Facebook censure une photo post-césarienne : à tort ! c`est un cliché réparateur
La photo d’un bébé posé sur le ventre de sa mère après une césarienne a été supprimée de Facebook, après avoir suscité de nombreuses réactions. Selon certains internautes, elle "banaliserait" la césarienne et "rendrait naturel un procédé qui ne l'est pas". Hélène Jacquemin-Levern, gynécologue et sexologue, voit au contraire ce cliché comme quelque chose de réparateur. Explications.
Le cliché de ce bébé posé sur le ventre de sa mère après une césarienne montre une femme blessée, mais heureuse que son enfant soit en bonne santé. Pour ma part, je trouve cette photographie très belle. Il ne s’agit pas d’une incitation à la césarienne, mais simplement d’un témoignage.
La césarienne est pratiquée pour des raisons médicales
Certains internautes ont affirmé que ce cliché "banalisait" la césarienne. Même si je ne suis pas d’accord, je peux comprendre ce point de vue, car il y a de plus en plus de demandes de césarienne de convenance.
Quand les futures mères réclament cette intervention pour des raisons de confort ou d’esthétique, le corps médical n’accepte pas leur demande. Mais parfois la situation est plus complexe.
Lorsque qu’une femme a déjà accouché par voie naturelle et a souffert de séquelles – prolapsus ou douleurs par exemple, il est difficile de déterminer s’il s’agit d’une intervention de convenance ou d’un acte nécessaire.
D’ailleurs, le corps médical est souvent accusé de pratiquer cette intervention pour des raisons pécuniaires. Pourtant, pour la sécurité sociale, la quotation est la même pour une césarienne ou un accouchement par voie basse.
À ce sujet, on dit souvent des choses négatives et exagérées sur le milieu médical car finalement, la césarienne est pratiquée pour des raisons médicales.
Cette intervention peut être traumatisante
En général, on ne prépare pas les femmes à une telle intervention, à laquelle on préfère un accouchement par voie naturelle. Mais parfois, lorsque la grossesse est difficile, on évoque la césarienne avant la naissance de l’enfant.
Ce passage est souvent difficile. Je ne dirais pas qu’il y a un tabou autour de la césarienne, mais on ne peut pas nier le fait que beaucoup de femmes vivent mal cette intervention. Celle-ci peut même être traumatisante.
Dans ce cas, on explique aux futures mères que cette option est la plus sûre pour éviter les complications. Mais on leur dit aussi qu’il s’agit d’un véritable acte chirurgical, avec un risque d’infection ou de phlébite, tout en essayant de ne pas les angoisser.
Pour finir, on les aide psychologiquement, car cette intervention est souvent difficile à accepter : certaines femmes redoutent en effet de ne pas pouvoir vivre la naissance de leur enfant comme elles l’auraient souhaité.
Parfois, la décision de pratiquer une césarienne est prise dans l’urgence, pendant l’accouchement. Dans ce cas, la situation est encore plus dure à supporter pour les futures mères.
Aider les femmes à évacuer la culpabilité
Le plus gros du travail intervient après la césarienne, car à ce moment-là, les mères sont souvent malheureuses. Elles se sont préparées à accoucher par voie basse et ont l’impression de ne pas être allées au bout des choses, d’avoir raté la naissance de leur enfant ou encore de ne pas avoir été à la hauteur. Il y a un certain sentiment de culpabilité, dû à l’image d’Épinal qu’on leur fait de l’accouchement par voie naturelle, à travers des phrases comme :
"Grâce à la péridurale, vous ne sentirez rien"
"Vous allez pouvoir accueillir votre bébé quand on vous le posera sur le ventre"
"Vous allez voir, ça va être un moment magnifique"
Pourtant, un accouchement ne se passe jamais de manière aussi idyllique. Il faut donc aider les femmes qui ont eu une césarienne à évacuer toute culpabilité.
Pour cela, nous devons les rassurer en leur disant qu’elles vont bien, que leur bébé va bien et que c’est l’essentiel. Nous devons également les valoriser et les aider à accepter la cicatrice laissée par l’intervention. Il faut savoir qu’après une césarienne, cette zone est fragile : elle n’est pas toujours esthétique, elle peut démanger et elle reste parfois sensible à vie quand on la touche.
Cette photo n'a rien d'agressif
Pour toutes ces raisons, je vois cette photographie post-césarienne comme quelque chose de réparateur pour les femmes qui ont souffert de cette intervention.
Je ne comprends donc pas pourquoi Facebook l’a censurée, d’autant que la légende expliquait bien la situation : le "pire cauchemar" de cette mère, la césarienne, a permis de sauver la vie de sa fille et la sienne.
Cette polémique me rappelle celles autour de la mastectomie. Des femmes ayant subi une ablation des seins se confrontaient également au regard des internautes en postant des photos de leur poitrine sur les réseaux sociaux.
Tout comme la photo de cette césarienne, ces clichés n’ont rien d’agressif : ils représentent des femmes heureuses d’être en vie et de s’assumer.
Source : leplus.nouvelobs.com
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