Concevoir un enfant après 35 ans, est-ce vraiment plus compliqué ?

Ce cap fatidique des 35 ans sonne comme pivot au sujet de la conception d'un enfant, et met la pression à de nombreuses femmes. Mais sur quelles données se base cet indicateur d'âge ? Que signifie-t-il vraiment dans les chances de grossesse ?

Certaines femmes arrivent en consultation et parlent de leur désir d'enfant sans imaginer une seule seconde que leur âge peut être un problème. En parallèle, de nombreuses femmes commencent à se mettre la pression dès 30 ans, car « l'horloge biologique tourne » et qu'elles sont persuadées qu'à 35 ans, ça ne fonctionnera plus. En effet, dans l’esprit collectif, cette barrière sonne comme le début de la fin. Pourtant, les femmes en France ont des enfants de plus en plus tardivement, l’âge moyen au moment de l’accouchement étant de 30,8 ans en 2020 selon les chiffres de l’Insee (contre 28,8 ans en 1994). Naomi Campbell, elle, est devenue maman pour la première fois à 50 ans cette année. Alors, a-t-on raison de céder à la pression à cet âge-là ?

Pourquoi 35 ans comme cap de fertilité ?

La véritable question est : comment l'âge de 35 ans est-il devenu un tel couperet ? Y a-t-il des appuis scientifiques ? L’âge est en effet un réel facteur lorsqu’il est question d’infertilité. « Il est très difficile de définir un âge précis. On estime ainsi qu’entre 35 et 37 ans, la fertilité baisse. Les complications de grossesse, elles, se retrouvent plutôt à partir de 43 ou 44 ans », admet le Pr François Olivennes, auteur de N'attendez pas trop longtemps pour avoir un enfant. Il existe ainsi de grandes disparités entre les femmes : « La différence est due au stock ovocytaire inital de chaque femme et à la décroissance de ce stock, qui peut être influencée par des facteurs naturels mais aussi extérieurs comme le tabac, le stress ou encore les perturbateurs endocriniens », explique-t-il.

Quelles chances d’être enceinte après 35 ans ?

Mais si les chances d'être enceinte se réduisent, elles ne chutent pas brutalement du jour au lendemain à l’aube du 35e anniversaire et sont loin d’être inexistantes. C’est ce que confirme le Dr Spencer McClelland, gynécologue et obstétricien, traduit par nos confrères de Slate : « S'il est vrai qu'avec le temps, la fertilité connaît un déclin relatif, la vérité c'est qu'en termes absolus, les femmes de 35 ans et plus sont encore tout à fait susceptibles de concevoir sans difficulté, et à peu près dans les mêmes délais qu'une femme plus jeune. Bien qu'il ne soit pas aisé de trouver des données solides sur le sujet, parce que ce genre d'études est difficile à concevoir et à exécuter pour tout un tas de raisons, une des études à plus grande échelle révèle que 78 % des femmes entre 35 et 40 ans tombent enceintes en un an, comparé à 84 % des femmes entre 20 et 34 ans. La différence est mince, surtout lorsqu'on la compare avec la perception que les femmes ont généralement du déclin de leur fertilité. » Bien évidemment, ces chiffres sont à prendre en compte si la femme en question a des rapports réguliers et n’a pas de problèmes de santé.

Zapper le terme de « grossesse gériatrique »

Au-delà de 43 ans, en revanche, les chances d'accoucher tombent à moins de 5 %. Par comparaison, à 35 ans, le taux de réussite conduisant à une naissance est de 70 %. Pour autant, les deux médecins s’accordent sur le manque d’empathie de certains praticiens qui parlent de grossesse gériatrique passé un certain âge.  « Nous, les médecins, nous oublions souvent les blessures psychologiques. À cause de tout ce qu'elles ne cessent d'entendre – de la part d'amies, de la famille, des médias et, oui, même de la communauté médicale –, les femmes sont plus susceptibles d'aborder les questions liées à l'âge au-delà de 35 ans avec angoisse plutôt qu'avec confiance. Il me semble que le terme “âge reproductif évolutif” est probablement plus utile que l''âge maternel avancé” ou “grossesse gériatrique”, parce qu'il nous rappelle qu'il s'agit d'un continuum, pas d'un seuil », estime le Dr Spencer McClelland.Lire plus sur magicmaman.com