En Côte d’Ivoire, le parcours du combattant de familles d’enfants autistes

En Côte d’Ivoire, l’autisme reste encore mal compris et très peu pris en charge. Ce mois d’avril, les acteurs du secteur se mobilisent autour de la campagne « Avril Bleu », pour intensifier la sensibilisation et plaider pour un système de santé plus inclusif. Près de 300 000 personnes vivraient avec un trouble du spectre autistique (TSA) dans le pays. Mais pour beaucoup de familles, l’accès aux soins, à l’éducation et à un accompagnement adapté reste un parcours du combattant. Témoignages.

À 10 ans, le fils de Maryline, enseignante à Bouaké, n’a toujours pas trouvé d’école. Pourtant, c’est un enfant calme, curieux, mais diagnostiqué autiste. « J’ai été affectée et donc il faut trouver une école pour mon enfant. On me dit qu’il va perturber les autres enfants et qu’on ne pouvait pas le mettre avec les autres enfants », déplore-t-elle.

Le diagnostic est tombé à ses trois ans. Mais Maryline avait déjà des doutes bien avant. « L’autisme de mon enfant, je l’ai pressenti, mais je ne savais pas quel nom mettre sur ses difficultés, explique-t-elle. À deux ans, il ne parlait toujours pas, il fuyait du regard, il ne jouait pas avec les autres. Il était toujours dans son coin. Et il ne dormait pas la nuit ».

« Les parents ont peur de l’avenir »
En Côte d’Ivoire, l’accompagnement reste très limité. Les centres spécialisés sont rares, les listes d’attente longues, et les coûts très élevés.

Christelle Yoboué, mère d’un enfant autiste, en témoigne : « Ce sont plusieurs professionnels qui interviennent. Il faut débourser de l’argent. C’est au moins une centaine de milliers de francs CFA juste pour la rééducation. Et il faut aussi payer l’AVS, la personne qui l’accompagne à l’école. Si vous n’avez rien budgétisé, c’est au moins 500 000 francs CFA [762 euros, NDLR] dans le mois. »

L’association Parents au cœur bleu accompagne une centaine de familles. Mais la frustration gagne du terrain. Magouri Licko, sa présidente, s’insurge : « On partait de l’espoir qui fait vivre. Mais cinq ans après, quand les choses ne bougent pas, c’est vraiment le découragement qui gagne. Les enfants grandissent. Et quand on fait le bilan en ce mois d’avril, les parents ont peur de l’avenir. » Lire la suite de l'article sur RFI