Il ne veut pas s’engager avec moi : que faire ?
Certaines personnes fuient tous les projets à deux, donnant à penser à l’autre que ses sentiments ne sont pas partagés. Comment savoir s’il/elle a une vraie peur ou s’il/elle se moque de vous ? Caroline Kruse, conseillère conjugale et familiale, nous éclaire.
Pour certaines personnes, aimer et donner toutes les preuves concrètes qui vont avec est une véritable source d’angoisse. Elles repoussent, voire fuient tous les projets à deux, donnant à penser à l’autre que ses sentiments ne sont pas partagés. En réalité, c’est avant tout d’elles-mêmes qu’elles doutent ! Caroline Cruse, conseillère conjugale et familiale*, nous éclaire et propose des pistes pour avancer ensemble.
Habiter sous le même toit, se marier, avoir un enfant… Toutes ces décisions forment une suite logique, importante pour l’avenir du couple. Pour certaines personnes, elles ne sont pourtant pas si évidentes à prendre. Aurélie, 38 ans, a longtemps expérimenté cette indécision. En couple depuis six ans, elle s’est aperçue au fil du temps qu’elle avait affaire à un véritable phobique de l’engagement. "C’est trop tôt", "Je ne suis pas prêt", "Tu vas trop vite pour moi", "On n’a pas le même rythme de vie"… il invoquait toutes sortes de prétextes pour ne pas me donner ce à quoi j’aspirais. Au début, même passer tous les week-ends ensemble ou partir en vacances à deux lui posait problème !, soupire-t-elle. C’était très difficile à supporter car j’avais une vision plutôt fusionnelle du couple. Pour le garder, j’étais obligée en permanence de réfléchir à ne pas le brusquer. Toutes les décisions nous engageant à deux devaient être prises par lui. S’il avait l’impression que je lui imposais un choix de couple, il se braquait". S’engager. Envers l’autre, mais aussi envers soi. Le mot fait peur, indéniablement. "Il y a dans cette notion une idée de contrainte et donc, une connotation négative. On se sent lié, voire piégé, reconnaît Caroline Kruse, conseillère conjugale et familiale. C’est très ambivalent car on abdique effectivement une partie de sa liberté mais pour mieux gagner par la suite en sécurité, pourvu que l’on se fasse confiance l’un l’autre".
"Je me disais qu’il ne m’aimait pas assez pour avancer avec moi"
Alors que craint-on au juste en formulant des projets communs ? "On a peur de perdre l’autonomie conquise depuis qu’on a quitté ses parents. Parfois, cela traduit aussi la peur de ne pas être à la hauteur de la demande de l’autre", poursuit la thérapeute. Cette peur, qui peut muer en phobie pour certains, s’explique le plus souvent par une blessure d’enfance. "Peut-être a-t-on été trop limité, trop bridé dans sa liberté et on cherche à s’émanciper de ce carcan par la suite. On peut aussi avoir vécu aux côtés de parents qui se déchiraient et qui n’ont pas permis de construire un modèle de couple sécurisant", avance Caroline Kruse. Sans ces repères, il est difficile, adulte, de porter naturellement de la confiance dans la notion d’engagement.
La différence d’âge dans le couple ou de religion peut aussi accentuer cette peur. Les obstacles paraissent si nombreux à surmonter qu’il est plus facile de fuir que de s’y risquer ! Difficile cependant de faire la différence entre une personne qui ne souhaite simplement pas aller plus loin avec nous et un phobique de l’engagement.
Dans tous les cas, les raisons invoquées sont douloureuses à entendre et à accepter, d’autant plus quand elles réveillent des expériences passées de non-engagement ou d’abandon. "C’était frustrant, mais aussi blessant, confie Aurélie. Je me disais qu’il ne m’aimait pas assez pour avancer avec moi. Plus il campait sur ses positions, plus notre relation me paraissait fragile".
Vraie peur ou manque de sérieux : faire la différence
Pourtant, Caroline Kruse l’affirme : la crainte de s’engager ne doit pas être nécessairement interprétée comme une preuve de non-amour, bien au contraire. "Elle trahit souvent un grand manque de confiance en soi, souligne la thérapeute. Face à un risque qu’elle considère comme énorme, la personne se replie sur elle-même et se dit qu’elle ne va pas être capable d’y arriver. Très curieusement, cela rejoint la peur de son partenaire qui, craignant de ne pas aimé, attend un signe d’engagement pour être rassuré. Au fond, ces deux craintes, la peur de l’engagement et la peur de l’abandon, sont les deux facettes d’un même manque de confiance en soi".
Il esquive la conversation et saisit tous les prétextes pour prendre la poudre d’escampette ? Il y a peu de chances que vous ayez la même vision d’avenir pour votre couple… A l’inverse, votre conjoint reconnaît ce problème d’engagement mais continue d’affirmer ses sentiments pour vous ? Alors, vous détenez la preuve de son sérieux et avez des raisons d’espérer qu’il puisse un jour évoluer. Dans ce cas, essayez d’en parler posément ensemble. Questionnez-le pour mieux comprendre ses raisons, sans le juger. Y a-t-il, dans son passé, des expériences qui l’ont marqué ? Se sent-il mal à l’aise chez vous, marchant dans l’ombre dans un précédent conjoint que vous avez aimé ? Comment envisage-t-il l’avenir de votre relation ? …suite de l'article sur doctissimo
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