Les ONG ivoiriennes en ligne de front contre le cancer du sein
Selon les chiffres donnés par l’organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 2022, l’Afrique a enregistré plus de 146 000 nouveaux cas de cancers du sein. Cinquante pour cent (50%) de ces malades sont décédées aujourd’hui. En Afrique de l’Ouest par exemple, la mortalité par cancer du sein se situe à 50%. La Côte d’Ivoire, malheureusement, fait partie de ces pays avec 54% de décès ». Quant au cancer du col de l’utérus, « l’Afrique contribue à la mortalité mondiale à hauteur de 23,1%
Si rien n’est fait, selon toujours l’OMS, le tableau pourrait s’assombrir davantage. « Les projections montrent que d'ici à 2040, au niveau mondial, l’incidence des nouveaux cas va augmenter de 85% et la mortalité de plus de 89 % », prévient l’OMS.
Pour contribuer à la lutte contre cette pandémie, l’Organisation non gouvernementale ‘’Echo Médias- Mssc ( Mes Seins Sans Cancer)’’, regroupant des hommes et femmes de médias, dirigée par Leah Murielle Guigui, a fait du cancer du sein, son cheval de bataille. Pour mener à bien cette campagne de sensibilisation, des cancérologues sont associés pour apporter leur expertise.
Au cours des phases de lancement et de campagne menées par Echo Medias, une part belle est toujours laissée au Pr. Adoubi Innocent, directeur de la formation des cancérologues de l’Afrique de l’ouest, afin d’instruire la population sur les différents facteurs de risque du cancer du sein. Le médecin en cancérologie fait savoir que l’âge est un facteur de risque parmi tant d’autres. Une femme, après 30 ans, est une femme à risque, exposé au cancer du sein. Mais les possibilités sont plus grandes lorsque les femmes vieillissent. Il existe donc d’autres facteurs tels le stress, les antécédents familiaux et la nulliparité (une femme sans enfant), car l'allaitement en est un facteur protecteur. Pr Adoubi a ainsi fait remarquer une différence entre le risque et la cause.
Il fait également un plaidoyer à l’endroit des différents ministères et partenaires en charge du cancer, en évoquant les différents obstacles à cette lutte. Il s’agit de l’insuffisance du plateau diagnostic qui reste d’ailleurs concentré à Abidjan. En ce qui concerne l’imagerie, que ce soit dans le secteur public qu’au privé, le coût demeure élevé pour la plupart des patientes. « Ainsi, une fois la patiente sensibilisée au diagnostic précoce, le coût dudit diagnostic, du bilan d’extension, mais aussi l’absence d’oncologue à l’intérieur du pays représente un obstacle majeur. », a déploré le Pr Adoubi.
Le Pr Adoubi ne s’arrête là. Il propose des solutions simples, mais importantes pour une meilleure formation des agents en charge de ses patientes : les sages-femmes et infirmiers pour une reconnaissance des signes semi-précoces, les médecins généralistes pour la prise en compte, la gestion de la douleur; les sciences fondamentales (anatomopathologiste, radiologues) spécialisés dans l'interprétation des mammographies; et enfin, les spécialistes cliniciens composés d’oncologues médicaux, onco-radiothérapeutes et chirurgiens dédiés.
Connaissant le sujet abordé, le Pr Adoubi souligne l’accès au financement qui demeure le fer de lance de la lutte contre le cancer. Ainsi, il souhaiterait une augmentation du financement sur la lutte contre le cancer. Toute chose qui contribuera de façon substantielle à accroître la sensibilisation autant dans les zones urbaines que rurales, en améliorant l’accessibilité aux médicaments, la recherche en cancérologie dans le contexte ivoirien pour rendre plus efficace la prévention et la prise en charge des cancers.
Il faut savoir que si La commissaire générale des JMMC, Mme Leah Muriel Guigui, s’est lancée dans cette lutte acharnée contre le cancer du sein, elle reste convaincue que ce type de cancer n’est plus une fatalité et qu’il se guérit, surtout quand il est vite diagnostiqué. C’est pourquoi elle traduit, à chaque fois que l’occasion se présente ses remerciements à tous les partenaires presse qui ont bien voulu l’accompagner dans son combat.
Quant au Pr Judith Kouko-Coulibaly, elle renchérit sur la voie de Leah Guigui, à savoir que le cancer se guérit et que cela est possible en Côte d’Ivoire. Elle lance un appel à toutes les femmes vivant avec le cancer du sein à se rapprocher du Centre National d'Oncologie Médicale et de Radiothérapie Alassane Ouattara (CNRAO) pour leur traitement. Dans ce centre, elles n’ont pas besoin d’avoir de l’argent cash, mais peuvent se faire soigner et payer par échelonnement selon leur moyen financier.
Rappelons que l’objectif des Journées de Mobilisation des Médias contre le Cancer de sein (JMMC) est de mobiliser les professionnels des médias nationaux et internationaux, les autorités politiques, les partenaires de la santé et les populations en vue d’une sensibilisation collective et continue sur le cancer du sein et surtout sur le dépistage précoce.
L'éradication donc du cancer du sein nécessite une collaboration entre le gouvernement, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les communautés locales et les partenaires internationaux. Bien que cela représente un défi de taille, avec une volonté politique et des ressources adéquates, la Côte d'Ivoire peut faire des progrès significatifs dans la lutte contre le cancer du sein.
Yolande Jakin
Image d'illustration
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