Cet enfant qu'on désire et qui ne vient pas!
Attendre longtemps une grossesse est une épreuve. Respecter ses besoins de transmettre et de donner de l'amour autrement aide à cheminer.
Sandra, 40 ans, mère d'une fille de 12 ans et de jumeaux de 2 ans :
« J'ai été mère une première fois à 28 ans. Puis j'ai été opérée d'une endométriose. On m'a annoncé que je ne tomberai plus enceinte naturellement. J'ai tout de même essayé pendant six mois, sans succès : on se mettait la pression. Ensuite a débuté un difficile parcours, de deux ans, de procréation médicalement assistée (PMA). Ce qui m'a aidée, c'est d'en parler à mes amies. Cela dédramatise et évite de trop gamberger dans son coin. J'ai consulté beaucoup de blogs sur le sujet, mais cela m'angoissait : finalement, inutile de se comparer aux autres, c'est un chemin individuel. À chaque fausse couche, c'était très dur. Il y a eu des week-ends de pleurs et d'angoisses. Mais quelque part, j'avais confiance, je voulais rester positive. Je ne voulais pas que mon entourage me décourage, sous prétexte qu'il fallait me préparer au pire. Ce qui m'a aidée, c'est de suivre le protocole de PMA, pas à pas. On se concentre sur l'étape suivante et ça repart. Ce n'est pas facile pour le couple, non plus.
Contrairement à mon conjoint qui n'en parlait pas, j'avais l'impression d'être obsessionnelle. On a quand même beaucoup échangé quand on a décidé d'implanter plusieurs embryons. Quand j'ai vu les deux petits cœurs battre à l'échographie, il était hors de question de les perdre. J'ai rapidement arrêté le travail. Ma grossesse était tellement précieuse ! »
« Mobiliser son attention sur autre chose pour lâcher prise »
Entretien avec Rachel Izsak, psychothérapeute et auteure de Vivre son besoin d'enfant (Jouvence).
Qu'est-ce qui fait souffrir, quand une grossesse désirée tarde ?
On est face à un mur, à un désir qui ne peut pas être satisfait. On devient obsédé, c'est un cycle infernal : plus cela nous semble impossible, plus on le veut.
Pour sortir de cela, il est bon d'observer son désir d'enfant. Démêler le besoin physiologique du désir de ressembler aux autres qui ont des enfants, de l'envie de transmettre ce que l'on a reçu ou au contraire de réparer, en donnant ce dont on a manqué. Cela peut être frustrant de ne pas atteindre tout cela comme on l'avait imaginé : en ayant un enfant.
Mais il est tout à fait possible de chercher à respecter ces besoins en les vivant d'une autre manière. Cette transformation est très précieuse : parfois, l'enfant tant désiré arrive précisément à ce moment.
Comment transformer son désir d'enfant ?
Si c'est faire grandir un enfant et lui donner de l'amour qui compte, on peut réfléchir à l'adoption. On peut aussi choisir la transmission en devenant un modèle pour d'autres. On peut trouver une satisfaction dans l'art, la création ou la construction. Ou décider de donner beaucoup d'amour aux membres de sa famille. Le sentiment d'être nourri en aimant un enfant, on peut l'éprouver auprès d'autres personnes. Ce qui est important, c'est d'écouter ses besoins, ce qu'on a envie de vivre, ce qui nous fait du bien. Si c'est difficile, il est bon de se lancer sur un autre projet : déménager, changer de travail, creuser une passion. Mobiliser son attention sur autre chose permet de lâcher prise sur son désir d'enfant, en étant satisfait différemment.
Pourquoi ce lâcher prise est-il important ?
Parfois, ce sont des « petites » choses qui bloquent la conception, comme des idées inconsciemment transmises par la famille : une peur, une dévalorisation, un sentiment que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Ainsi, cet amour que l'on voudrait donner à un enfant, on peut commencer par se le donner à soi-même.
Ce moment particulier peut aussi être l'occasion de renforcer la relation de couple : dire ses besoins, avancer ensemble en acceptant que l'autre vive les choses différemment. C'est un chemin d'équilibriste. Il faut à la fois agir pour que certaines choses changent et accepter la réalité telle qu'elle est. Parfois, on est tellement focalisé sur la satisfaction qu'apporterait un enfant qu'on en oublie combien notre vie est déjà satisfaisante.
Source : ouest-france.fr
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