Danielle Kréa /Créatrice de mode : ``Le prêt-à-porter est l’avenir de la mode``
A quelques encablures de la mairie de Yopougon à Abidjan, se trouve la Maison de couture Danielle Kréa. Sa promotrice est la couturière Danielle Moya Kouassi. A côté de la couture qui est son activité principale, Danielle Kréa est aussi présidente du comité Awoulaba de la région de l’Ifou (Daoukro), chanteuse et décoratrice. Après deux mois de fermeture à cause de la crise du coronavirus, l’atelier Danielle Kréa a repris son train-train quotidien depuis que la mesure étatique a été levée. En attendant de tourner à plein régime, la créatrice s’est prêtée aux questions d’afriquefemme.com.
Bonjour Danielle Kréa ! Comment interprétez-vous la situation de crise sanitaire actuelle ?
Ce qui se passe est un signe de Dieu pour que les hommes puissent se remettre en question. Dieu passe par des signes pour nous prévenir. Malheureusement, les humains ne voient que ce qu’ils veulent voir. Dieu nous parle !
Pour nous dire quoi ?
Il nous dit qu’il faut qu’on se ressaisisse. Car, le monde d’aujourd’hui est devenu autre chose.
Comment avez-vous vécu les mois de fermeture de votre atelier de couture ?
Ça n’a pas été facile. Je venais de temps en temps travailler. J’avais libéré les enfants (pour ne pas dire les employés car chez moi, nous formons une famille. Je me soucie de leur bien-être comme du mien). On n’a pas travaillé les deux premières semaines. Et après, on bossait en effectif réduit un jour sur deux pour terminer les commandes qu’on avait et aussi répondre à des rendez-vous. C’est comme ça qu’on a fonctionné jusqu’à la reprise.
Juste pour terminer ce que vous avez commencez ?
Je dois dire que tout était au ralenti. Il n’y avait plus de clientes. Comme j’avais assez de temps, on s’est alors mis à fabriquer des cache-nez. On en a offert à la mairie de Yopougon et j’en vends d’autres.
Pourquoi avoir choisi les cache-nez ?
Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour contribuer à la lutte contre la propagation du virus. J’ai choisi de faire des cache-nez pour faire un don. C’était l’urgence du moment.
Quel pire moment avez-vous connu pendant l’arrêt de vos activités?
En fait, j’ai un principe. Je me dis que tout ce qu’on vit, passe. Même si on souffre, c’est un passage. J’ai compris que la santé est très importante. Ce qu’on peut souhaiter à quelqu’un qu’on aime, c’est la santé. Quand on n’as pas la santé, on ne peut pas avancer. Je n’ai pas connu un pire moment en tant que tel. Seulement, j’essayais de tout faire pour ne pas tomber malade.
Et quand les autorités ont autorisé la reprise des activités, quelle a été votre réaction ?
Ça a été d’abord pour moi un soulagement. Il faut dire que malgré qu’on ne travaillait pas, les charges sont là. Même aujourd’hui, les clientes ne se bousculent pas encore dans nos ateliers et show-rooms car tout le monde a été affecté à tous les niveaux par cette crise sanitaire. Après, j’ai dit merci à Dieu car Il m’a préservé de tout ça. Il a permis que je reste en vie.
Si on venait vous dire que c’est fini, qu’on a trouvé un remède contre le virus…
Alléluia ! Je serai très contente. Cette nouvelle maladie s’attaque à tout le monde à tous les niveaux. Vous avez été Awoulaba Bouaké et 2è Saraman sur le plan national en 2002.
Etes-vous présidente du comité Awoulaba d’une région ?
Depuis trois ans, je suis présidente du comité de la région de l’Ifou avec pour chef-lieu, Daoukro.
Vous collaborez aussi à Miss Côte d’Ivoire…
C’est une longue histoire. En 2000, j’ai collaboré avec le comité régional de la région de Gbêkê (Bouaké) aux côtés du président local Mockey et on a fait du chemin ensemble et puis, il y a eu la guerre. Après, mon président et moi, on s’est retrouvé au comité de Dimbokro puis de Daoukro. A Daoukro, j’étais sa vice-présidente puis sa chaperonne. Parallèlement, je confectionnais les tenues des candidates de Daoukro et de Dimbokro. Cette année, j’ai eu la grâce d’être cooptée par le président du comité national Miss Côte d’Ivoire (COMICI), Victor Yapobi pour habiller les candidates des présélections de plusieurs régions.
