Allergies alimentaires: comment savoir si bébé est concerné ?

Diarrhées, boutons, vomissements… Et si votre tout-petit était allergique ? Avant de vous lancer dans l’éviction de certains aliments, on fait le point.

Les enfants sont-ils de plus en plus touchés ?

On connaît tous un petit allergique et bien souvent, on suspecte son bébé d’avoir une allergie alimentaire. Saviez-vous qu’un enfant sur quatre dans le monde est allergique (toutes allergies confondues) ? Et les enfants sont trois fois plus touchés que les adultes par les allergies alimentaires ! Les responsables ? Pas de réponse claire, mais le changement de nos habitudes de consommation est souvent mis en cause. On mange davantage de produits industriels qui contiennent de nombreux allergènes (exhausteurs de goûts, épaississants, édulcorants…). Face à tant de nouveautés, l’organisme des tout-petits a parfois du mal à s’adapter et risque de développer une allergie. Mais, il n’en reste pas moins que la génétique joue un rôle primordial. Par exemple, un enfant dont les parents sont allergiques a environ 40 % de risques de le devenir aussi. Si ses deux parents en sont atteints, le risque grimpe à 60 %, voire 80 %, s’ils souffrent tous les deux de la même allergie.

Les symptômes allergiques sont-ils toujours évidents ?

Un gonflement des lèvres après avoir mangé des cacahuètes ? C’est un signe évident d’allergie. Mais la plupart du temps, c’est plus compliqué. « Démangeaisons, rhinite allergique, ballonnements, diarrhée, asthme… peuvent très bien être les signes d’une réaction allergique », explique le Dr Laurence Plumey*, nutritionniste. Comment savoir ? Chez les plus petits, l’allergie alimentaire se manifeste le plus souvent par une dermatite atopique, c’est-à-dire un eczéma. Ensuite, il est important de repérer à quel moment ces réactions se produisent. Si c’est systématiquement après avoir consommé tel ou tel aliment, c’est un bon indice.

Quels sont les principaux aliments allergisants chez les tout-petits ?

Il y a cinq allergènes principaux : le blanc d’œuf, l’arachide, les protéines du lait de vache, la moutarde et le poisson. Avant 1 an, les protéines du lait de vache sont le plus souvent mises en cause puisque le lait est le principal aliment consommé. Après 1 an, c’est surtout le blanc d’œuf. Et entre 3 et 6 ans, plus souvent l’arachide.

Les allergies croisées sont-elles possibles chez les enfants ?

Quel rapport entre le lait et le soja ou entre le kiwi et les pollens de bouleau ? Il s’agit d’éléments d’origine très différente mais dont la structure biochimique est proche. Dans certains cas, l’organisme peut réagir à plusieurs allergènes. On parle alors d’allergie croisée. « Par exemple, un enfant peut être allergique aux protéines du lait de vache et au soja ou à l’amande et à la pistache », précise le Dr Laurence Plumey. Il y a aussi des allergies croisées plus surprenantes comme celle qui associe des fruits et légumes avec des pollens d’arbres. Comme l’allergie croisée entre le kiwi et les pollens de bouleau, ou l’avocat et le latex contenu dans les jouets entre autres.

« En cas de suspicion d’allergie, par exemple, si le tout-petit a de l’eczéma, il est important de consulter rapidement et de ne pas perdre son temps à essayer d’autres laits. Surtout s’il y a un terrain allergique dans la famille. » Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste.

Peut-on prévenir les allergies ?

La meilleure prévention : commencer la diversification alimentaire entre 4 mois révolus et avant 6 mois. Cette fenêtre de tolérance permet à l’organisme de mieux tolérer les nouvelles molécules. Ces recommandations sont valables pour tous les bébés qu’il y ait ou non un terrain atopique. Petite précaution : mieux vaut donner un aliment nouveau à la fois pour repérer plus facilement d’éventuelles réactions.

Un enfant peut-il consommer un peu de l’aliment auquel il est allergique ?

« S’il est allergique, il est impératif d’exclure totalement le(s) aliment(s) en cause. Car l’intensité des réactions allergiques ne dépend pas de la dose ingérée. Parfois, une infime quantité peut provoquer un choc anaphylactique », conseille le Dr Laurence Plumey. Mais ce n’est pas tout. La réaction allergique peut aussi être déclenchée en touchant ou en respirant l’aliment. On évite donc de manger des cacahuètes à côté d’un enfant allergique à l’arachide. « Et en cas d’allergie aux œufs, mieux vaut ne pas utiliser de produits cosmétiques qui en contiennent (shampooings…), prévient-elle. Idem pour les huiles de massage à l’amande douce en cas d’allergie à l’arachide. En revanche, votre enfant peut être allergique au lait cru, mais le tolérer très bien lorsqu’il est cuit dans des gâteaux. D’où l’importance de consulter un allergologue pour poser un diagnostic fiable et ne pas supprimer inutilement certains aliments de ses menus. »

Peut-on guérir d’une allergie ?

Bonne nouvelle, certaines allergies sont transitoires. Dans plus de 80 % des cas, l’allergie aux protéines de lait de vache guérit vers 3-4 ans. De même, les allergies à l’œuf ou au blé peuvent régresser spontanément. Mais il est aussi possible de faire une désensibilisation. En clair, on donne très progressivement, de petites quantités croissantes d’un aliment. Le but : permettre à l’organisme de tolérer l’allergène. Mais pas question de se lancer seul à la maison. Car il y a toujours le risque de développer une réaction sévère. La réintroduction doit se faire avec un allergologue et parfois même à l’hôpital.