Le confinement perturbe le cycle menstruel de nombreuses femmes
Le stress et la sédentarité liés au confinement perturbent l'horloge hormonale de nombreuses femmes. Depuis quelques semaines, des centaines d'internautes font ainsi part d'un retard ou d'une absence de règles.
Coronavirus : le confinement perturbe le cycle menstruel de nombreuses femmes
Vous avez remarqué depuis quelques semaines une perturbation de votre cycle menstruel ? Pas de panique, vous n’êtes pas la seule. C’est l’un des nombreux effets secondaires néfastes du confinement sur l’organisme. Alors que de nombreuses internautes ont fait part d’un dérèglement sur les réseaux sociaux, les experts expliquent le lien entre stress, sédentarité et horloge hormonale.
“Il faut savoir que les hormones de stress sont sécrétées par les mêmes glandes que celles sécrétant les hormones dont dépendent les règles (…) C’est aussi connu qu’en captivité, par exemple dans le cas des détenues, on observe chez des femmes une disparition des règles voire un alignement de leur cycle, de sorte qu’elles aient leurs règles ensemble. C’est un effet hormonal pour les rendre fertiles au même moment, dans le sens où, de manière très animale, il y a une sorte de concurrence au sein d’un même foyer”, explique le gynécologue Maxime Marcelli, membre de l’Institut de chirurgie de la femme, à Marseille au site Actu.fr.
Laura Berlingo, gynécologue obstétricienne, et animatrice quant à elle du podcast Coucou le Q, explique quant à elle qu'en cas de stress, le cerveau ouvre un nouveau dossier. Il commande la production d’hormones du stress, le cortisol ou l’adrénaline. Si le stress dure trop longtemps, le cerveau met en parenthèse la production d'hormones sexuelles. C'est pourquoi un évènement stressant comme un burn-out ou un deuil peuvent perturber un cycle. Or, la période que nous vivons actuellement est bien évidemment particulièrement anxiogène.
Si aucun lien scientifique n'est encore avéré entre confinement et dérèglement, force est de constater que sur les réseaux sociaux, les témoignages de femmes allant dans ce sens se multiplient. Sur Twitter, la réalisatrice féministe Ovide a réalisé un sondage pour essayer de déterminer le taux de femmes concernées. Sur 997 sondées, 23,7% des femmes évoquent des règles décalées tandis que 16,3% rapportent qu’elles ont “carrément disparu”. “Mes règles ont eu énormément de retard, j’ai dû faire un test car je commençais à flipper”, commente une internaute. “Je l’ai aies eu la semaine dernière avec trois quatre jours de retard alors qu’elles sont normalement très régulières”, “Pour le moment j’ai six jours de retard, ça ne m’était jamais arrivé”, s’inquiètent d’autres femmes.
Des règles plus douloureuses en l’absence d’Ibuprofène
De nombreuses internautes décrivent par ailleurs des règles “beaucoup plus douloureuses qu’à l’ordinaire”, notamment car l’Ibuprofène, médicament largement utilisé pour soulager les douleurs menstruelles, est actuellement fortement déconseillé par les autorités sanitaires. En effet, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne sont plus en vente libre dans les pharmacies depuis le 15 janvier dernier après une mise en garde de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) suite à leurs effets aggravant dans les états infectieux.
Outre le stress lié à la peur de tomber malade, l'inquiétude pour ses proches et l'angoisse de l'après, une possible grossesse peut être derrière une absence de règles. En effet, cette période étrange peut être synonyme d’une activité sexuelle plus forte que d’ordinaire, pour celles confinées en couple. Qui plus est, le confinement modifiant de multiples habitudes, de nombreuses femmes se retrouvent à prendre la pilule à des heures décalées, ce qui peut entraîner un dérèglement. Le manque de lumière pourrait également jouer et perturber l'horloge interne des femmes à la façon d'un voyage à l'autre bout du monde avec décalage horaire à la clé.
“Pour retrouver un cycle normal, je n’ai pas de solution miracle, mais je ne peux que conseiller de se raccrocher à son rythme de vie d’avant-confinement, de faire du sport pour éliminer le stress, de bien dormir. Régulariser ses règles, ça passe par régler sa vie”, explique le docteur Maxime Marcelli, qui rappelle que la régularité du cycle dépend de la sensibilité de chacune.
Privilégier la téléconsultation
Pour les femmes inquiètes malgré tout, la consultation gynécologique est malheureusement plus compliquée qu’à l’ordinaire, de nombreux praticiens ayant pour l’heure fermé leur cabinet. Au début du confinement, le FNCGM et le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) ont notamment indiqué que “les consultations non urgentes sont à reconsidérer”. Ils recommandent désormais de “décaler les examens simples type frottis et consultations de routine, et privilégier pour celles-ci la téléconsultation ou les rendez-vous téléphoniques”. Depuis la mi-mars, les gynécologues sont donc autorisés à pratiquer la téléconsultation. “Cela nous permet d’accompagner nos patientes et de calmer leurs inquiétudes”, explique Isabelle Fournier, présidente de l'Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) à 20 Minutes.
Pour les femmes devant absolument être examinée physiquement, la consultation présentielle reste toutefois possible dans certains cabinets où les mesures barrière doivent être respectées. Le Syngof conseille donc aux gynécologues de “contacter les patientes avant leur rendez-vous pour s’assurer qu’elles ne présentent pas de symptômes du Covid-19” et “d’espacer les rendez-vous pour que les patientes ne se croisent pas dans le cabinet”. Côté hygiène, “en plus des recommandations d’usage (gel hydroalcoolique, savon, lavage des mains entre chaque patiente), vous (et votre personnel) devez porter obligatoirement des gants et des masques”, insiste le Syngof. A la fin de chaque consultation, la salle d’examen doit être strictement désinfectée avec des produits bactéricides et virucides.
Enfin, si lors de l’appel précédant la consultation, une patiente présente des symptômes de Covid-19, les gynécologues la réorientent vers le Samu pour qu’elle soit prise en charge dans les meilleures conditions possibles.
Source : pourquoidocteur.fr
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