CYNTHIA NASSARDINE, actrice : ce qu’elle ne peut pas faire
C’est l’un des nouveaux visages promoteurs du cinéma ivoirien voire africain. Depuis qu’elle s’est lancée dans le 7è art, Cynthia Nassardine scintille sous les feux des tournages. En suivant son parcours, on peut dire que la jeune actrice rend bien les rôles qu’on lui confie. Puisqu’elle a décroché le prix de ‘’Meilleure performance féminine dans une série africaine francophone » pour la série ‘’Les larmes de l’amour’’ en novembre 2019 à Abuja au Nigéria lors des ZAFAA AWARDS. A côté du cinéma, Cynthia est aussi une activiste sociale qui soutient des projets jeunes. Coup de projecteur sur une star montante !
Quoi de neuf Cynthia ?
- Hello à vous ! Rien de spécial ! J’essaie de rester zen, positive et concentrée sur mon travail et tout ce qui peut se faire en amont ou en préparation de tournage puisqu’en ce moment, nous sommes en arrêt de façon involontaire à cause de la crise sanitaire.
Justement comment as-tu passé le confinement ?
- Honnêtement, je dois dire que je suis une personne très casanière donc, la situation en elle-même n’a pas trop changé ma vie en tant que telle. L’inconfort s’est plutôt fait ressentir au niveau du travail puisque j’avais des tournages en prévision qui n’ont pas pu se faire. J’ai profité de ce temps libre pour me perfectionner. J’ai donc suivi des cours en ligne en acting car j’aime me challenger sur la qualité de mon jeu d’actrice. J’ai aussi eu le temps de travailler sur des idées de scenarii et j’ai bossé sur mes projets futurs. Cette période a été un moment de réflexion profonde et de repos puisqu’il y a longtemps que je n’avais pas pris de vacances.
As-tu subi un gros dommage professionnel ou privé pendant ce moment-là ?
- Oui ! Sur le plan professionnel, je devrais jouer dans une série dont le tournage a été reporté à janvier 2021. Côté personnel, ça va. Je me porte bien. Ma famille aussi. Dieu merci !
Abordons maintenant ta carrière. Es-tu satisfaite de ton travail ?
- Ecoutez, il est vraiment très difficile de parler de soi. Personnellement, j’ai toujours travaillé suivant un plan d’action que mes parents et moi avions établi avant que je me lance dans cette carrière d’actrice.
C’est quoi ce plan d’action ?
- Ça part de la formation à la vie professionnelle. Ça regroupe l’ensemble de ce que j’envisage de faire. Pour l’instant, je suis heureuse que les choses aillent pour le mieux. C’est vrai que je ne suis pas encore en mesure de faire tout ce que j’ai envie de faire mais je suis quelqu’un de très reconnaissant et je cultive la gratitude profonde. Je suis très heureuse de ce que j’ai pu faire et de ce que je continue de faire. En dehors de mon métier d’actrice, je suis activiste sociale. J’aide les jeunes sur certains plans. Je me suis par exemple donnée comme vocation d’aider la jeunesse dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Pourquoi cet engagement social?
- Ma propre carrière dépend des autres. La vie est un éternel cycle, un perpétuel recommencement. Le fait de donner en retour permet aussi à l’avancement des autres. Comme je l’ai signalé plus haut, d’autres personnes ont aussi contribué à mon avancement. Je ne peux pas être égoïste en bloquant la chaîne. Mon plus grand plaisir dans la vie est de gagner mais également de donner en retour.
Comment se fait de façon concrète l’aide aux jeunes ?
- De deux façons. En premier lieu, j’ai mes propres initiatives que j’ai lancées en 2019 et que je continue de structurer, à travers un cadre légal comme la création de ma propre fondation. J’avais lancé sur mes réseaux sociaux, fin 2019, un appel à projet, afin d’offrir une partie de mes cachets d’actrice à deux jeunes personnes désireuses de commencer un business. C’est ainsi que l’aventure à commencer et que j’ai eu la chance de collaborer par la même occasion, avec une grande banque panafricaine qui nous a offert des ouvertures de comptes bancaires ainsi qu’un suivi et des conseils financiers aux lauréats. Par ailleurs, depuis 2014, je suis un des membres fondateurs de la fondation ‘’Samuel Williams pour la Jeunesse’’ qui œuvre pour l’éducation et l’excellence de la jeunesse. Nous avons réussi à scolariser un minimum de 300 enfants et nous continuons de nous battre pour en faire plus. En dernier lieu, je suis ambassadrice de la Fondation internationale ‘’Young Water Solutions’’ dont le but est valoriser le leadership de la jeunesse à travers des formations en entrepreneuriat social et des financements de startups sociales d’une valeur de 5000 euros par projet (3.200.000 FCFA). C’est un grand honneur pour moi de pouvoir collaborer avec ces grandes institutions et de véhiculer un message d’excellence et de leadership aux jeunes.
