Les 3 besoins d`un adolescent ou d`un enfant pour s`épanouir...

L'enfant, comme l'adolescent, a des besoins que les parents devraient combler de la manière la mieux adaptée afin de lui permettre de grandir et s'épanouir. Le Pr Philippe Jeammet, pédopsychiatre, nous explique ces trois besoins fondamentaux, comme il en parle dans son livre " Lettre aux parents d'aujourd'hui ".

Le premier besoin de l'enfant : être bien dans son corps

S'il s'épanouit au niveau de son corps, c'est qu'il est bien dans sa peau. Il est naturel qu'il prenne soin de lui. S'il est mal dans sa peau, il peut se mettre en danger physiquement. Il peut se faire mal, comme par exemple, les jeunes qui se scarifient. Il peut mal se nourrir et maigrir ou grossir. Il peut mal dormir, se couchant trop tard ou dormant le jour, s'activant la nuit. Il peut encore se cacher dans ses vêtements, surtout à l'adolescence.

Les tenues extravagantes ne sont pas un signe de bien-être. C'est l'envie d'attirer l'attention, de se valoriser. C'est signe qu'il a l'impression d'être invisible ou de ne pas se sentir valorisé. C'est inquiétant s'il le fait sur un mode qui inquiète ou provoque, qui questionne l'adulte ou le parent. C'est comme s'il avait besoin de choquer, sans que cela se fasse dans le plaisir partagé. Un adolescent un peu excentrique avec des goûts originaux n'est pas forcément mal dans sa peau. C'est la volonté de choquer qui appelle l'attention. C'est souvent le signe qu'il n'arrive pas à se nourrir de sa relation avec ses parents. Elle ne contient pas suffisamment de confiance. Alors, comme il n'a pas assez confiance en lui, il a besoin qu'on le voit, qu'on le regarde, il a besoin de se différencier, d'être très différent de ses parents, parfois à l'opposé. Il peut par exemple devenir sale si ses parents sont maniaques de la propreté ou punk si ses parents sont BCBG...

Il ressent l'adulte comme une personne qui possède un pouvoir démesuré sur lui et il essaye de s'en détacher. Il cherche à recevoir de la reconnaissance et à la place, puisqu'il choque, il reçoit du courroux ou au moins une certaine perplexité.

Il n'arrive pas à se montrer dans le plaisir de la relation avec l'autre. L'accepter serait pour lui comme se perdre, comme donner du pouvoir à l'autre. Il a un comportement très paradoxal. Il est à la fois dans une attente très forte de la reconnaissance des adultes, et en même temps dans une peur de se soumettre ou d'être absorbé.

Et tout cela peut concerner son apparence extérieure, mais aussi son appétit, son sommeil, le fait de fumer ou de boire, de se mettre en valeur ou non pour s'habiller.

Au fond, l'adolescent qui ne va pas bien se trouve entre l'angoisse d'abandon et l'angoisse d'intrusion : Tu ne me regardes pas ? Tu me méprises ! Tu me regardes ? Tu m'agresses !

Le deuxième besoin de l'enfant, c'est l'apprentissage

Il a besoin d'augmenter ses apprentissages, ses connaissances, ses habiletés. Il a besoin de nourrir sa curiosité ; et pas seulement sur le plan scolaire. Tout ce qui met en valeur ses compétences est bon pour lui : les jeux, les sports, les activités artistiques, les activités créatrices... Un enfant ne peut se sentir bien que s'il se sent compétent. Sinon, il est en attente de compétences. Et cette attente peut devenir intolérable et amener un adolescent à provoquer les autres... ce qui entraîne un cercle vicieux. Plus il provoque, et moins on lui donne de possibilités de développer ses compétences. Parfois, plutôt que de provoquer, il réagit autrement, en s'effondrant, ou encore en développant des compétences dans un autre domaine comme la délinquance !

Le troisième besoin de l'enfant, c'est la sociabilité 

S'il n'est pas bien dans sa peau, il peut se couper des liens sociaux avec ses proches ou refuser de parler de ceux qui sont proches. Il ne peut alors aller que vers ceux qui sont loin. Il va avoir tendance à vouloir fusionner avec ceux qui sont loin alors qu'il évite les proches. L'enfant ou l'adolescent qui devient silencieux, qui se renferme sur lui, qui se replie dans sa chambre, qui parfois aussi inverse le rythme de sommeil, dormant le jour, s'activant la nuit, ne va pas bien.

En fait, il a peur de ses proches, il s'en méfie, comme s'il leur attribuait un pouvoir sur lui. Il ressent à la fois un besoin très important que ses proches lui donnent confiance en lui et une peur ou une méfiance envers eux qui semblent le menacer dans sa quête d'autonomie. Il est un peu " parano " : il a peur de se faire avoir parce qu'il se trouve dans un état émotionnel où l'insécurité qu'il ressent le rend tributaire des autres.

Que faire pour aider un enfant qui présente des signes de mal-être ?

Il faut commencer par avoir confiance en nos capacités de parents. Les parents sont le plus souvent capables de bien réagir pour aider leur enfant à passer un cap difficile. L'idéal est de ne pas laisser l'enfant ou l'adolescent s'enfermer dans des comportements qui vont l'appauvrir. Il faut réagir pour ne pas laisser un engrenage s'installer, donc en parler, discuter, aller voir à l'école. Le fait d'en parler, d'être attentif sans dramatiser apaise l'enfant. En cas de blocage qui semble très important, on peut demander conseil, à l'école des parents par exemple, ou à un psychologue.

Au total, ces trois besoins de l'enfant sont des témoins de sa qualité d'échange avec l'environnement. L'être vivant n'existe que dans un échange avec son entourage. Il faut se nourrir de ce qui nous entoure. Devant une menace, l'enfant ou l'adolescent se protège dans un domaine ou dans les trois domaines au même moment. C'est dans ce cas que se produit un blocage et un appauvrissement de ses capacités de développement.

 

Source : e-sante.fr