Des associations sénégalaises relancent le débat sur le droit à l`avortement

Avec plus de 50 000 avortements clandestins pratiqués chaque année au Sénégal, plusieurs associations sénégalaises relancent le débat sur l'IVG, qui n'est toujours pas autorisée.

L'Association des Femmes Médecins du Sénégal (AFEMS) a mis en place un plaidoyer pour "que les femmes victimes de violences ou de viols puissent accéder à un avortement sécurisé, médicalisé, encadré, où elles ne risquent pas leur vie", a expliqué Seynabou Bâ, présidente et médecin de l'association, dans le journal Le Populaire le 17 octobre.

Une étude réalisée par l'association a prouvé que plus de 50 000 avortements clandestins ont été pratiqués en 2012 dans le pays. Des données qui révèlent aussi que 3.6% des décès maternels sont liés à des IVG à risque. Pour contrer cette dangereuse pratique, l'AFEMS et l'Association des Femmes juristes du Sénégal (AJS) ont animé un atelier, il y a deux semaines, en partenariat avec l'ONG Popconcil pour demander la légalisation de l'avortement médicalisé, lorsque les femmes sont victimes d'inceste ou de viol.

Ce dispositif n'est malheureusement pas prévu par la loi sénégalaise qui reste très conservatrice. Tandis que les associations féministes mettent en avant les risques pour la vie des femmes, les ONG islamiques voient la légalisation de l'IVG comme une négation du droit à la vie. Ce serait selon eux la "porte ouverte au vagabondage sexuel". Un constat mis en lumière par l'étude : 3% des femmes incarcérées au Sénégal ont été condamnées pour infanticide.

La loi sénégalaise bride totalement le droit des femmes à l'avortement. Pourtant, en 2004, l'Assemblée Nationale a voté une loi qui autorise le recours à l'IVG uniquement si la vie de la mère est en danger. La députée Hawa Dia Thiam a expliqué lors de cet atelier, qu'autoriser l'avortement lors d'un inceste ou d'un viol permettrait au Sénégal d'être en accord avec ses engagements internationaux et sa législation.

Qu'en est-il dans le reste du monde ?

Un seul motif autorise l'IVG de partout dans le monde : lorsque la vie de la femme est en danger. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, près de 44 millions d'avortements ont lieu chaque année dans le monde. En Europe, il y a un avortement toutes les 27 secondes. Les pays les plus restrictifs sont la Pologne, qui ne l'autorise qu'en cas de problème médicaux pour la mère, d'une anomalie du foetus ou d'un viol, l'Irlande, où cette pratique est illégale, sauf en cas de danger de mort pour la femme (loi adoptée en juillet 2013), Malte et Chypre, où elle est également illégale, sauf en cas de viol ou de malformation du foetus. Dans le reste du monde, au Brésil, en Egypte, à Madagascar, en Malaisie, au Maroc, en Corée du Sud, en Ethiopie et en Thaïlande, l'avortement est interdit dans presque toutes les circonstances, sauf en cas de danger de mort pour la mère.

 

Source: aufeminin.com