Dr Coulibaly Daouda : "Le sérum contre Ebola ? On n'a pas toutes les réponses sur son efficacité..."
Le virus de la fièvre Ebola sévit depuis le 22 mars 2014 dans la zone ouest africaine, notamment, en Guinée Conakry, au Nigeria, au Liberia, en Sierra Leone... Pour palier ce danger qui se trouve quasiment à nos portes, Docteur Coulibaly Daouda, chef de service de la surveillance épidémiologique, répond à nos préoccupations...
Qu'est-ce que le virus Ebola?
C'est une maladie qui occasionne des épidémies fulgurantes et qui cause beaucoup de décès, c'est sa particularité.
A quel moment peut-on dire qu'une personne est atteinte de la maladie?
On peut dire qu'une personne est atteinte de la maladie, lorsqu'elle est rentrée en contact avec un animal infecté, les sécrétions biologiques de quelqu'un qui est infecté. Elle va présenter les signes suivants : maux de tête, fièvre, saignement, et qu’à la suite de ces signes on aura fait un prélèvement sanguin et qu'au laboratoire, le biologiste confirme qu'il s'agit du virus de la fièvre Ebola.
Pour sauver certaines personnes atteintes de la maladie un sérum, le MZAPP, a été utilisé. Ce sérum est-il efficace?
Le sérum a été testé sur 2 américains. C'est un sérum qui n'a pas encore franchi toutes les étapes des essais cliniques c'est pour une condition exceptionnelle qu'on a accepté de l'utiliser. Il faut l'utiliser très tôt. Mais aujourd'hui l'OMS a levé l'interdiction donc on peut l'expérimenter sur le terrain.
Parlant toujours du sérum, utilisé de façon urgente. A la longue n'aura-t-il pas de conséquences sur la santé des personnes qui l'ont reçu?
Oui, bien sur. Mais c'est compte tenu de l'urgence que l'OMS autorise cela. Sinon normalement, un médicament, pour qu'il arrive sur le marché, il subit toute une série d'étapes, assez contraignantes d'ailleurs. Mais on n'a pas assez de recul avec ce médicament qui était d'ailleurs en phase expérimental, qui avait commencé à donner de bons résultats. Et comme on n'a pas d'autres médicaments actuellement sur le terrain et il faut utiliser celui là, voici la raison. Mais il pose effectivement des questions d'étiques. On n'a pas toutes les réponses sur son innocuité, sur son efficacité, ses effets indésirables.
Qu'en serait-il si le virus venait à entrer sur le territoire ivoirien? Quelles dispositions pour protéger le personnel soignant et la population?
Les mesures prises pour protéger le personnel médical existent depuis le 22 mars 2014, date à laquelle le virus a été déclaré en Guinée. Donc si le cas se présente il faut prendre en charge le malade. Il faut le mettre dans un centre de traitement pour le prendre en charge. Et puis faire en sorte que ce dernier ne propage pas la maladie à d'autres personnes. Donc éviter les contacts rapprocher avec ce cas, informer et sensibiliser la population sur ces mesures de préventions. Aujourd'hui, avant même que la maladie ne rentre chez nous, les populations sont entrain d'être informées sur ces mesures-là.
Que faire lorsque nous nous retrouvons dans un bus bondé, où tout le monde rentre en contact avec la transpiration de l'autre ou tout autre transport en commun?
La question est réelle. Ce qu'il faut faire c'est de faire en sorte qu'un sujet « A » ne rentre pas en contact avec la sécrétion d'un sujet « B ». Car on sait pas en ce moment l'état de santé de chacun des sujets. C'est lorsqu'on est malade qu'on devient contagieux. Ca veut dire qu'il faut faire en sorte que les bus ne soient pas bondés. Les mini-bus, le problème se pose moins parce que chacun a un siège et on se touche moins. Il faut peut être faire en sorte que les bus soient moins chargés. Ce n'est pas impossible, c'est juste une question d'organisation.
Yolande Jakin (stagiaire)
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