Peut-on nourrir l'Afrique de l'Ouest avec du riz?
Actuellement, le riz est inscrit quotidiennement au menu des habitants d’Afrique de l’Ouest. La consommation de riz en Afrique de l’Ouest a très fortement progressé pour atteindre aujourd’hui, du moins dans les villes, le même niveau que dans les pays asiatiques. Dans cette région, le riz est à présent devenu synonyme de « sécurité alimentaire ». Depuis peu, il n’occupe plus seulement une place de choix dans les assiettes des familles, il est aussi très présent à l’agenda politique.
La crise alimentaire de 2008, qui a littéralement fait décoller le prix du riz sur le marché international, a par conséquent lourdement affecté l’Afrique de l’Ouest. Cette région est aussi l’un des premiers importateurs de riz au monde (elle assure 40 % de ses besoins par du riz importé d’Asie). Depuis cette crise, le prix du riz a augmenté de 50 à 100 % en Afrique de l’Ouest. Nombreuses sont les familles qui se sont par conséquent vues contraintes de réduire drastiquement leur consommation de riz et sont littéralement restées sur leur faim.
Les autorités de la région ont réagi en adoptant des mesures de crise telles que la suppression des droits à l’importation sur le riz. De manière plus structurelle, une prise
de conscience a vu le jour sur le plan politique de la nécessité d’atteindre un degré plus élevé d’autosuffisance et par conséquent, d’accroître l’aide à la production locale de riz. Dans le même temps, une attention renouvelée pour la culture du riz et d’importants investissements ont vu le jour au sein de la coopération internationale.
Dans ce papier, nous soulignons l’importance économique et stratégique du riz en Afrique de l’Ouest. Nous constatons que la région dépend toujours en grande partie d’un marché international nerveux. La population urbaine, souvent pauvre, reste exposée aux caprices du marché international du riz et depuis leur campagne, les pauvres producteurs de riz tentent avec difficulté de se faire une place sur le marché d’Afrique de l’Ouest.
D’aucuns prennent toutefois progressivement conscience du fait que le riz local est à même de concurrencer le riz importé, tant en termes de potentiel de production que de qualité et de prix. Mais dans ce cas, il convient de s’atteler résolument à la politique régionale et nationale, au renforcement des organisations d’agriculteurs, à un accroissement de la qualité et aux investissements indispensables dans toute la chaîne de production du riz. Le riz produit localement est-il vraiment à même de concurrencer le riz importé? Pourquoi l’Union économique et monétaire ouest-africaine (CEDEA/ECOWAS) et les gouvernements nationaux soufflent-ils simultanément le chaud et le froid? Pourquoi le capital disponible au niveau local n’est-il pas distribué? Les organisations d’agriculteurs sont-elles prêtes à défendre les intérêts de leurs membres comme des entrepreneurs? Les divers acteurs ont-ils suffisamment conscience de l’importance sociétale de la chaîne de production du riz? La coopération internationale joue-t-elle son rôle? Le consommateur urbain partage-t-il le sort des petits producteurs de riz ou au contraire, signe-t-il son arrêt de mort? Qui s’inquiète de la menace à long terme pour le climat?
Autant de questions pertinentes qui n’offrent pas toujours des réponses toutes prêtes dans un monde en mutation rapide, même en Afrique de l’Ouest.
Source : Vredeseilanden
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