Mutilations sexuelles : ``Les femmes excisent les petites filles pour les hommes``
En France, près de 125 000 femmes ont subi une mutilation sexuelle. Si depuis 40 ans, la lutte contre ces violences faites aux petites filles a permis de mettre en place une véritable prise en charge psychologique et chirurgicale, la question reste encore taboue. État des lieux à l’occasion de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, le 6 février.
Exciser : couper tout ou partie du sexe d’une petite fille, son clitoris, ses petites lèvres. Des mots qui font froid dans le dos. "L’excision est une violence faite aux petites filles. C’est l'une des violences sexuelles les plus graves”, lance Ghada Hatem, gynécologue obstétricienne devant une salle comble de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette pratique que d’aucuns qualifient de "traditionnelle”, "religieuse” voire "obligatoire”, peine à disparaître y compris en France où elle est pourtant punie par la loi. Diaryatou Bah a été excisée à l’âge de 8 ans, en Guinée Conakry où elle vivait avant d’arriver en France.
"Ça s’est passé un matin. Une dame est venue et on m’a emmenée dans la nature. Je me suis retrouvée avec des tantes, des voisines et ma grand-mère. Deux m’ont tenu les pieds, deux autres les mains. Elles ont mis des feuilles sur mon visage. Personne ne m’a expliqué ce qui allait m’arriver”. La fondatrice de l’association "Espoirs et combats de femmes”, auteure de "On m'a volé mon enfance”, se souvient de son pagne rouge et de son cri.
"Je n’oublierai jamais le couteau, la sensation que j’ai eue quand la dame a coupé. Le cri que j’ai poussé. J’ai 37 ans et j’ai toujours cette sensation. Je savais que j’allais être excisée un jour car c’est ce qu’on faisait à toutes les petites filles, que c’était le rituel. Toutes les femmes ont subi ça dans ma famille”. S’en suit une "douleur indescriptible, trois semaines sans "pouvoir marcher”. "Il m’a fallu du temps pour comprendre. Jusqu’à l’âge de 20 ans, je pensais que toutes les femmes du monde étaient excisées”.
Un risque de mutilations accru par la pandémie et la guerre en Ukraine
Cette histoire, c’est celle de millions d’autres petites filles à travers le monde. Afrique, Moyen-Orient, Asie... 200 millions de femmes ont été victimes de mutilations sexuelles dans le monde, 125 000 en France selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié en juillet 2019. Des chiffres qui pourraient être revus à la hausse, selon les projections des Nations unies.
La faute au Covid mais aussi à la guerre en Ukraine. Un terrible effet papillon. "En Afrique, certaines exciseuses ont repris les couteaux parce que les familles n’ayant pas à manger, les écoles étant fermées, la solution était de marier leurs filles, explique Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice de la fédération nationale GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants). Au niveau mondial, on est passé d’un risque de deux millions d’enfants victimes de mutilations génitales par an, à trois ou quatre millions d’ici à 2030”...lire la suite sur france24
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