C’est quoi la délivrance après l'accouchement ?
Après la naissance d’un bébé, une étape importante subsiste : l'expulsion du placenta qui désormais n’a plus de fonction. Un moment essentiel que nous explique Chantal Birman, sage-femme.
Votre bébé vient de naître, vous êtes au comble du bonheur, mais l’accouchement n’est pas terminé ! Il reste la délivrance : l’expulsion du placenta.Ce moment est délicat : la sage-femme accompagne les parents dans l’accueil de leur tout-petit tout en restant hypervigilante auprès de la mère. La délivrance est en effet à surveiller de près au cas, notamment, où une hémorragie surviendrait.
Bienvenue au bébé
Durant les cinq premières minutes qui suivent la naissance, il ne se passe en général rien du côté de la maman. La sage-femme se consacre entièrement au bébé, vérifie que tout va bien et le pose sur ventre dont il vient de sortir pour les premiers câlins.
Puis la mère commence à saigner… rien d’anormal. C’est le «lac sanguin» qui s’écoule. Pendant la grossesse, cette réserve de sang était située entre le placenta et la paroi de l’utérus : c’est là que s’effectuaient les échanges entre le sang du bébé et celui de sa maman. Avec une poche en plastique, la sage-femme recueille cet écoulement : des graduations permettent de vérifier que la quantité n’est pas trop abondante. A l’œil nu, c’est trop difficile à évaluer.
Ça y est, le placenta est sorti !
Le «lac sanguin» met entre cinq et dix minutes pour s’écouler. Quand cette étape est terminée, c’est le signe que le placenta est entièrement décollé et qu’il va pouvoir sortir. Pour la maman, c’est le moment de pousser légèrement pour faciliter l’expulsion. De son côté, la sage-femme oriente le placenta en exerçant une légère tension sur le cordon ombilical. Mais attention, sans jamais tirer : cela pourrait déclencher une hémorragie, pour peu que le placenta ne soit pas complètement décollé sur toute sa surface. Ça y est, le placenta est là ! Il a la forme d’une galette.
Examen minutieux
Pour la sage-femme, pas une minute à perdre : elle étale sur une table ce gros gâteau spongieux d’environ 500 g, 20 cm de diamètre et 3 cm d’épaisseur. Et l’examine sous toutes les coutures, en commençant par la face maternelle du placenta, celle qui était contre l’utérus. Elle vérifie aussi qu’il n’y a pas de petit trou : cela signifierait qu’un morceau de placenta a pu rester dans l’utérus. Puis le placenta est retourné. Cette fois, c’est la face fœtale qui est observée, celle sur laquelle sont accrochées les membranes translucides qui enveloppaient le bébé. D’abord, la sage-femme s’assure qu’elles sont complètes. Ensuite, en orientant ces membranes vers la lumière, elle doit vérifier par transparence qu’aucun vaisseau ne court à leur surface. Si c’était le cas, ce serait le signe de l’existence d’un cotylédon aberrant : un morceau de placenta qui n’était pas inséré sur la galette et qui était alimenté par ce fameux vaisseau. Le cotylédon aberrant, lui, serait resté à l’intérieur de l’utérus. La sage-femme cherche aussi à repérer le petit côté et le grand côté des membranes : quand le petit côté est inférieur à 10 cm, c’est souvent le signe que le placenta était implanté bas. Si la maman a eu des saignements pendant sa grossesse, cela peut être une explication.
Commentaires en direct
Au fur et à mesure de l’examen du placenta, la sage-femme commente à haute voix pour les parents. Il est important, pour une maman qui a connu certains incidents de parcours pendant sa grossesse, comme des saignements, d’avoir des explications, de pouvoir mettre des mots sur ce qu’elle a vécu.
On propose à celles qui le souhaitent de leur montrer le placenta de plus près : après tout, cet organe a appartenu à leur bébé ! Certains papas sont également intéressés. Les parents peuvent observer tout le réseau des vaisseaux sanguins, qui fait penser à un tronc d’olivier avec toutes ses branches. L’arbre de vie, comme disent les sages-femmes danoises, qui en ont fait leur symbole !
Révision au programme
Lors de l’examen du placenta, la sage femme constate parfois qu’un morceau manque. Il faut alors qu’elle aillele chercher à l’intérieur : s’il est laissé sur place. Ce petit débris peut entraîner une infection grave de l’utérus.
Ce geste s’appelle une «révision utérine». Toutes les précautions d’asepsie ayant été prises, la sage femme va chercher manuellement l’élément manquant du placenta. Cet acte s’effectue sous péridurale si elle est encore opérationnelle, ou sous une légère anesthésie générale. Pendant une révision utérine sous péridurale, la maman est sans cesse accompagnée et rassurée.
Mauvaise surprise
Parfois, les choses se compliquent : la maman saigne anormalement. La sage-femme s’en rend compte au moment de l’écoulement du lac sanguin : la quantité de sang est trop importante. La plupart du temps, cet événement est dû à un utérus qui ne se contracte pas suffisamment. Or, si ce muscle ne se contracte pas, les artères utérines restent en permanence ouvertes et continuent à pulser du sang. Il faut agir en urgence !
Dans ce cas, le médecin pratique une délivrance artificielle en allant décoller le placenta à la main et en le retirant. Puis immédiatement, des contractants utérins très puissants sont injectés à la maman. Si cela ne suffit pas, il faut fermer les artères qui irriguent l’utérus, soit par voie chirurgicale, soit par injection de substances capables de boucher temporairement les vaisseaux (on parle alors d’embolisation). En ultime recours, il est parfois nécessaire d’ôter l’utérus. Mais heureusement, ces complications ne sont pas courantes.
Que devient le placenta ?
Après neuf mois de bons et loyaux services, le placenta rejoint une poubelle spéciale réservée aux déchets sanguins. Ces derniers sont ensuite incinérés. Fin de l’histoire. Autres temps, autres mœurs : il y a une trentaine d’années, les placentas étaient stockés dans un congélateur. Ils étaient ensuite récupérés par des services hospitaliers de grands brûlés qui les utilisaient pour leurs vertus cicatrisantes, ou par des laboratoires pour fabriquer des produits cosmétiques. Lire plus enfant.com
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