Divorce : comment l`annoncer à ses enfants
DILEMME - Quand on se sépare ou qu'on divorce, il n'est jamais simple de l'annoncer à ses enfants. Il y aura toujours des larmes, de la colère ou de l’incompréhension. Il existe pourtant quelques règles toutes simples qui peuvent permettre d’atténuer le choc.
Vous avez pris la décision de vous séparer ou de divorcer et vous ne savez pas comment l’annoncer à vos enfants ? Ne soyez pas angoissé, il existe des solutions pour aborder le sujet en bonne intelligence. LCI a interrogé Béatrice Copper-Royer, psychologue spécialisée dans l'enfance et l'adolescence, et Elodie Cingal, psychothérapeute, spécialiste des problématiques liées aux séparations et divorces. Voici leurs six conseils pour trouver la bonne attitude et les mots justes.
1- Ne parler que des choses sûres
Un enfant pensera toujours que ses parents s'aimeront "pour la vie". Aussi, en une fraction de seconde, il va perdre toutes ses illusions. Alors mieux vaut soigner votre annonce. Elle sera déterminante dans ses réactions et son attitude. "Avant de réunir ses enfants, mieux vaut avoir négocié les modalités de la séparation avec l’autre parent, conseille Elodie Cingal. On n’arrive pas les mains dans les poches, sans savoir ce qu’on va dire, car vos enfants vont vous poser des questions. Alors même si on n’est pas obligé d’avoir toutes les réponses tout de suite, il faudra quand même leur en donner un minimum."
Et puis toujours parler de choses certaines avec les enfants, renchérit Béatrice Copper-Royer. On parle de séparation quand elle est vraiment actée. Si possible quand les parents savent comment ça va se passer. Les enfants adorent les choses sûres, pas les éventualités. Donc surtout, ne pas faire d’annonce tant qu’on est dans des hypothèses."
2- L'annoncer ensemble
"Dans la mesure du possible, il faut que les deux parents l’annoncent ensemble en étant prêts à maîtriser leurs émotions parce que ce n’est pas une annonce très agréable", décrypte Béatrice Copper-Royer. Même constat pour Elodie Cingal : "La règle de base, c’est les deux parents ensemble. Peu importe que ce soit papa ou maman qui prenne la parole. C’est un détail. Ce n’est pas celui qui annonce qui sera forcément le méchant. Ce qui est important c’est d’avoir un discours de solidarité en disant ce n’est pas de la faute de papa ou maman. On n’est pas là pour jeter la faute sur son conjoint. Le seul motif que les enfants comprennent c’est : 'on ne s’aime plus'."
3- Choisir les bons mots selon l'âge
Il s'agit d'une conversation importante, alors attention aux mots que vous allez employer. Bien sûr, pas question de leur mentir en leur racontant que papa part en voyage : ils ne seront pas dupes. Seule alternative : être sincère. Vous pouvez leur dire que vous ne vous entendez plus, ou même que vous ne vous aimez plus, si c'est la vérité. "Il faut tout de même veiller à bien adapter son vocabulaire en fonction de l'âge de ses enfants", alerte Elodie Cingal.
"Ainsi, les petits de 3 ans ne peuvent pas comprendre la phrase 'on ne s’aime plus' alors il faut leur expliquer en leur disant que papa et maman ne se font plus de bisous, ne se tiennent plus la main, ne dorment plus ensemble et que c'est pour ça qu'ils se séparent. Pour les plus jeunes, il faut être très basique et très factuel sur la notion d’amour. En revanche ne pas dire : 'on s’aime bien mais on ne s’aime plus'. Des mots incompréhensibles à l'âge de 12 ans, alors imaginez à 3 ans, c’est encore plus compliqué !".
"Pour les adolescents, c'est presque plus simple parce qu'ils sont très égocentrés donc ils sont souvent plus indifférents, note Béatrice Copper-Royer. Ce qui les importe, c’est leurs copains. Leurs parents ne sont plus trop au centre de leur univers affectif."
A noter également que "les raisons profondes de l'échec du couple ne concernent pas vos enfants", précise la thérapeute. "Plus vous leur direz de choses, plus vous les mettrez en situation de prendre parti, de juger. Et ce n'est pas leur rôle. Ils ont le droit de continuer à aimer leurs deux parents comme avant, sans arrière-pensées."
4- Ne jamais banaliser
"C’est assez courant et ce n’est pas une bonne chose de banaliser la situation à outrance", met en garde Béatrice Copper-Royer. "Par exemple quand les parents sont relativement d’accord sur la séparation et disent : 'c’est pas grave, tout le monde est content'. Du coup les enfants ne savent plus quoi penser alors que ce n’est jamais banal à titre individuel. Cela donne l’impression qu’on veut museler leurs émotions. Car, à force de leur dire que ce n’est rien du tout, que leur autorise-t-on à penser ? L'enfant va se dire : 'si tout le monde est content et bien je suis obligé d’être content'. Alors qu’en réalité ce n’est pas ça. Je pense qu’il n’y a aucun enfant qui prend ça à la légère sauf peut-être si c’est l’enfer au quotidien", poursuit la thérapeute.
"Sachez par ailleurs que c'est un peu obsolète aujourd'hui de penser que les enfants vont culpabiliser, annonce Elodie Cingal. On peut leur dire, au cas où, que bien évidemment ce n’est pas de leur faute. Mais maintenant pour la plupart des enfants la réaction ça va être : 'C’est comme mon copain, ses parents aussi ont divorcé'. Ca s’arrête là."
5- Ne pas s'éterniser
"Quel que soit l'âge des enfants, ce que vous avez à leur dire ne doit pas durer plus de cinq minutes, lance Elodie Cingal. Les ados quand on les convoque, ils ont déjà compris. Quant aux tout-petits, ils vont subir le choc, mais ils ont un temps de concentration très court, donc ils voudront très vite aller jouer pour gérer leurs émotions. Et si on est d’accord pour la résidence alternée, il faut le dire tout de suite. On peut le formuler ainsi : 'on ne sait pas encore comment, ni où, mais vous aurez deux maisons à temps égal, ou un peu plus chez papa ou chez maman'", explique la psychothérapeute. "Car finalement, la seule chose qui intéresse les enfants, c’est comment leur vie va s’articuler autour de cette séparation. S'ils vont changer d’école, ou de copains", ajoute Béatrice Copper-Royer.
6- Eviter les lieux publics
Enfin, ne cherchez pas à créer une mise en scène en allant dans un restaurant ou dans tout autre lieu public, disent en choeur nos deux thérapeutes. "Le mieux c’est à la maison car l’enfant sait où s’échapper pour aller jouer et évacuer son stress", ajoutent-elles.
Articles similaires
A Voir aussi
Recette
Agenda
Newsletter
Abonnez vous à la newsletter pour recevoir nos articles en exclusivité. C'est gratuit!
Commentaires