Elle fait annuler son mariage pour ``escroquerie aux sentiments``

Les juges ont les yeux partout. Même là où on ne se doute pas un instant qu'ils auront la curiosité d'aller voir. À preuve, cette affaire singulière qui fait la tristesse de Malika, 48 ans, résidente des quartiers Nord de Marseille. Le 10 décembre 2005, celle qui exerçait la profession de comptable avait épousé un homme qu'elle avait rencontré sur son lieu de travail. L'époux travaillait dans le bâtiment.

Mais très vite, Malika se rend compte, dès après le mariage, que son mari ne la regarde plus. Il se montre même provocateur, agressif, violent. En fait, elle comprend qu'il ne cherchait qu'à obtenir des papiers pour pouvoir séjourner en France. "Il y a eu un changement de comportement chez lui. C'était très dur pour moi d'avaler la pilule", nous a-t-elle confié. "J'ai compris que je vivais avec quelqu'un qui me mentait, qui me jouait la comédie. J'ai servi d'appât pour lui permettre d'obtenir un droit de séjour en France."

"Un mariage en gris"

Exaspérée parce qu'il sollicite le divorce, elle décide alors de saisir la justice d'une demande d'annulation pure et simple du mariage. "Pour moi, c'est comme s'il n'avait jamais existé", explique-t-elle. "J'ai décidé de sortir les griffes !" Son avocate, Me Isabelle Terrin, évoque "une escroquerie aux sentiments". Pour elle, il s'agit d'"un mariage gris" et non d'un mariage blanc. Un mariage blanc, c'est quand les deux parties sont d'accord pour un faux mariage. Un mariage gris, quand l'un des deux a été abusé. "Lorsque l'un des époux joue le jeu de la séduction à l'autre pour des raisons administratives, cela crée des désastres dans la vie privée du futur conjoint utilisé comme un passeport", observe Me Terrin.

La cour d'appel d'Aix-en-Provence, dans sa décision, va jusqu'à relever que l'époux, sur les 88 photos versées au procès, "sourit à peine", "ne regardant pas son épouse, même sur les photos où le couple est seul"... Le comble, c'est que c'est le mari qui a fourni les images en question.

 

Source: Autre presse