussi court », confirme le Pr Lina.
Source : Autre Presse
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