Pourquoi conserver le cordon ombilical de son bébé ?
GRANDE PREMIÈRE – Une Française vient tout juste d’obtenir l’aval de la justice pour conserver le cordon ombilical de son bébé à naître. Une décision inédite en France. LCI fait le point sur les raisons qui peuvent pousser une famille à faire une telle demande.
Conserver le cordon ombilical de son bébé comme une assurance-vie. C’est l’espoir d’une famille niçoise. Alors qu’un enfant à naître souffre d’un lourd héritage génétique – son grand-père maternel et sa grand-mère paternelle sont décédés des suites d’un cancer du pancréas, son père est atteint d’une maladie héréditaire –, la mère de famille a demandé à conserver le cordon ombilical. Elle espère que les cellules souches qu’il contient puissent un jour servir à le sauver s’il tombe malade.
Une requête à des fins thérapeutiques, donc, entendue par le tribunal de grande instance de Grasse (Alpes-Maritimes). C’est la première fois que la justice autorise un couple à conserver le sang du cordon ombilical pour des fins personnelles. Mais cette décision soulève aussi de nombreuses questions d’ordre éthique. Tour d’horizon de ce qu’il faut savoir.
Quel est l’intérêt de conserver le cordon ombilical ?
Le sang du cordon ou sang placentaire est très intéressant médicalement. Pourquoi ? "Il contient des cellules souches hématopoïétiques, qui produisent tout au long de notre vie l’ensemble des cellules présentes dans le sang", explique l’agence de biomédecine. Ainsi, un tel don offre la possibilité à un patient de régénérer son propre sang. "On pourra utiliser les cellules souches pour régénérer un organe, espère ainsi la Niçoise à l'AFP, même si ce n’est pas encore le cas. C'est peut-être un futur cadeau que je fais à mon enfant, de pouvoir demain se soigner grâce à ça. J'aurais regretté de ne pas le faire. Même si demain ça ne fonctionne pas".
Quelles maladies peuvent être soignées ?
Les cellules souches sont normalement utilisées pour soigner une maladie du sang comme un cancer du sang, un lymphome, ou une leucémie. Elles peuvent aussi servir lors d’une greffe de moelle osseuse, car elles accentuent les chances de guérison des patients. Plusieurs études sont actuellement en cours pour découvrir de nouvelles vertus thérapeutiques.
Comment ça se passe en pratique ?
Lors de l’accouchement, quelques millilitres du sang placentaire sont prélevés. Comme toute greffe, il faut que le donneur soit compatible avec le receveur. Mais cette compatibilité est très rare. "Elle est de l’ordre de 1 sur 1 million entre deux individus qui ne sont pas de la même famille", estime l’agence de biomédecine. Ainsi, chaque don est une chance de guérison supplémentaire pour les malades.
Que dit la loi ?
Actuellement, il est impossible de conserver le sang de cordon pour soi-même. En revanche, il est possible de le donner à la collectivité. Dans le cas de la famille niçoise, la justice a accepté d’agir par anticipation. "Le cancer n'est pas là, mais on sait qu'il y a un risque avéré", a détaillé à l'AFP Me Emmanuel Ludot. En pratique, le sang appartient désormais à la mère et il sera stocké par une entreprise britannique spécialisée. Si l’enfant ne tombe jamais malade, celle-ci pourra "l’abandonner au profit de la collectivité", selon les termes de son avocat.
Quelles sont les craintes ?
Si la technique est susceptible de sauver une vie, elle pose aussi des questions éthiques. La principale crainte est que le cordon ombilical puisse faire l’objet d’échanges tarifés. Les banques de stockage d’outre-Manche font fureur. Mais pour le Pr Noël Milpied, chef du service d’hématologie et de thérapie cellulaire au CHU de Bordeaux, questionné par le Parisien"il s’agit plus d’une décision humaine, pour pallier l’angoisse des parents, que basée sur des fondements scientifiques".
En France, près de 2 000 patients atteints d’une maladie grave du sang ont besoin d’une greffe de cellules souches. Depuis 1988, date de la première greffe de sang, le nombre de dons ne cesse d’augmenter. Désormais, l’objectif des 30.000 unités de sang placentaire stockées est rempli. L’accent est désormais mis sur la qualité des greffons recueillis. Et quoi de meilleur pour le petit Niçois que de se faire greffer son propre sang placentaire.
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