Mon enfant est peureux... Comment l'aider ?
CONSEILS - Crises de colère, peurs et angoisses, flots de larmes… En quelques années, votre enfant apprend à composer avec toutes sortes d’émotions. Mais bien souvent, vous êtes démunis pour y faire face. Pour vous aider à les identifier et à mieux comprendre ce qu'il ressent, on a interrogé la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Premier volet de notre série : la peur.
Oyez oyez parents, ne craignez plus de voir vos enfants submergés par les émotions. Que ce soit la peur, la colère, la jalousie, ou encore la tristesse... elles vont l'accompagner tout au long de sa vie, alors mieux vaut ne pas les considérer comme des ennemies. "D'autant que les émotions ne sont ni plus ni moins que des réactions physiologiques de l'organisme. Ce sont les outils dont dispose notre cerveau pour nous adapter à notre environnement. A ne pas confondre avec les sentiments (comme la jalousie, ndlr) qui sont des élaborations mentales à partir d'une ou plusieurs émotions", explique à LCI la psychothérapeute Isabelle Filliozat, qui travaille sur le sujet depuis 40 ans.
Sauf que chez l'enfant, le cerveau n'a pas encore la maturité pour les réguler. Il n'a pas non plus la possibilité de se repérer dans le temps, et vit donc ses émotions uniquement dans l'instant présent. "C’est pour ça qu’il peut pleurer toutes les larmes de son corps quand il pense avoir perdu son doudou. Pour lui, le monde entier s'écroule parce qu'il ne se doute pas que dans 5 minutes, on va lui redonner", analyse la spécialiste. Résultat, vous vous retrouvez bien souvent démunis face à ses colères dévastatrices ou ses peurs irrationnelles. Et vous allez vouloir les faire taire ou les garder à distance parce que vous ne savez pas comment les gérer.
"Mauvaise pioche, répond la psychothérapeute. Toutes les études montrent en effet qu’un enfant qu’on laisse pleurer, ou qu’on envoie dans sa chambre pour se calmer, va rester avec une réactivité émotionnelle excessive. Il faut au contraire accueillir ses émotions en lui parlant et en l'écoutant", prévient-elle. Et pour mieux guider les parents, Isabelle Filliozat a décidé de publier une collection avec Disney*, inspirée du film Vice-Versa où cinq personnages incarnent les sentiments d'une petite fille. L'occasion de lui demander quelques conseils pour comprendre les émotions de ses enfants. Premier volet : comment appréhender leurs peurs ?
Une émotion "utile"
"Vous avez peut-être déjà fait cette expérience : vous êtes en train de marcher à la campagne et tout à coup, votre cerveau perçoit un tout petit mouvement dans les herbes sur le côté. Vous n’avez pas eu le temps de réfléchir mais vous vous mettez aussitôt sur le qui-vive. Votre cerveau vient de vous transmettre une émotion : la peur. Et peu importe si finalement, il ne se passe rien. Le mal est fait, pourrait-on dire. La peur s’est déclenchée dans votre organisme avant même de voir de quoi il s’agissait", décrypte notre spécialiste.
Pour résumer, la peur nous prépare à réagir face à un danger, son rôle est de nous protéger. C’est donc une émotion fondamentale qui intervient dès le plus jeune âge. Elle a son corollaire, l'anxiété, qui nous permet d'anticiper et de nous préparer face à l'inconnu, "car même s’il n’y a pas de danger, il est naturel d’avoir peur de l’inconnu", avance la psychothérapeute.
"C'est ce qu'il faut dire aux parents qui sont étonnés, par exemple, quand leur enfant leur dit qu'il a peur de rater un contrôle de maths. En réalité, c'est une bonne chose car si cet enfant a de bonnes notes, c'est justement parce qu’il a peur. Du coup, il faut arrêter de vouloir à tout prix le rassurer avec des phrases du style : 'N'aie pas peur' ou 'Ce n'est rien', qui montrent que vous aimeriez bien qu'il se débarrasse de ses craintes. Au contraire, il faut considérer la peur comme une émotion utile", dit-elle.
A l'inverse, Isabelle Filliozat conseille de ne pas exagérer la peur en disant, par exemple : "C'est terrible ce qui t'arrive". "La vraie sécurité, c'est d'aider son enfant à construire son intelligence et son courage pour y faire face. Car au final, il a besoin d’apprivoiser ses peurs, qu’elles soient de son côté, afin qu'il sache les traverser. Pour ce faire, on peut lui poser des questions commençant par 'et si' : 'et si tu restais tout seul, qu'est-ce que tu ferais ?' et on va lui demander d'imaginer plusieurs réponses car quand on a plein de solutions, on a moins peur", conclut-elle.
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