Quand le foulard s'allie à la mode occidentale
Le port du voile n'échappe pas aux effets de la mode. De nos jours, les jeunes femmes voilées ont tendance de plus en plus à porter un hijab puisé de deux cultures. L'une musulmane, avec un voile cachant les cheveux et l'autre occidentale, avec des vêtements «sexy».
Plusieurs jeunes filles ont choisi de porter le voile, sans pour autant renoncer à jouer la coquette. Comment cela peut être possible ? La question est très simple. Il leur suffit de mettre sur la tête une petite pièce de toile qui laisse paraître les cheveux, mettre généreusement du maquillage et porter un jean serré. Un voile light et moderne, une sorte de mélange entre l’authenticité et la modernité. Porter un foulard et pour le reste du corps s’habiller à l’occidentale, associer son hijab à des vêtements plutôt « sexy ». Elles sont désormais nombreuses à s’habiller de la sorte et à défiler dans la rue en attirant les regards des passants. Cette mode ne cesse de prendre de l’ampleur. Si le Niqab (le voile qui ne fait montrer que les yeux), le Sadl (qui cache carrément tout le corps), le Khimar (un voile large qui s’étend sur les épaules et la poitrine et laisse montrer le visage) ou le voile simple, sont connus depuis longtemps des théologiens, le voile light commence lui aussi à faire son entrée sur la scène vestimentaire. Le sujet ne manque pas d’ailleurs de faire l’objet d’une polémique. Ainsi, entre ceux qui affirment qu’il s’agit d’une liberté individuelle, et ceux qui pensent qu’il s’agit plutôt d’une hypocrisie ni plus ni moins, les avis divergent. «Il ne sert à rien de cacher ses cheveux tout en exhibant sa silhouette dans des pantalons serrés», se demande Hamza, un jeune casablancais. Pour ce jeune homme, le débat est loin de se cantonner à des constats qui se rapportent au fait de savoir si le hijab est obligatoire en Islam, mais il s’agit plutôt de question d’éthique. «A chaque fois que j’observe une fille qui porte un voile d’une manière incorrecte, je me demande que signifie finalement pour une femme porter un voile?», ajoute-t-il. Pour d’autres, la question est encore plus grave et il vaut mieux de ne pas porter carrément le voile que de le porter d’une façon qui viole son caractère sacré.
«Je trouve que c’est une atteinte aux préceptes de l’Islam, encore plus grave que de ne pas porter le voile. Une hypocrisie tolérée à grande échelle. Je n’oublierai jamais un jour quand un vieux monsieur m’avait accosté dans une rue à Tanger pour me faire la morale et m’expliquer que le port du hijab est indispensable me donnant l’exemple de sa fille. Celle-ci portait un Slim super serré avec une chemise courte à la taille et un voile transparent qui laissait généreusement apparaître une mèche blonde bien coiffée en frange. Franchement ridicule!», a philosophé Nadia, une jeune Casablancaise. Cela étant, il y en a d’autres qui s’opposent catégoriquement à cette vision des choses. Hamza estime que le port du voile «light» est une chose très positive car il s’agit pour lui d’une première étape vers un engagement plus mûr. «Je pense que le hijab light n’est souvent qu’une première étape. Ensuite, on passe au hijab un peu plus correct. On ne peut inculquer à une fille les préceptes de l’Islam d’un seul trait. C’est normal, les choses devant évoluer graduellement. Et quoi qu’il en soit, je remarque qu’il y a de plus en plus de Musulmanes voilées, fashion ou pas, et c’est plutôt bon signe», souligne-t-il. Driss n’est pas le seul à avoir cette position. Aicha affirme, elle aussi, que le port du voile n’exclut pas de s’habiller moderne. «Je ne comprends pas pourquoi on ne cesse d’émettre des jugements sur une personne qui a choisi de s’habiller d’une façon moderne tout en portant le voile. Chacun a le droit de s’habiller comme il veut. Le principal est de porter un voile, peu importe comment», a-t-elle noté. Mais au-delà des positions et des contre positions, d’autres estiment que ce qui fait l’expansion de cette méthode d’habillement c’est que certaines filles se voient obligées par leur famille de porter un voile. Dans ce cas, ce choix vestimentaire ne s’accompagne pas forcément d’une bonne connaissance de la religion. Les chaînes satellitaires arabes ne sont pas en reste. Leur influence est remarquable sur tous les plans. En fait, certains prédicateurs dits modérés ou modernistes, ne cessent de prôner ce type de hijab dans des chaînes dites islamiques.
Le prédicateur Abdelbari Zemzmi, a fermement dénoncé cette manière de s’habiller. «Le voile tel qu’il est édicté par l’islam doit dissimuler la beauté de la femme. Si le voile porté par une femme met en relief sa beauté, il nécessite lui-même dans ce cas un autre voile. Celles qui portent un voile, que certains qualifient de light, essayent en réalité de contourner les préceptes de l’Islam», explique M. Zemzmi. «Le voile en Islam et plus précisément à la marocaine doit être accompagné par le port de vêtements larges et non pas serré. Des vêtements qui ne mettent surtout pas en relief les détails du corps. C’est-à-dire généralement une djellaba ou une robe large avec un voile», a-t-il ajouté. Pour ce prédicateur, toute fille qui n’observe pas cette règle est taxée de «motabarrija» (immorale). Que l’on soit pour ou contre ce phénomène vestimentaire, force est de constater que selon les préceptes de l’Islam, nul n’est en mesure de porter un jugement sur la foi d’une personne. Et comme le dit l’adage : «Les apparences peuvent être trompeuses», ou encore «L’habit ne fait pas le moine», nous dirons aussi que «le voile ne fait pas la pieuse».
Source : aujourdhui.ma
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