En Afrique, le difficile accès aux financements pour les femmes entrepreneuses

L’étude constate que le continent africain a le plus grand taux de femmes entrepreneuses dans le monde (24%). Mais leurs entreprises ont une faible rentabilité. Aude de Thuin, fondatrice et présidente du conseil d’administration de Women in Africa : « Les femmes créent de plus petites entreprises, parce qu’elles ne bénéficient pas ou ne connaissent pas (de) tout ce qui est mis en place pour les aider dans l’entrepreneuriat. Et le fait d’avoir à manager plusieurs choses à la fois, contrairement aux autres pays, donnent des résultats, en termes de rentabilité d’entreprises, moins élevés que dans d’autres pays. Cela est dû à un environnement économique qui ne leur est pas favorable. »

L’étude 2020 a mis particulièrement l’accent sur la difficulté de l’accès au financement pour les femmes. Laurent Benarousse, membre du conseil de surveillance du groupe Roland Berger : « Cet accès au financement, lorsqu’on le regarde d’assez près, il est en partie résolu pour les plus petites structures qui bénéficient aujourd’hui de micro-crédits. Mais il est vrai que pour les PME, les TPE qui ont grandi davantage, il y a aujourd’hui une difficulté particulièrement pour les femmes, c’est vrai pour les hommes aussi, d’accéder à ce financement. »

C’est donc un parcours de combattante lorsqu’une femme cherche un financement compris entre 2 000 et 100 000 euros. La mésofinance pour les TPE (Très Petites Entreprises) et les PME (Petites et Moyennes Entreprises) existe, mais ses mécanismes de financement sont souvent dédiés aux hommes. Une situation qui doit changer, insiste Aude de Thuin : « Il faut qu’il y ait une prise de conscience de la nécessité de soutenir ces femmes. On sait qu’on peut avoir confiance en elles, le micro-crédit en a fait la preuve. Et aujourd’hui toutes les études montrent que les femmes remboursent et sont un élément sécurisant pour les banquiers et les investisseurs. »

À la tête du groupe Addict, qui comprend six entreprises dans le secteur des services, Laetitia N’Cho Traoré, ancienne mannequin, a su braver tous les obstacles. Elle se préoccupe aujourd’hui du sort des femmes sur le marché du travail : lorsqu’elle embauche, les futures collaboratrices dans son groupe ont la priorité sur les collaborateurs : « À compétences égales, je prends toujours une femme. Quel que soit ce qu’on dira, comme les maternités… Je suis une femme donc j’estime quand même que les femmes font plus attention aux détails. Si je n’ai pas le choix, je prendrai un homme, j’en ai d’ailleurs quelques-uns. Mais à compétences égales, je prendrai toujours une femme. »