Apprendre à son enfant à obéir : une clé pour son épanouissement futur
Pour le pédopsychiatre Daniel Marcelli, l’apprentissage de l’obéissance par l’enfant est l’une des clés de son épanouissement futur. Le spécialiste nous rappelle les enjeux d’une obéissance bien construite, qu’il ne faut pas confondre avec la soumission. Interview.
Pourquoi dites-vous que l’apprentissage de l’obéissance par l’enfant est l’une des clés de son autonomie et de son épanouissement futur ?
C’est ce que j’appelle le paradoxe éducatif : quand on a appris à obéir, on peut en grandissant, de temps en temps, se mettre à désobéir. Or avoir le choix entre obéir et désobéir, c’est avoir les clés de la liberté. Depuis toujours, l’être humain ne considère-t-il pas que la liberté est son bien le plus précieux ?
Apprendre à son enfant à obéir est donc l’une des missions des parents ?
Tout à fait ! Mais attention à distinguer obéissance et soumission. L’obéissance aide à grandir, la soumission conduit à la révolte. Enseigner l’obéissance à son enfant, c’est lui apprendre que, dans la vie, il est nécessaire de faire un certain nombre de choses pour grandir. Par exemple, il faut faire ses devoirs et travailler à l’école pour apprendre. A l’inverse, quand on dit à un enfant « fais tes devoirs et tu pourras aller au manège », on lui enseigne la soumission. On lui apprend que les choses sont faisables pour obtenir une rétribution.
Pour un enfant rien de plus normal que d’avoir envie de désobéir ?
Bien entendu ! Tout enfant a envie de désobéir en grandissant : envie de toucher ce qu’il n’a pas le droit de toucher, envie d’aller là où ses parents lui ont interdit d’aller… Quand il voit son enfant désobéir, un parent a deux options.
Face à un enfant qui désobéit quelles sont les deux options parentales ?
Soit le parent considère que l’acte de désobéissance est un désaveu de sa posture de parent et il va exiger de son enfant un équivalent de soumission car l’enfant doit toujours obéir… C’était la posture éducative de la fin du XIXe et début XXe siècle. Soit le parent regarde en quoi l’enfant en désobéissant a cherché à acquérir une part de liberté ou une part de connaissance.
Et ensuite, le parent décide ou bien de sanctionner – si l’enfant s’est mis en danger – ou bien de pardonner en fonction de l’autonomie que l’enfant a acquise dans cet acte de désobéissance. Il pourra lui dire par exemple « Ecoute, mon chéri, cette fois-ci je ne te punis parce que tu as fait attention et que mon souci est d’abord de te préserver. ».
En agissant ainsi, le parent ne vise pas la soumission de son enfant, il prend en considération l’autonomie qu’il gagne. C’est ça la subtilité de l’éducation : apprendre à un enfant à obéir jusqu’à l’amener à ce point subtil où il peut s’autoriser à désobéir tout en se préservant lui-même. Eduquer un enfant c’est ça, c’est l’amener à la liberté.
Apprendre à son enfant à obéir, c’est donc aussi accepter de le rendre triste ?
Effectivement ! Pas plus qu’un adulte, un enfant n’aime qu’on lui dise : « Là, tu ne peux pas faire ça ! » Ça déclenche chez tout être humain l’envie de le faire ! Dire par exemple à un petit de 18-20 mois, en pleine conquête de sa motricité, qui a l’impression que le monde lui appartient : « Non, tu ne vas pas là», ça le rend vraiment malheureux, triste. Il va alors faire tout un jeu relationnel de colère, de bouderie, de séduction, etc. Mais ses parents ont intérêt à tenir bon. Cela lui permettra d’apprendre que son désir s’arrête exactement où commence celui de l’autre. Un apprentissage essentiel.
Source : enfant.com
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