Tout savoir sur la pré-éclampsie
La pré-éclampsie, qui provoque de l’hypertension et la présence de protéines dans l’urine, peut survenir au cours du troisième trimestre de grossesse. Cette maladie est responsable de bien des naissances prématurées. Pourtant, elle est encore mal connue des femmes et des médecins, et beaucoup de patientes la découvrent lorsqu’elles y sont confrontées. Le professeur Alexandre Hertig, néphrologue à l’hôpital Tenon à Paris, répond à toutes nos questions pour lever le voile sur cette maladie.
Qu’est-ce que la pré-éclampsie ?
La pré-éclampsie survient généralement au cours du troisième trimestre de grossesse. Elle se manifeste par de l’hypertension et la présence de protéines dans l’urine (protéinurie). Ce syndrome touche 2% des femmes enceintes en France, typiquement lors d’une première grossesse.
Ce sont des protéines fabriquées par le placenta qui provoquent la pré-éclampsie. Il s’agit d’un syndrome de la mère, et non de l’enfant. Si la mère développe une pré-éclampsie, c’est parce que le placenta n’est pas assez bien vascularisé. En effet, celui-ci doit développer des vaisseaux mais dans 2% des cas, cela ne se passe pas correctement. Il fabrique alors des protéines, et plus la grossesse avance, plus il va en produire.
La pré-éclampsie se diagnostique en principe après 20 semaines d’aménorrhée (5 mois de grossesse).
Quels sont les risques ?
La pré-éclampsie expose la mère à deux risques majeurs. Tout d’abord, il s’agit de l’éclampsie, qui se caractérise par une crise de convulsion et d’épilepsie. Ces crises peuvent être très dangereuses, à la fois pour la mère et pour l’enfant, en raison du manque d’oxygène notamment.
Le deuxième danger pour la mère est de développer une hépatite, car ces protéines provoquent une coagulation des petits vaisseaux du foie, avec par exemple un risque de saignements.
En France, il est exceptionnel de mourir de pré-éclampsie, mais cette maladie est à l’origine de 500 000 décès par an dans le monde. C’est l’une des causes les plus importantes de mortalité maternelle à l’étranger, en particulier dans les pays en développement. Mais surtout, la pré-éclampsie est responsable de nombreuses naissances prématurées.
Quel est le traitement ?
Il n’existe pas de traitement pour prendre en charge la pré-éclampsie. La seule solution pour mettre un terme au syndrome de pré-éclampsie est d’accoucher. En effet, le problème provient du placenta, il faut donc l’enlever, c’est-à-dire en donnant naissance à l’enfant. Sinon, les protéines seront de plus en plus concentrées dans le sang de la mère, avec des risques, aussi bien pour elle que pour l’enfant.
Les médecins peuvent prescrire à la mère un anti-convulsion et des doses de magnésium pour la même raison. L’hypertension est également traitée, avec un objectif différent de l’hypertension normale (où la patiente doit être en dessous de 14-9). Pendant la grossesse, le but est de mettre la mère à l’abri de l’hypertension maligne, pour éviter les risques de convulsion notamment mais sans avoir une tension trop basse qui empêcherait le fœtus de grandir correctement à l’intérieur de l’utérus. La patiente doit donc rester entre 14 et 18.
En cas de pré-éclampsie, la consigne est donc d’accoucher. Mais si la maladie se déclenche avant 34 semaines, se pose alors la question de la maturité du fœtus. Il faut alors peser le pour et le contre, entre les bénéfices pour le bébé d’attendre qu’il se développe plus et le risque d’exposer la mère aux complications de la pré-éclampsie. La patiente reste alors dans un environnement médical et fait l’objet d’une surveillance importante. Si elle n’a ni convulsions, ni problème au foie, le but est de la faire tenir le plus longtemps possible, pour atteindre 34 semaines. A ce stade, l’accouchement est alors déclenché. Toutes ces décisions sont prises de manière collégiale et la santé de la mère passe en premier. La patiente peut s’y opposer mais les risques doivent lui être expliqués très clairement. Si la pré-éclampsie survient très tôt, avant 27 semaines d’aménorrhée par exemple, une interruption médicale de grossesse sera proposée.
Quels sont les facteurs de risque de la pré-éclampsie ?
Le fait qu’il s’agisse d’une première grossesse représente le facteur de risque le plus important. Cependant, il existe des facteurs antérieurs à la grossesse, notamment si la mère souffre d’hypertension artérielle, de diabète, d’obésité ou de maladies rénales.
Enfin, il y a également un facteur paternel dit du "père dangereux" qui est présent chez certains hommes. Dans ce cas peu importe la femme avec laquelle ces hommes ont un enfant, la mère développera toujours un syndrome de pré-éclampsie.
Y a-t-il des conséquences après l’accouchement ?
Il faut distinguer deux situations : la pré-éclampsie modérée, qui survient en fin de grossesse, et la pré-éclampsie précoce et sévère.
Dans le premier cas, les femmes guérissent lorsque le placenta est enlevé, c’est-à-dire lorsqu’elles accouchent. Elles sont suivies après la naissance, avec notamment un contrôle à trois mois, pour vérifier qu’elles sont guéries. Si l’hypertension persiste, cela signifie que le problème existait avant la grossesse et que celle-ci l’a simplement révélé.
Dans le cas des pré-éclampsies qui surviennent prématurément, celles-ci induisent des complications vasculaires, chez la mère et chez l’enfant, des années après la grossesse. En effet, les femmes qui ont fait une pré-éclampsie précoce et sévère développent plus de risques cardio-vasculaires (risques d’infarctus par exemple), plus tôt que les autres femmes. Elles ont alors les mêmes risques que les hommes. On observe le même phénomène chez les enfants nés dans un contexte de pré-éclampsie de ce type. Ces femmes et ces enfants sont donc plus surveillés que les autres et doivent respecter une bonne hygiène de vie.
Source : Autre presse
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