Meilleur moment pour faire un bébé : quand a-t-on le déclic de la maternité?
Quand avoir un bébé ? Est-ce que je suis prête ? Cette décision changera votre vie pour toujours, il est donc légitime de se poser de nombreuses questions. Marie-Anne Mariot, spécialisée en psychopathologie de la grossesse, nous éclaire.
Avoir un bébé est un chamboulement dans la vie de tous les couples. Cette décision bouleversera votre vie pour toujours, d'où l'apparition de nombreuses questions avant de prendre la grande décision. Est-ce le bon moment pour avoir un bébé ? Suis-je prête ? Et lui, qu'en pense-t-il ? Marie-Anne Mariot spécialisée en psychopathologie de la grossesse répond à nos questions.
Existe t-il vraiment ce qu'on pourrait appeler un déclic de la maternité ?
Marie-Anne Mariot : L'envie d'avoir un enfant peut venir sous forme de déclic, comme l'amour peut se manifester sous forme de coup de foudre (cela ne concerne que 2% des rencontres), mais c'est assez rare. Le processus de parentalisation commence dès l'enfance : quand on joue au papa et à la maman, avec ses poupées, en s'occupant des frères et sœurs. Puis il se poursuit grâce aux expériences comme le baby-sitting, par exemple. Devenir parent est un tel fondement dans notre culture que même ceux qui ne vivent pas ces étapes de parentalisation ou qui se refusent à devenir parents sont quand même "en condition" de le devenir !
Observe t-on des conditions principales dans l'esprit féminin pour prendre la décision d'avoir un bébé ?
N'importe qui peut avoir envie d'enfant à n'importe quel moment. A mon sens, plus on traverse des crises graves et violentes (guerres, cataclysmes), plus nos vies subissent des bouleversements (drame, décès), plus l'envie d'enfanter, comme pour "remplacer" l'être défunt, ressurgit. En revanche, notre culture actuelle nous pousse au contrôle, à croire qu'il y a des "conditions idéales". Mais y a t-il réellement des conditions idéales ? Et est-ce souhaitable de les respecter ? Maximiser la stabilité et la sécurité, c'est finalement donner un os à ronger à nos peurs pour retarder l'arrivée de bébé !
Les conditions pour avoir un bébé varient-elles chez les hommes ?
Chez les hommes comme chez les femmes, la quête des "conditions idéales" fournit un prétexte de choix à la logique du "remettre à plus tard". Ça peut être la peur qui retarde l’envie d’un bébé tout simplement. Tandis que l'infantilisme et l'impulsivité auront tendance à précipiter l'envie d'enfanter... Parfois, l’envie d’un bébé est aussi lié à une fragilité narcissique : par cet enfant, je fonde enfin une famille, je suis enfin adulte ou je fais enfin ma loi...
D'où vient la peur de devenir mère ? Est ce que le fait de douter de son désir de maternité signifie qu'une femme n'est pas prête à avoir un bébé ?
Avoir peur et vivre avec est le fondement de toute vie. C'est l'absence de doutes qui est inquiétante. Que l'on soit face à l'inconnu total (premier enfant) ou face à toute nouvelle aventure, on ne peut avoir la certitude ou se sentir véritablement prêt(e). Qui peut garantir (et se garantir à lui-même) qu'il saura faire face à tout, aux imprévus, aux bouleversements. "Être prêt", qu'est-ce que cela veut dire ? Comment se préparer à tout ? Est-il possible de se "préparer" à l'imprévisible?
Les hommes sont plus souvent hésitants. Cela signifie-t-il qu’ils sont moins prêts à avoir un bébé ou que leur désir est moins fort ?
Peut être s'agit-il alors d'un faux désir. Beaucoup d'hommes et de femmes se sentent obligés de "fonder une famille". Le conformisme est tellement puissant que cette sensation d'obligation reste le plus souvent inconsciente. Le désir de la maternité est parfois confondu avec une pression sociale extrêmement forte (seulement 3% des femmes en couple n'ont pas d'enfants).
Voir ses amies avoir des enfants ou son horloge biologique tourner, peut-il déclencher un déclic de maternité ?
Cela accroit la pression sociale mais pas le désir, même s'il est vrai que voir nos "amies d'enfance" devenir mères jouent un rôle dans notre processus de maternalisation.
Selon vous, quels sont les critères clés faisant que l'on est prêt(e) à avoir un bébé ?
"Savoir qu'on est prêt(e)" est finalement plus lié à une pression sociale qui a peu à voir avec le désir. Rappelons qu'avant les années 70 et avant l’apparition de la contraception, la question du désir d’enfant ne se posait pas. Finalement, la vraie question qu'on pourrait se poser serait plus "comment savoir si nous serons de bons parents" ? C’est une définition qui me paraît autrement plus importante. Parce qu'il ne s'agit pas juste "d'avoir" des enfants mais de créer une relation inédite avec eux en leur faisant découvrir le monde que l'on connaît, est-ce que ce n'est pas ça le plus important, finalement ?
Source : magicmaman.com
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