Est-ce que les jeunes suivent ?
- Pour toutes les initiatives oui, bien évidemment. En ce qui concerne l’appel à projet de la fondation ‘’Young Water Solutions’’, nous avons reçu des centaines de projets sociaux axés sur le développement de solutions innovantes d'accès à l’eau potable et à l’assainissement. Seulement dix jeunes entrepreneurs, selon la pertinence de leurs projets, auront la chance de se voir offrir une formation en entrepreneuriat social et une somme de 5000 euros (soit 3.275.000 FCFA) par projet.
Revenons au cinéma. Quel prix as-tu obtenu au Nigeria en novembre dernier?
- En novembre 2019 à Abuja, lors des ZAFAA AWARDS, j’ai été primée ‘’Meilleure performance féminine dans une série africaine francophone » pour la série ‘’Les larmes de l’amour’’ dont le succès est palpable sur la chaîne A+ du bouquet Canal+
Et avant ça, quels sont les films dans lesquels tu as joué ?
- J’ai été personnage principale de deux séries lauréates aux éditions 2015 et 2019 du FESPACO : ‘’Chroniques africaines’’ et ‘’Blog’’ qui sont passées sur de grandes chaines comme la RTI, TV5Monde et BET France. J’ai aussi eu une apparition dans ‘’Bienvenue au Gondwana’’, aujourd’hui, sur Netflix France et « 40 & Single » sur Amazon Prime. J’ai aussi joué dans les séries et film Nollywood tels que ‘’Heels and Sneakers’’ et ‘’What my Wife doesn’t know ‘’sur IROKOTV et Nollywood TV. Je suis très fière de porter haut le drapeau ivoirien à mon neveu. Petit à petit, les choses prennent forme.
On l’impression que ça va vite et tout te réussit. Comment fais-tu ?
- (rires) Personnellement, je n’ai pas cette impression. Mais si vous le dites, je veux bien vous croire. Le cinéma ou l’audiovisuel de façon plus large, au-delà d'être un vrai métier pour moi, est avant tout une passion. Ce n’est pas juste une envie ou un truc que je fais pour passer le temps. Je suis organisée et je ne suis pas seule. J’ai une équipe avec laquelle je collabore en vue de structurer ma carrière. Il ne faut pas s’arrêter sur la photo d’un prix ou d’un moment mais il faut visualiser tout le film de mon parcours qui va de la formation à nos jours. C’est beaucoup d’organisation, de travail et d’investissement personnel en termes de temps et d’argent.
As-tu des rôles préférés ou es-tu ouverte à toute distribution?
- Dans le cinéma, je ne pense pas qu’il y ait un rôle qui soit spécifiquement bon ou mauvais en soi et je ne peux dire que j’ai des préférences car un jeune artiste doit rester quand même ouvert aux propositions. Néanmoins, en ce qui me concerne et qui découle de mes valeurs personnelles, la nudité totale est prohibée. Je suis formée pour le faire, je pourrai d’ailleurs très bien le faire car j’ai un très joli corps mais je préfère l’éviter. (rires)
Dans ton parcours, les rôles que tu joués sont-ils similaires ou opposés ?
- Je pense que j’ai eu beaucoup de rôles similaires. Mes rôles se ressemblent un petit peu dans la mesures ou j’incarne souvent des jeunes femmes vulnérables. J’attends de pouvoir camper d’autres types de personnages car ma curiosité artistique commence à s’ouvrir à d’autres sujets.
Où en es-tu avec ta boîte de production ?
- Ma société existe depuis 2015. Nous faisons de l’accompagnement en production audiovisuelle, de la représentation sur les festivals internationaux. La crise sanitaire, comme vous pouvez l’imagine, nous a fait mettre en suspension plusieurs déplacements sur de grands festivals tel que le festival de Cannes, de Venise et de Toronto. En dehors de mon métier d’actrice, je suis productrice exécutive ou déléguée selon les différents projets sur lesquels je collabore localement ou à l’international. C’est vrai que je ne communique pas beaucoup sur ce sujet car c’est beaucoup de travail et de concentration au quotidien mais je promets de vous ouvrir les portes de cet univers dans une prochaine interview.
Comment prépares-tu la reprise après la pandémie?