Directrice de la maison Danielle Kréa, présidente régionale Awoulaba, habilleuse des présélections Miss CI et chanteuse. Comment arrivez-vous à gérer tout ça ?
Il faut aimer vraiment la chose. Avant la covid-19, pratiquement tous les week-ends, je suis partie. Ma présélection d’Awoulaba devrait avoir lieu en mai. A côté, je recevais deux semaines avant chaque présélection de Miss Côte d’ivoire, les tenues des candidates. J’avais le temps de faire la créa et je lance la production. En tant que présidente du comité d’Awoulaba d’Ifou, je n’ai pas à aller dans les autres régions. Je prépare ma présélection avec la recherche des sponsors et autres partenaires. En semaine, on finit les tenues des candidates de Miss CI et en week-end, je vais suivre la présélection. L’atelier fonctionne à plein temps avec la section prêt-à-porter et la section sur mesure. Je gère aussi les rendez-vous et les essayages. Je m’organise à ce que tout se passe bien.
Et vous êtes aussi chanteuse ?
Tout à fait. Quand j’ai une date de spectacle, je l’honore et puis, c’est tout. Je m’arrange à ce que les dates ne se chevauchent pas. Bientôt, je reprends la route des studios d’enregistrement avec David Tayorault, Honoré Kacou et Bébi Philip. J’ai commencé la musique toute jeune à l’orchestre du diocèse de Man. A nos heures creuses, on répétait. On a participé à Vacances Cultures et on a été lauréats deux fois et 2è, la 3è fois. C’est là-bas que j’ai connu David Tayorault.
C’est quoi la spécialité de la maison Danielle Kréa ?
Je couds plus pour les femmes en chair. C’est exclusivement sur commande que je fais des tenues hommes. A tous mes défilés, je présente les femmes rondes. Je me bats pour les femmes qui disent ‘’je suis grosse’’, ‘’je suis ceci ou cela’’, ‘’j’ai du ventre’’…. C’est vrai qu’on ne peut pas dire à une dame de grossir. Quand on est grosse, il faut tout faire pour rester toujours belle. Je veux aider mes sœurs qui disent qu’elles sont rondes à s’accepter. Etre en chair est le prototype de la femme africaine. J’habille ces femmes-là en tenues de soirée, de sortie, robes de mariée et tenues traditionnelles. Et je travaille beaucoup avec les pagnes tissés que j’associe à des matières d’ailleurs, notamment occidental et asiatique.
Vous vous en sortez ?
(Rires) En tout cas, depuis des années, je ne vis que de couture. Ça va. Avec la crise sanitaire actuelle, c’est un peu difficile mais on tient. J’espère que quand la crise va passer, ça va redémarrer. Et qu’on pourra reprendre la vie d’avant.
Miss Côte d’Ivoire 2020 sera-t-il annulée ?
Je n’en sais rien. C’est vrai qu’on était déjà avancé dans les présélections avant le confinement. Abidjan reste encore coupé du reste du pays. dans tous les cas de figures, la décision finale pour Miss CI 2020 viendra du comité central ou du président Victor Yapobi lui-même.
Quel est le projet immédiat de Danielle Kréa ?
On s’oriente de plus en plus vers le prêt-à-porter qui est l’avenir de notre mode. Pendant les foires, forums et expositions, on vend bien avec le prêt-à-porter.
Il se raconte que vous préparez un évènement de mode ?
Ah !!! Bon, oui, c’est le défilé de la maison Danielle Kréa que nous préparons. S’il n’y avait pas eu cette crise sanitaire, il devrait se passer pendant ce mois de mai. Dommage que tout est remis à plus tard et je suis en train de voir une nouvelle date pour pouvoir réaliser cet évènement. Je veux faire quelque chose de propre et bien. Alors, je ne veux pas me précipiter. Je vais à mon rythme.
Pourriez-vous abandonner un jour la couture?
La couture est toute ma vie. Elle m’a permis de rencontrer beaucoup de gens, de rentrer dans certains milieux. J’en suis très fière. J’aime mon métier et je n’envie personne.
Aymann Nourra Omar
Collaborateur
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