Le lamba, quand les créateurs revendiquent leur identité malgache
Alors que deux expositions lui sont consacrées, cette étoffe longtemps boudée par la jeunesse réinvestit le vestiaire contemporain sous l’impulsion d’une nouvelle génération de designers de mode.
« Je suis fière d’être une femme malgache à la tête d’une marque de vêtements malgaches conçus à Madagascar », scande Tania Andriamanga. Cette entrepreneuse de 28 ans a créé Andria, un jeune label de vêtements revisitant le lamba dit « arindrano », tissu traditionnel de l’île rouge. Jupes tissées à rayures colorées, frangées et fendues, crop tops incrustés de boutons en palissandre – essences de bois poussant à Madagascar – chemises en lin brodées à la main… Voici les quelques pièces de sa première collection baptisée Taniko, qui signifie « ma terre ».
Ce nom n’a pas été choisi par hasard, puisque derrière la marque se cache la volonté, pour la créatrice née à Madagascar et ayant grandi à La Réunion avant de poursuivre ses études de commerce en France, de valoriser un patrimoine qu’elle a mis, un temps, entre parenthèses. « En m’éloignant de mon pays, j’ai ressenti de la nostalgie à mesure que je grandissais, confie-t-elle. J’ai alors voulu avoir une influence positive en mettant en avant ma culture à travers une démarche écologique », détaille celle qui revalorise le lamba en utilisant des fins de stocks provenant de la principale usine textile du pays. Et qui travaille avec des tisserands installés dans le sud de l’île et trois ateliers implantés à Tananarive : l’un dédié à la confection et à la broderie, et les deux autres aux techniques de modelage plus complexes pour les combinaisons et tops.
« J’ai toujours vu ma mère, une chanteuse populaire à Mada, porter le lamba dans les années 1990 en le transformant pour en faire des habits de scène, glisse Tania. C’était très avant-gardiste à l’époque. » Et surtout, assez inédit. Aujourd’hui, rares sont celles et ceux à revêtir cette étoffe traditionnellement blanche portée en châle, aussi bien par les hommes que par les femmes.
Revalorisation d’un patrimoine oublié
Longtemps associé à la noblesse, cette pièce textile que l’on attache autour du cou et sous l’aisselle lors de cérémonies comme les mariages et les funérailles, gagne ensuite les milieux plus modestes et ruraux, et s’offre de la couleur. Aujourd’hui menacés par l’industrialisation et la malfaçon chinoise, les lamba traditionnels sont reconnaissables grâce à leur confection ancestrale. Classiquement, il s’agit d’un panneau rectangulaire aux dimensions normées tissé à la soie sauvage (landybe) ou à la soie domestique (landykely). D’autres ressources naturelles sont utilisées comme le raphia, surtout sur les côtes est et nord-est de l’île. Tania, elle, a opté pour le coton bio issu de l’agriculture locale – la culture de cette espèce non-endémique à Madagascar est récente – pour éviter toute fibre textile d’origine animale....lire la suite sur jeuneafrique
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