- Selon ce que j’ai pu lire dans la presse, nous allons devoir vivre avec la pandémie et préparer les tournages de film en considérant les mesures barrières à respecter. Certaines suggestions proposent que les acteurs soient mis en quarantaine collective pour éviter la contamination. Ce sera une organisation très difficile et les voyages seront très compliqués mais nous n’aurons pas le choix.
Quittons les plateaux de tournages, les salles obscures et les petits écrans pour entrer dans ta vie coquine. Quel est ton secret beauté ?
- Le beurre de karité ! Je l’utilise pour tout : mon corps et mes cheveux.
Es-tu pantalon ou jupe ?
- Pour être sincère, j’ai un coup de cœur pour les robes. Je trouve que les robes mettent bien en valeur et ressortent l’élégance féminine. En ce qui concerne les jupes et les pantalons, disons que j’ai une préférence pour les jupes longues que je trouve pratiques et élégantes. Mais les pantalons sont également très confortables pour moi pendant les tournages ou quand je fais des courses.
Es-tu pagne ou tissu moderne?
- Les deux ! Quand j’étais plus jeune, j’avais du mal à m’habiller en pagne. Je ne trouvais pas de modèles en pagne que j’aimais. En prenant de l’âge et en fréquentant un peu plus ma grand-mère au quotidien, je m’en suis inspiré et j’ai finalement trouvé un alliage parfait entre le style que j’aime et les beaux pagnes que l’on trouve aujourd’hui sur le marché. C’est un plaisir de mettre les courbes de mon métissage de femme africaine et arabe en valeur à travers le pagne. J’ai eu l’honneur de faire la couverture d’un célèbre catalogue de mode panafricain dans une magnifique robe en wax.
As-tu un genre de chaussures?
- Cela dépend des occasions. J’aime être confortable dans des chaussures plates comme des ballerines ou des mocassins au quotidien. Mais j’apprécie aussi l’élégance que me procurent les talons hauts lorsque je suis sur un tapis rouge ou une cérémonie glamour.
Quelle est la partie de ton corps que tu n’aimes pas ?
- J’adore chaque cellule de mon corps. Je trouve que je suis un miracle de Dieu et que mes parents m’ont conçue avec beaucoup d’amour. Vraiment, je n’aurais pas souhaité être ou vivre dans le corps d’une autre personne (rires).
Exemple, tu ne te dis pas que tu n’es pas assez grande?
- Quand j’étais plus jeune, j’avais un petit souci car les autres ne m’acceptaient pas en tant que fille ronde ou simplement à l’école primaire, on me traitait de mauritanienne à cause de mes cheveux bouclés. Ils préféraient les filles minces ou les cheveux défrisés parce que c’était plus à la mode. Dans les clips-vidéos américains et dans les catalogues, on ne montrait que des stéréotypes de beautés préfabriquées. Je ne voyais personne qui me ressemblait à la télévision et j’avais mal de ne pas pouvoir m’identifier. J’ai tout fait pour que je sois dans ces magazines pour que les jeunes filles qui me ressemblent, puissent aussi voir quelqu’un comme elles et se dire qu’elles sont magnifiques. Aujourd’hui, je reçois des mails de femmes qui me disent : ‘’Cynthia, merci d’être comme tu es car grâce à toi, je n’ai plus honte de mon corps. Mon mari est heureux de me voir à la maison en robe et je me sens dans ma peau’’… Ça fait plaisir. .
Qui es-tu dans le privé ?
- Je suis une femme très passionnée, enjouée qui adore la vie. Je vis la vie comme une expérience unique. Car, c’est un cadeau divin. Je suis aussi très vraie et je ne cache pas ce que je pense. Mon père m’a transmis l’amour de la nature et des animaux. J’aime bien aller au village. Etre à la plantation familiale me procure un pur bonheur. Ça me permet de passer du temps seule à méditer. Il est parfois bon de se couper du monde pour pouvoir se ressourcer.
Es-tu fiancée ou mariée ?
- Je suis célibataire, je n’ai pas encore rencontré mon futur époux.
Quel est ton genre d’homme ?
- Je ne peux pas parler de genre à vrai dire, mais j’ai besoin d’être stimuler intellectuellement et d’avoir des conversations profondes et enrichissantes. Je suis issue d‘une part, de familles Akan, nobles et catholiques et d’autre part, d’une grande famille libanaise musulmane. J’ai reçu des éducations basées sur le travail, le respect des autres, l’amour et l’intégration. Ainsi souhaiterais-je que l’homme de ma vie puisse venir avec un lot de bonnes valeurs et mœurs. J’ai un faible pour les hommes qui motivent et tirent les autres vers le haut.
Aymann Nourra Omar
Collaborateur
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