10 façons de mieux vivre une césarienne
Conscients des conséquences psychologiques d’un accouchement par césarienne, les professionnels de santé font évoluer leur pratique. Certaines maternités proposent aux mères de pousser leur bébé, d’autres baissent le drap au moment de la naissance, acceptent un fond musical…
Donner la vie, mais à travers une ouverture dans le ventre. La césarienne reste un événement décevant pour de nombreuses mères. Selon Amélie Merliot, psychologue en périnatalité, "elles imaginaient souvent l’accouchement de manière physiologique d'abord, avec le fantasme de la douleur". Comme une expérience qui transforme une femme, comme un accomplissement…
Heureusement, leur voix est de plus en plus entendue. Karine Garcia-Lebailly, coprésidente de l’ association Césarine, se réjouit des initiatives transformant l’opération chirurgicale en un moment privilégié de naissance. Même si elles "dépendent encore beaucoup des établissements et des équipes".
S’informer et parler de la césarienne
Pour les césariennes programmées, les parents peuvent préparer “une liste de ce qui leur semble non négociable, conseille Karine Garcia-Lebailly. Si la maternité leur refuse, ils auront toujours la possibilité de se tourner vers un autre établissement”.
Elle insiste sur la nécessité de s’informer en amont, même si un accouchement par voie basse est envisagé : "La césarienne n’est pas un risque hypothétique et concerne une femme sur cinq. Les pratiques étant tellement différentes d’une maternité à une autre, se renseigner sur les conditions prévues évite des déceptions". Le Pr Philippe Deruelle conseille aussi la lecture du document de la Haute autorité de santé La césarienne : ce que toute femme devrait savoir.
Amélie Merliot ajoute qu’"un espace de parole (avec un obstétricien ou une sage-femme) en suite de couches aide également à mieux comprendre et accepter l’intervention", surtout lorsqu’elle s’est déroulée en urgence.
La présence du conjoint
Amélie Merliot recommande de mettre en place "tout ce qui permet la sécurité affective de la mère". Et en première position, vient généralement le soutien du conjoint. Le deuxième parent durant une césarienne épaule la femme qui accouche, découvre en même temps son enfant et, s’il le souhaite, coupe le cordon.
"Sa présence est acceptée la plupart du temps", assure le Pr Philippe Deruelle, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens. "Sauf lors d’une anesthésie générale. Et il faut aussi respecter la sensibilité du chirurgien dans les situations urgentes, mais cela représente peu de cas".
Un début de travail spontané
Tout dépend fortement de la situation médicale et de l’organisation de l’établissement. Mais il est parfois envisagé de laisser le travail commencer spontanément avant une césarienne, "pour laisser l’enfant décider du moment", commente Karine Garcia-Lebailly.
Cette attente enlève la déception qui peut survenir face à une date de naissance fixée par l’obstétricien. De plus, elle laisse à la femme le temps de ressentir des premières contractions : certaines apprécient de vivre une partie du processus d’accouchement par voie basse.
Pousser pendant une césarienne
Selon Amélie Merliot, la césarienne est fréquemment mal vécue par la femme qui accouche car "un tiers est acteur à sa place. Elle n’est plus maîtresse de la situation". Pousser rétablit aussi le sentiment d’être actrice.
Même sous rachianesthésie, il est possible de mobiliser les muscles abdominaux pendant une césarienne. La mère a alors l’impression de donner naissance à son enfant. Un sifflet spécifique, le winner flow, facilite cette pratique, mais il n’est pas nécessaire et dépend du souhait de chacune.
Baisser le drap
Un drap placé verticalement sur le haut du corps de la femme dissimule l’opération aux parents. A la demande, des équipes acceptent de le baisser au moment de la sortie du bébé.
"Le ventre faisant obstacle, les mamans aperçoivent peu la naissance", précise Karine Garcia-Lebailly de l'association Césarine. "Mais au moins, elles se libèrent de cette sensation d’étouffement causée par le drap et voient rapidement leur enfant, tout comme le conjoint. Il faut toutefois être prêts à accueillir ces images".
Des équipes au bloc informent également les parents du déroulement de l’opération, pour éviter une dissociation. "Certaines femmes vivent un détachement entre ce qui se passe dans le corps et dans la tête", reprend la psychologue Amélie Merliot. "Elles ne font pas toujours le lien immédiat entre l'enfant qu'on leur présente et celui qu'elles portaient en elles quelques instants auparavant".
Utiliser des techniques de visualisation
Contre la dissociation également, "des techniques de visualisation aident à se concentrer sur le corps et accompagner en pensée la naissance de son enfant", explique Amélie Merliot. Des sophrologues, entre autres, y préparent les femmes en amont de l’accouchement.
Le conjoint ou un membre du personnel soignant peut aussi prendre le rôle de guide, au bloc, dans ce travail de visualisation... suite de l'article sur doctissimo.fr
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