Insémination artificielle : 3 choses à savoir
BÉBÉ – Alors qu’une Française va pouvoir exporter le sperme de son mari décédé pour tomber enceinte, LCI fait le point sur ce qu’il faut savoir à propos de l’insémination artificielle.
Un pas de plus vient d'être franchi en faveur de l'insémination post-mortem. Une jeune Française de 30 ans a obtenu le feu vert du tribunal administratif de Rennes pour se faire inséminer les gamètes de son mari -décédé en janvier dernier - à l’étranger. Ainsi, la justice vient d’enjoindre au centre hospitalier universitaire de Rennes d’exporter le sperme de son époux. Cette décision, inédite dans l’Hexagone, n’a pas fini de faire couler de l’encre. Le code de la santé publique interdit en effet ce procédé, qui n’a pourtant rien de nouveau. Décryptage avec le Dr René Frydman, gynécologue-obstétricien et père scientifique du premier bébé éprouvette français, Amandine.
Qu’est-ce que l’insémination artificielle ?
Le sperme est directement déposé dans l’utérus de la femme via un petit tube. Généralement, l’insémination s’effectue 36 heures après le déclenchement de l’ovulation pour optimiser les chances de succès du couple. Comment ça marche lorsqu’elle est réalisée post-mortem ? "Comme une insémination classique. Le sperme (congelé au préalable) est déposé dans les voies génitales de la femme, explique le Dr Frydman. Et il n’y a pas de délai à respecter pour le faire puisque les spermatozoïdes peuvent être conservés pendant plus de vingt ans."
Est-ce que ça marche à tous les coups ?
Le taux de réussite varie en fonction de plusieurs facteurs combinés. Sur son site, le site de procréation Médicalement Assistée de Lausanne (CPAM) précise que l’âge de la patiente et la qualité du sperme peuvent influer sur le succès de l’insémination artificielle. Ils estiment que les taux de grossesse chez les femmes de moins de 35 ans sont de 40% après trois inséminations intra-utérines. La clinique Eugin (Espagne) ajoute "qu’au bout de la troisième ou quatrième tentative, si la grossesse n’est toujours pas au rendez-vous, on peut envisager, selon les cas, de passer à des techniques plus complexes comme la fécondation in vitro (FIV). Dans ce cas, l’ovule sera fécondé par le spermatozoïde en laboratoire".
Y a-t-il des risques pour le bébé ?
"Non, nous assure le Dr René Frydman. En grandissant, ils sont atteints des mêmes maladies que leurs camarades, ni plus ni moins. Le fait que ça soit mis en place en Espagne et dans d’autres pays prouve bien qu’il n’y a pas de soucis à redouter d’un point de vue médical."
Quels sont les problèmes éthiques ?
"La demande de cette femme (qui a perdu son mari des suites d’un cancer) se comprend. Mais d’un point de vue éthique, ce type de décision doit être apprécié au cas par cas", détaille le spécialiste. Dans ce cas précis, le juge français estime que "le décès de son époux puis celui de leur enfant au terme de sa grossesse constituent une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa décision et de celle de son défunt époux de devenir parents." Une décision exceptionnelle suite à une situation exceptionnelle donc.
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