Samira Brahmia. Auteur, interprète, compositrice et actrice : «Il faut absolument créer un marché culturel africain»
A la faveur d’un concert, donné le week-end dernier à Alger, l’artiste Samira Brahmia-qui est installé en France depuis quelques années déjà, revient dans cet entretien sur son nouvel album « Awa ». Avec la spontanéité et la mesure du verbe qu’on lui connait, elle évoque également sa prochaine tournée en Algérie, prévue l’été prochain.
Vous êtes de retour en Algérie pour un concert exceptionnel qui s’est déroulé le week-end dernier à Alger. Comment étaient ces retrouvailles avec votre public ?
Après ma participation l’année dernière au festival européen au niveau du TNA, me voici de retour, à Alger, pour ce concert à Dar Rais de Sidi Fredj à Alger. Lors de cette soirée, nous avons essayé de donner un avant-goût de mon nouvel album « Awa », sorti en septembre dernier sur les plates-formes numériques. Mon désir, c’est de rencontrer mon public qui est exceptionnel. Il ne faut pas oublier que le public algérien est mon premier public.
C’est un moment de partage qu’on recherche tous. Je suis aussi très heureuse d’être accompagnée par mes amis musiciens de route avec Karim Ziad à la batterie, Youcef Boukella à la basse et Khliff Mizialloua à la guitare. Durant cette soirée, il n’y avait pas juste le projet de l’album mais j’ai gratifié l’assistance de plusieurs surprises. J’ai proposé un voyage entre le passé, et ce que je suis aujourd’hui. Cette soirée était fabuleuse et le public était des plus chaleureux.
Parlez-nous de votre dernier né «Awa » ? Comment l’avez-vous imaginé et conçu ?
Pour la genèse de cet album, je dirai qu’on passe tous par des phases bien et moins bien. L’album est arrivé à un moment où j’avais entamé cette rétrospection qui est mon identité, ce dont je suis fier. Le fait d’assumer mes racines, mon histoire et mon désir d’affronter ou d’aborder la vie. Je suis une femme Nord africaine berbère. Je suis une artiste qui a envi de raconter des choses. Cet album est un bilan de spontanéité. Il y a des titres qui sont originaux. Il y aussi des reprises qui ont été réarrangées par mes soins et par mes musiciens.
Il faut dire aussi que la pandémie du Covid est passée par là. Je me suis retrouvée avec un album où je rends hommage à la femme, notamment à Miriam Makeba à travers « Mama ». C’est un titre qui est venu spontanément. Quand on écrit et qu’on prépare un album, c’est limite un accouchement. C’est une urgence de produire, de créer. Ce n’est pas une commande. Je suis dans une période de ma vie où j’ai envie de rendre hommage à toutes ces femmes que je croise et que je rencontre.
Des femmes de tous bords et de différents profils. C’est aussi mon envie de dire qu’une femme passe par plusieurs phases et que ce n’est pas le regard extérieur qui doit l’enfermer dan une case de mère-courage, travailleuse ou encore d’engagée. On peut être en une seule journée tout cela.
Dans votre album vous faites, aussi, un clin d’œil aux mères de l’immigration ?
Tout à fait. Près 18 ans de présence en France, je me rends compte qu’on n’a pas assez rendu hommage à ces femmes qui n’ont pas choisi l’exil. Elles vivent l’exil très souvent avec beaucoup de nostalgie et de douleur parce qu’elles ont été séparées de leurs familles et de leurs parents.
Elles ont quand même donné naissance à des enfants et les ont élevés. Elles ont supporté la vie. Souvent, l’ancienne génération ne parlant pas le français, a dû quand même éduquer ses enfants. J’ai rencontré plusieurs de ces femmes dans un cadre culturel.
Ce sont des femmes qui ne savent pas lire mais qui font du théâtre et qui veulent chanter. Je trouve cela très émouvant. On a toujours parlé de l’exil à travers tous ces hommes qui allaient travailler à l’usine. On n’a pas assez parlé de ces femmes qui n’avaient pas forcément choisi l’exil. LIRE PLUS SUR ELWATAN
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