Fatma Samba Diouf Samoura, la pasionaria qui veut assainir l'univers du football
Fatma Samba Diouf Samoura, Sénégalaise de 54 ans et ancienne haute fonctionnaire des Nations unies, nommée en mai 2016 secrétaire générale de la Fédération internationale de football (Fifa), a commencé à réformer l’organisation, secouée par des scandales. Pour replacer la balle au centre, et non l’argent, son ambition consiste à faire de la Fifa les « Nations unies du football ».
« Je veux injecter de la diversité, de l'équité, une meilleure structure de gouvernance et un système d'évaluation et de monitoring plus fort », a annoncé Fatma Samba Diouf Samoura, lors de sa prise de fonction à Zürich (Suisse), le 21 juin dernier. Le message de la numéro deux de la Fifa, une organisation à but non lucratif qui brasse plus de un milliard de dollars par an, a été relayé avec fierté en Afrique, certes. Les premières réactions ont cependant été empreintes de scepticisme – voire d’indifférence – ailleurs dans le monde. Le journal britannique The Guardian a par exemple titré sur « la femme qui hérite d’un siècle de patriarcat à la Fifa ». Et d'expliquer qu’elle pourrait, au final, ne servir que de « window dressing » (manœuvre d’embellissement) au nouveau président de la Fifa, l’Italien Gianni Infantino, dans une fédération soupçonnée d’être prête à retomber dans ses anciens travers.
C’est dire à quel point les scandales à répétition depuis 2015 ont érodé la confiance. Sept hauts responsables de la Fifa ont été arrêtés en mai 2015 en Suisse sur ordre de la justice américaine, soupçonnés d’avoir perçu 150 millions de dollars de pots-de-vin dans les années 1990. Le président suisse de la fédération, Joseph Blatter, a démissionné à contrecœur en juin 2015, et a ensuite dû répondre d’un versement de 1,8 million d’euros en 2011 au Français Michel Platini, qui visait sa succession. Les deux hommes ont été suspendus de toute activité dans le football pour six ans par le Tribunal arbitral du sport (TAS) – peine ensuite réduite à quatre ans pour Michel Platini.
Une femme qui ne vient pas du sérail
Fatma Samba Diouf Samoura remplace par ailleurs un Français, Jérôme Valcke, lui aussi licencié pour abus de frais de déplacements, vente de droits télévisés et destruction de preuves. Première femme et première non Européenne à occuper ces fonctions, sa nomination a surpris les milieux sportifs. Le nouveau président de la Fifa, l’Italo-Suisse Gianni Infantino, se montre cependant sûr de son choix. Il vante les qualités de « meneuse d’équipes » et la « réputation d’intégrité » d’une fonctionnaire chevronnée, qui a géré pendant vingt-et-un ans des programmes des Nations unies dans des pays en crise.
Fille de militaire, supporter de football depuis l’enfance, mariée à un footballeur sénégalais et mère de trois enfants, elle a d’abord été négociante pour la Senchim, une filiale des Industries chimiques du Sénégal (ICS), après ses études de langues et de gestion à Lyon et Strasbourg. En 1995, elle rejoint à Rome l’unité logistique du Programme alimentaire mondial (PAM), auquel elle a prêté main forte sur le terrain, en Angola.
Cinq ans plus tard, elle est promue directrice de cette agence à Djibouti, puis au Cameroun de 2005 à 2007, avant d’être la responsable adjointe du Bureau des Nations unies pour la coordination de l’aide humanitaire (Unocha) à l’est du Tchad. Directrice pays du PAM en Guinée de 2009 à 2010, elle passe ensuite représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Madagascar, puis au Nigeria en janvier 2016. Un poste où elle ne restera que six mois, ayant accepté sur le champ ses nouvelles fonctions à Zürich, attirée par la possibilité d’un impact « planétaire » et prête à se consacrer à une passion familiale pour le ballon rond.
« Replacer le football au centre »
Aujourd’hui, la principale intéressée demande à « être jugée sur les actes » et se propose de faire le trait d’union entre deux univers : « En acceptant ce poste, dit-elle, je me suis retrouvée confrontée à un défi : identifier le lien entre mon travail à l’ONU et le football, un sport qui peut surmonter les barrières sociales, linguistiques et religieuses. Dans l’ensemble, je n’ai pas l’impression d’avoir changé de métier. Bien sûr, j’évolue sur un autre terrain, mais il existe de nombreuses similitudes entre les deux sphères. Mon travail à l’ONU consistait essentiellement à replacer les individus au centre des décisions. Aujourd’hui, je dois replacer le football au centre des décisions de la Fifa. »
Peu après sa prise de fonctions, elle n’a pas hésité à évoquer les conditions de travail faites aux ouvriers par le Qatar pour construire les infrastructures de la Coupe du monde de 2022. Les organisations de défense des droits de l’homme telles que Human Rights Watch continuent de faire pression pour que la Fifa aille plus loin que la mise en place, annoncée en avril 2016, d’un comité de surveillance.
D’ores et déjà, elle imprime sa marque avec la création d’une direction du football féminin confiée à la Néo-Zélandaise Sarai Bareman. Parmi les nouveaux responsables qu’elle recrute figure le Suisse Thomas Peyer, un directeur financier issu du secteur privé, ancien de l’agence de voyage Kuoni, et lui aussi étranger au monde du football. Son principal chantier : restructurer la Fifa autour de deux grands pôles. Le premier est chargé des rentrées financières et du travail administratif, dirigé par son adjoint Marco Villiger, ancien directeur juridique de la Fifa. Le second, axé sur le développement du football et les compétitions, est piloté par l’ex-international croate Zvonimir Boban. Dernière annonce en date : la Coupe du monde 2026 sera disputée par 48 équipes, au lieu de 32 actuellement. Une ouverture importante destinée à l’Afrique et l’Asie, continents sous-représentés.
Source : rfi.fr
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