Shudu Gram, la fausse top model noire qui crée un tollé
Depuis qu'elle a été soutenue par la marque de Rihanna, cette création numérique est sous le feu des critiques.
Chacune de ses photos attire plusieurs milliers de "likes" sur Instagram. Le nombre de ses abonnés avoisine bientôt les 45.000 et ne cesse de grimper depuis un an. Pourtant, Shudu Gram n'est pas réelle. Cette mannequin noire est une création numérique. Et depuis qu'elle a été soutenu par Fenty, la marque de Rihanna, elle est vivement critiquée sur les réseaux sociaux.
La raison? Le monde de la mode souffre déjà d'un sérieux manque de diversité. Pourquoi ne pas embaucher de vraies mannequins noires à la place? Même si certains internautes applaudissent le réalisme de cette création numérique, la plupart d'entre eux sont furieux. Notamment depuis le partage de l'une des photos de la fausse top modèle par la marque de cosmétiques de Rihanna, le 9 février. "Vous pensez vraiment qu'il n'existe pas de femme noire comme elle", peut-on lire dans les commentaires.
Interrogé par Harper's Bazaar, son créateur, le photographe et artiste numérique londonien Cameron-James Wilson, avait justifié son travail comme étant né de son imagination. "Au fond, Shudu est ma création. C'est l'œuvre d'art sur laquelle je travaille en ce moment", explique-t-il. D'après lui, sa création s'inspire de toutes les mannequins à la peau foncée qu'il estime en plus grand nombre sur les podiums, aujourd'hui. Il va même au-delà: "Elle les représente".
Mais sur Twitter, les utilisateurs dénoncent non seulement sa récupération par les marques mais aussi le manque de bon sens de la part de son "géniteur". "Un photographe blanc a trouvé le moyen de tirer profit des femmes noires sans jamais avoir à en payer une. Maintenant, sil-vous-plaît, expliquez-moi en quoi notre système économique n'est nullement basé et sérieusement tributaire du racisme et de la misogynie."
"Les modèles noires, en particulier celles qui ont la peau foncée, ne sont pas une mode. Nous devrions être la norme. D'accord, même si Shudu est une belle création numérique, j'espère qu'il photographie de vraies mannequins noires et qu'il les paye en conséquence." "Ceci est problématique. Au lieu d'embaucher une mannequin noire, ce photographe en a créé une. Est-ce que c'est si difficile que ça de payer une femme noire? Ça montre à quel point aussi les peaux noires sont toujours aussi exotiques aux yeux des médias."
Dans les commentaires d'une courte vidéo pour la marque Oscar de la Renta et partagée sur le compte Instagram de Shudu Gram ce mercredi 28 février, Cameron-James Wilson répond aux critiques: "Je travaille avec des mannequins noirs. Mais sur mon temps libre, je peux bosser sur mon projet avec Shudu, se défend le photographe. J'ai le droit de m'asseoir et de faire quelque chose de beau sans forcément prendre de photos." Il assure également qu'il n'en tire aucun profit.
La polémique soulevée par cette fausse mannequin n'est pas anodine. L'absence de diversité dans le milieu du mannequinat est régulièrement pointé du doigt. Au mois de février 2016, la mannequin Leomie Anderson avait profité de la Fashion Week pour évoquer l'incompétence de certains maquilleurs et coiffeurs face à ses cheveux et sa peau noire. Elle avait expliqué sur Twitter avoir dû prêter son fond de teint à l'une des personnes présentes sur place pour la maquiller.
En décembre de la même année, la blogueuse et mannequin noire libanaise Deddeh Howard avait recréé des publicités célèbres pour dénoncer l'absence de femmes noires. On la voit prendre la même pose que Kendall Jenner, Gisele Bündchen et d'autres top modèles blanches. Naomi Campbell, qui se bat pour plus de représentativité des femmes à la peau foncée dans le monde de la mode, avait, elle, notamment épinglé l'équipe de l'édition britannique de Vogue, essentiellement composée de personnes blanches.
Source: huffingtonpost.fr
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