Varier son alimentation diminue le risque de maladie. Mais qu’entend-on par « variété » ?
Depuis la fin des années 1970, diversifier son alimentation est considéré comme une composante essentielle d’une saine alimentation. S’assurer d’avoir un bon équilibre entre les différents nutriments est primordial pour rester en bonne santé. La diversité alimentaire est également un indicateur clé de la qualité de l’alimentation et de l’adéquation nutritionnelle.
Mais en quoi consiste une alimentation variée et quel est son lien avec le risque de maladies ? L’épidémiologie nutritionnelle – un domaine de recherche médicale qui étudie la relation entre la nutrition et la santé dans les populations – est en voie de passer d’une approche centrée sur les nutriments à une autre centrée sur l’alimentation. Cela s’explique par le fait que des données récentes montrent que les schémas globaux d’apports alimentaires habituels et à long terme permettent de mieux prédire le risque de maladie.
La variété mène à la santé
Actuellement, il n’existe pas de méthodologie normalisée pour évaluer la variété ou la diversité d’un régime alimentaire. Il est donc très difficile de comparer les études sur les effets de la diversité alimentaire sur la santé. Malgré cela, la plupart des études montrent qu’un régime alimentaire diversifié, composé de cinq à six groupes d’aliments de base, améliore la survie et réduit les maladies comparativement à un régime ne comprenant que trois groupes alimentaires de base.
Notre étude préliminaire de la documentation publiée a révélé un nombre croissant de données probantes qui appuient l’idée qu’une plus grande diversité alimentaire (au moins cinq ou six groupes alimentaires) est associée à un risque réduit de dépression, de diabète de type 2, d’asthme, d’allergies alimentaires, de syndrome métabolique, d’ostéoporose et même de mortalité.
La diversité alimentaire, en particulier la diversité des légumes et des fruits, a également été associée à une réduction du risque de plusieurs cancers, dont les cancers de la bouche et du pharynx, du larynx, des poumons et de la vessie.
De plus, les principaux indicateurs de risque de maladies chroniques liées au métabolisme et à la circulation sanguine semblent également être meilleurs chez les personnes en santé et en moins bonne santé qui ont une alimentation plus diversifiée. Des améliorations constantes ont été observées avec une diminution de l’hypertension et des taux sériques de triglycérides.
Risques liés à la diversité alimentaire
En revanche, l’association entre la diversité alimentaire et le risque d’obésité ou de cancer colorectal suscite une plus grande controverse. La consommation d’une plus grande variété d’aliments peut entraîner une augmentation de la consommation de calories, ce qui, à son tour, peut causer l’obésité.

La recherche présente des résultats contradictoires dans la relation entre la diversité alimentaire et le risque d’obésité ou de cancer colorectal.
Il existe des études qui montrent une association positive entre une plus grande diversité alimentaire et un poids plus élevé. Cependant, la plupart des études ont conclu à un lien négatif entre la diversité et le risque d’obésité, tandis que d’autres ne rapportent aucune association.
Cette incohérence apparente dans la littérature pourrait souligner l’importance de la variété au sein de groupes alimentaires spécifiques. Par exemple, une étude portant sur 452 269 participants de 10 pays européens a montré que les personnes qui consomment la plus grande variété de fruits et légumes ont vu leur indice de masse corporelle moyen diminuer, malgré une augmentation de leur apport énergétique. Une plus grande variété au sein de groupes alimentaires spécifiques peut également expliquer les résultats contradictoires pour le cancer colorectal.
La consommation d’une grande variété de fruits a été associée à un risque plus élevé de cancer du rectum après 13 ans de suivi dans une étude, mais n’était pas liée au cancer colorectal dans une autre étude cas-témoin menée au nord de l’Italie. En fait, cette étude a également montré que la consommation d’une plus grande variété de fruits et de légumes réduisait le risque de cancer colorectal.
Il convient de noter que la diminution la plus constante du risque de maladie a été observée lorsque les gens augmentent la diversité des légumes qu’ils consomment. Mais la variété au sein d’autres groupes alimentaires, comme les céréales, n’était pas associée à des effets sur la santé ou l’était négativement, comme c’était le cas pour une plus grande variété d’apports en viande.
Favoriser une alimentation saine
Le Canada a un nouveau guide alimentaire qui sert d’outil pratique pour l’éducation du public en matière de nutrition et s’inscrit dans une politique nationale d’amélioration de l’alimentation. Le Guide alimentaire canadien a suscité des discussions sur ce que signifie manger sainement au Canada, même au sein de la classe politique.
Nous voulons soulever deux questions précises au sujet du nouveau Guide alimentaire, qui méritent plus d’attention en matière de recherche et de politiques. Premièrement, le nouveau Guide alimentaire canadien se limite maintenant à seulement trois groupes alimentaires principaux. Cela représente une réduction par rapport aux quatre groupes alimentaires du Guide précédent et aux cinq ou six groupes des recommandations alimentaires canadiennes des années 1940. Le message que cela donne aux Canadiens, c’est qu’une alimentation saine ne nécessite que trois groupes d’aliments différents, malgré le fait que la science nous dit le contraire.
Les données que nous avons examinées ont montré que les résultats pour la santé et la survie s’améliorent lorsque l’alimentation régulière d’une personne comprend au moins cinq à six grands groupes alimentaires (fruits, légumes, produits laitiers, céréales et protéines).
Deuxièmement, il y a encore moins de directives alimentaires sur la signification de la variété pour les Canadiens. Auparavant, ils recevaient au moins deux recommandations précises pour assurer un apport adéquat en vitamine A et en folate en consommant un légume vert foncé et un légume orange ou un fruit orange.
Le Guide alimentaire australien donne une définition de ce que signifie avoir un régime alimentaire diversifié. Il dit aux consommateurs de manger différents types et couleurs de légumes, ainsi que des légumineuses ou haricots.
Les directives diététiques américaines recommandent spécifiquement aux consommateurs de choisir « une variété de légumes de tous les sous-groupes : vert foncé, rouge et orange, légumineuses (haricots et pois), féculents et autres ». Ces deux directives diététiques donnent à leurs citoyens et même aux chercheurs des indications plus claires sur ce que signifie avoir une alimentation variée dans le cadre d’une alimentation saine.
Il est nécessaire d’accorder plus d’attention à la diversité alimentaire dans les politiques et la recherche. Cela devrait comprendre des conseils plus précis qui tiennent compte des données probantes sur les différents effets sur la santé du choix d’une variété d’aliments dans chacun des groupes d’aliments suivants : légumes, protéines, produits laitiers, fruits et céréales.
Source: infochretienne.com
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