Le problème des têtes plates chez les bébés va être étudié par la Haute autorité de santé.
Alertée par une association de défense des patients, elle va se pencher sur ce dossier polémique. Les jeunes parents le savent: la consigne de coucher les bébés sur le dos s'accompagne parfois d'un aplatissement de leur tête. A la demande d'une association, la Haute Autorité de santé (HAS) s'est saisie de cette question, au risque de créer une polémique chez les pédiatres.
"La HAS inscrit à son programme de travail l'élaboration de deux documents portant sur la prévention des risques de plagiocéphalie (aplatissement de la tête, ndlr) chez le nourrisson: une fiche mémo destinée aux professionnels de santé (et) un document d'information destiné au public", écrit-elle dans une décision datée du 28 juin.
Cette décision est motivée par "une augmentation de la fréquence d'asymétrie crânienne, également nommée plagiocéphalie" observée "depuis la mise en oeuvre des recommandations de couchage sur le dos pour prévenir la mort subite du nourrisson".
Scolioses, déformations de la mâchoire
La HAS, qui relève "l'absence de travaux français" sur le sujet, a été saisie par Le Lien, une association de défense des patients, en vertu d'une procédure de "droit d'alerte" introduite par la loi Santé de 2016.
"Nous nous réjouissons que la HAS s'empare du sujet", a déclaré à l'AFP la vice présidente du Lien, Claude Rambaud. Cette association juge que la plagiocéphalie est une question de "santé publique" qui, au-delà des considérations esthétiques, peut provoquer chez les enfants des scolioses ou des déformations de la mâchoire.
Depuis une vingtaine d'années, les autorités de santé recommandent de coucher les bébés sur le dos et non plus sur le ventre pour éviter les risques de mort par étouffement. Or, le crâne des nourrissons, dont les os ne sont pas encore soudés entre eux, est malléable et peut facilement se déformer.
Dans un rapport publié en 2011, la Société canadienne de pédiatrie citait une étude de 2004 sur la plagiocéphalie: selon cette étude, 16% des bébés de six semaines avaient la tête plate. Ce taux montait à 19,7% à l'âge de quatre mois, pour redescendre à 6,8% à 12 mois et 3,3% à 24 mois.
Risques d'étouffement quand bébé dort sur le côté
Le plus souvent, cette déformation de l'arrière du crâne s'estompe si les parents s'astreignent à ne pas laisser le bébé dans la même position durant la journée. Cela peut s'accompagner de séances de kinésithérapie et d'ostéopathie.
Le sujet est sensible: nombre de pédiatres craignent que la peur des plagiocéphalies remette en cause dans l'esprit du grand public l'obligation du couchage sur le dos, qui a notablement réduit les morts subites du nourrisson.
Mi-juillet, l'Association nationale des centres référents sur la mort inattendue du nourrisson (Ancremin) avait ainsi rappelé dans un communiqué "les recommandations internationales de couchage dorsal strict dans un environnement sécurisé de literie pour tout nourrisson tant qu'il n'arrive pas à se retourner sans aide".
"Toute démarche visant à proposer une alternative ne fait qu'augmenter le risque de mort évitable par étouffement", avait poursuivi l'Ancremin.
Cette association de pédiatres pointait du doigt le couchage sur le côté, qui "augmente singulièrement le risque de mort inattendue par basculement puis étouffement", ainsi que l'utilisation de "coussins et de cale-bébés de toute sorte".
Changer de position
Selon ces professionnels de santé, la plagiocéphalie est due "avant tout au fait que le bébé soit empêché de varier ses postures et ne soit pas libre de sa motricité", notamment s'il est installé pour de longues durées dans des sièges normalement destinés au transport en voiture.
"Nous ne demandons pas d'abandonner le couchage sur le dos, mais on peut ne pas laisser le bébé toute la journée dans cette position", se défend Mme Rambaud.
"Il faut organiser le dépistage de la plagiocéphalie et la sensibilisation auprès des médecins car passé l'âge de six mois, c'est difficile de rétablir la situation", poursuit-elle, en souhaitant que la plagiocéphalie soit à terme prise en charge par l'Assurance maladie.
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