Chantale, chargée des repas à l’hôpital privé d’Antony, est décédée du Covid-19 à 44 ans
Chantale préparait les plateaux-repas pour les patients de l’hôpital privé d’Antony. Cette habitante du Bourget laisse derrière elle quatre enfants. Elle a été enterrée hier jeudi. Elle était de ceux qu'on voit moins. De ceux qu'on entend moins. Mais qui, dans l'ombre, prêtent main-forte aux soignants, en première ligne dans la lutte contre l'épidémie. Chantale, 44 ans, est décédée du Covid-19 le 23 avril dernier, après des semaines de lutte. Cette mère de quatre enfants, qu'elle élevait seule, sera enterrée, ce jeudi, au cimetière du Bourget (Seine-Saint-Denis), où elle habitait.
« Elle était jeune, elle n'avait aucun problème de santé, souffle Imelda, sa cousine, sa « sœur de cœur ». Je ne comprends toujours pas. » Chantale, que tous ses proches appellent Gina, préparait les plateaux-repas pour les patients de l'hôpital privé d'Antony. « Je suis sûre qu'elle a attrapé le virus là-bas, gronde Imelda. J'ai la rage. J'en veux à la terre entière. »
«Elle aimait bien son travail, elle se sentait utile»
En février, Chantale était sous contrat d'un mois avec une société de restauration prestataire de l'hôpital. « Elle enchaînait les contrats courts depuis un an et demi environ, explique sa cousine. Elle aimait bien son travail, elle se sentait utile. »
Le dernier s'achève fin février. Quelques jours plus tard, Chantale commence à se sentir « faible ». « Elle était fatiguée, elle toussait. Elle se plaignait de courbatures », se souvient Carnelle, une amie d'enfance qui l'appelait tous les jours. Je n'étais pas vraiment soucieuse à l'époque. Je lui disais que ça allait passer… »
Chantale finit par consulter son médecin généraliste fin mars. Il lui conseille l'hospitalisation. « Du jour au lendemain, je n'ai plus eu de nouvelles d'elle. Ce n'était pas dans ses habitudes. Je me suis inquiétée », se rappelle Carnelle.
«On a pu aller la voir avec certains de ses enfants à la fin»
La mère de famille a été admise à l'hôpital de Saint-Denis. « J'ai fini par l'avoir au téléphone après quelques jours de silence. Elle avait du mal à parler. C'était étrange de l'entendre comme ça », raconte sa témoin de mariage.
A l'hôpital, l'état de Chantale se dégrade. Elle est intubée et transférée à l'hôpital Pompidou à Paris (XVe). « Elle luttait, souffle Imelda. On avait très peu de nouvelles parce qu'ils étaient débordés à l'hôpital. C'était dur… »
Chantale finit par faire un arrêt cardiaque. Et est placée en coma artificiel. « On a pu aller la voir avec certains de ses enfants à la fin, explique Carnelle. Les médecins nous ont expliqué qu'ils allaient la débrancher, avec notre accord. Sa fille de 15 ans était là. C'était horrible… »
Le choc est immense. « J'ai eu l'impression qu'un bloc de béton me tombait sur la tête, raconte Nguiko, un cousin, son « grand frère ». On se prépare à beaucoup de catastrophes mais jamais à ça. » Celui qui a « vu naître les enfants » de Chantale ne « réalise toujours pas ».
Le père, coincé au Congo, ne peut pas venir en France à cause du confinement
Contacté, l'hôpital privé d'Antony indique « s'associer à la peine de la famille » et lui « présente toutes ses condoléances ». Les quatre enfants de Chantale, âgés de 9, 12, 15 et 20 ans, se sont réfugiés chez leur tante paternelle. « Leur père est coincé au Congo. A cause du confinement, il ne peut même pas venir en France, s'indigne Imelda. Et nous, on ne peut pas voir les enfants… Ça va être un traumatisme à vie pour eux. »
Source : leparisien.fr
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