Comment parler de la mort aux enfants ?
La plupart des enfants sont préoccupés par le sujet de la mort, souvent parce que les deuils sont évoqués à mi-voix ou dissimulés. Comment trouver les mots justes quand on vient de perdre un être aimé ?
Annoncer le décès d'un proche à un enfant
Parlez avec des mots vrais de la mort. Excluez tout mensonge et évitez les métaphores ou les euphémismes tels que « ta grand-mère dort pour toujours », « ton papi est parti... », qui pourraient empêcher votre enfant d'intégrer la réalité de la mort. Inutile aussi de le bercer d'illusions. S'il vous demande s'il reverra la personne morte, dites-lui : « Non, mais tu peux penser à elle ou lui. Veux-tu que l'on regarde des photos ? Que l'on relise ses lettres... » Vous avez le droit de lui dire votre chagrin L'authenticité, comme toujours dans la relation parents/enfants, est très importante. On doit pouvoir pleurer ensemble et nommer les émotions qui viennent dire « Je suis triste, je crois que toi aussi. »
Cependant, le chagrin peut tellement nous submerger (lorsque l'on perd un conjoint par exemple ou un enfant) que l'on a du mal à trouver les mots ou à être disponible pour aider son enfant. Dans ce cas, il est important de pouvoir compter sur un tiers : tante, oncle, ami proche, à qui votre petit pourra se confier. Le risque serait qu'il contienne sa propre émotion pour vous protéger et qu'il ne parvienne pas à exprimer sa peine ou douleur. Rassurez votre enfant et laissez-le pleurer. Dites-lui qu'il n'est pour rien dans le décès de la personne. Que vous allez continuer à l'aimer comme avant. L'enfant a pu, en effet, souhaiter inconsciemment la disparition d'un petit frère, d'une petite soeur ou d'un parent ; c'est normal, cela fait partie des conflits psychiques, des rivalités que l'on dépasse lorsque l'on grandit. Mais le décès qui rend la disparition réelle peut entraîner une importante culpabilité. Là aussi, dire des phrases comme « Ce que l'on pense ne peut pas faire mourir quelqu'un » ou « Oh je sais bien que vous vous disputiez avec ton frère ou ta soeur, mais les disputes, ça n'a jamais fait mourir quelqu'un ! », peut être très soulageant pour lui.
Ne vous alertez pas non plus si votre enfant passe par des phases de jeu comme si rien ne s'était passé. Il n'est pas forcément dans le déni, ces phases alternent avec des phases de colère et de tristesse. Ce qui est alarmant, c'est le repli sur soi, l'apathie.
Répondre à la question : « Maman, pourquoi on meurt ? »
Pour expliquer la mort à un enfant, il n'est pas nécessaire de faire de grands discours. En dessous de 2 ans Il faut poser des mots aussi sur l'angoisse que ressent le bébé. Il ne peut pas se représenter la mort mais, dans le cas de la disparition d'un des deux parents, l'absence est ressentie comme un abandon. Il peut s'exprimer par des colères, puis par des manifestations somatiques, voire un désintérêt pour ce qui l'entoure. Il faut donc dire au tout-petit ce qu'il est en train de vivre.
S'il s'agit de la disparition d'une personne moins proche, ce qu'il ressentira, c'est votre chagrin : là aussi, il faut lui parler tout simplement de ce que vous ressentez : « Je suis triste parce que ton grand-père est mort et que je ne le reverrai plus », par exemple. Pour les plus de 2 ans, prenez des exemples dans la vie quotidienne en parlant d'un animal familier mort (poisson rouge, petit chat de la voisine...). Dites-lui simplement que la mort est naturelle, tout naît et tout meurt. Plus il sera grand, plus vous pourrez lui donner des explications. Rassurez-le en lui expliquant qu'on meurt tous un jour, mais que c'est dans très longtemps pour lui et que ce n'est donc pas la peine d'y penser. Faut-il emmener un petit enfant à un enterrement ? ''Oui''. On peut même le laisser voir le mort s'il le demande, à condition que la personne soit reconnaissable. C'est très important pour qu'il puisse réaliser la disparition de la personne et faire son deuil. On voit parfois chez des adultes en thérapie combien il peut être douloureux, des années après, de ne pas avoir dit au revoir à la personne ou de ne pas l'avoir vue une dernière fois. »
Florence Bayala
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