Comment accepter (enfin) que ce mec n`est pas pour moi ?
L'amour rend aveugle, OK... Mais parfois un peu trop. À tel point qu'on refuse de reconnaître qu'une relation ne nous va pas et qu'on peut même s'obstiner. Décodage (pour comprendre pourquoi on ne veut pas voir) et explication (pour passer à autre chose)...
Avant de rentrer dans le vif du sujet, on voudrait préciser deux points : 1/ Hors de question, pour nous, de vous pousser au départ à la moindre pétouille. Les couples d'aujourd'hui, dit-on, se sépareraient comme on jette un Kleenex : vite et sans états d'âme. Pas vous. Le couple parfait n'existe pas, vous en êtes consciente. Le couple qui fonctionne, ça se travaille. Alors, vous bossez. Mais on a dit « bosser », pas « se sacrifier ». Si votre quotidien à deux finit par ressembler à un chemin de croix, là, oui, la suite de cet article vous concerne. 2/ Vous êtes la mieux placée pour savoir si votre histoire vaut le coup. Les autres sont toujours plus prompts à émettre un avis sur vous qu'à balayer devant leur porte. Votre couple, ils n'en voudraient pour rien au monde ? Grand bien leur fasse ! C'est le vôtre... Ne les écoutez pas. En revanche, écoutez-vous : si, jusqu'au plus profond de vous-même, vous êtes sereine, même avec un ermite du Larzac - ou avec un flemmard congénital - alors foncez. Si, en revanche, c'est la voix du doute qui vous travaille, hum... vous aussi, poursuivez la lecture. PS : Dans tous les autres cas, vous pouvez lire aussi. Sait-on jamais...
J'identifie la ligne rouge
Laure-Anne a 28 ans quand elle rencontre Hector. Il est marié ? Tant pis, elle fonce, elle y croit. Ses proches tirent la sonnette d'alarme, elle s'en moque... Elle a bien raison : neuf mois plus tard, ils sont ensemble. « Étrangement, c'est là que ça s'est compliqué, raconte-t-elle. Hector s'entendait mal avec ma famille, comme avec mes amis. Peu à peu, j'ai fait le vide autour de moi. En tête à tête avec Hector, c'était pire : j'aurais donné n'importe quoi pour le voir heureux, mais ça n'était jamais assez. D'hyper sociable et extravertie, j'étais devenue une petite chose toute grise. » La ligne rouge est franchie : ce moment où, à force d'être obnubilée par l'autre, on finit par se perdre de vue, soi. On oublie nos goûts, nos envies, nos rêves, parce que seule compte la relation... Qui, toute puissante, ne nous permet pas de nous épanouir. « Là, tout devient contrainte, souligne la psychanalyste Sophie Cadalen (1). La balance souffrance/plaisir, inhérente à chaque relation, penche du mauvais côté. Ici, il n'y a plus rien de léger. Nous-mêmes, nous sommes lestées d'un poids inédit et les rendez-vous avec l'autre se vivent le ventre noué... » La seule question à se poser, à ce stade, c'est : « Si c'était à refaire, recommencerais-je avec lui ? » Si la réponse est oui, profondément et tranquillement oui, alors il est simplement temps d'interroger le mode de fonctionnement du couple - qui, de toute façon, a toujours besoin de réajustements. Sinon... On stoppe net ! Enfin, dans l'idéal...
J'apprends à aimer (ou pas) au présent
Il boit. Trop. Ou alors, c'est un panier percé : tout son salaire disparaît avant qu'il n'ait pu participer aux dépenses communes. Ou bien encore, il passe le week-end entier sur la console, sourd à vos envies de partager des choses légèrement plus enrichissantes, à deux. Avec Seb, Fanny a connu les trois à la fois : « Je me suis accrochée, pendant des années. Je me félicitais du moindre progrès : je l'aimais, j'étais persuadée qu'il allait changer. J'ai dépensé une énergie folle à trouver des solutions pour qu'il boive un peu moins, gagne un peu plus, sorte plus souvent... J'ai parlé, j'ai crié, j'ai pleuré, mais rien à faire. Épuisée, j'ai fini par capituler : je suis partie. » La fin est d'autant plus cuisante qu'on a le sentiment d'avoir échoué. Or, personne ne nous oblige à passer toute notre vie avec quelqu'un : un bout de route, dont on saura tirer quelque chose, c'est déjà pas mal ! « Sauf qu'on s'accroche souvent par orgueil, en dépit du bon sens, avertit Sophie Cadalen. On se dit que nous, on arrivera à le faire bouger - voire, à le guérir. On veut avoir raison contre tous les autres... Et on se trompe : d'abord, parce qu'au fond les autres ne nous ont jamais demandé de prouver quoique ce soit. En revanche, demandons-nous pourquoi on est tombée amoureuse de lui : était-il différent, lorsqu'on l'a rencontré ? C'est au présent que l'on aime, un homme en chair et en os. Pas ce qu'on imagine de ce qu'il pourrait devenir dans le futur... » Qu'on se le dise : l'autre ne rejoindra jamais l'idée que nous nous faisons de lui. Il est ce qu'il est, ici et maintenant. À nous de voir si cela nous convient.
Je prends rendez-vous avec moi
La ligne rouge a été identifiée. L'espoir de le voir changer a disparu. Pourtant, certaines ne partent toujours pas. Pourquoi ? « Toutes les raisons invoquées se rejoignent, en réalité, sur la peur d'être seule, face à soi, explique la psychanalyste. Même s'il est complètement dysfonctionnel, le couple permet de faire diversion : on peut mettre sur le dos de l'autre tout ce qui ne tourne pas rond. C'est un alibi formidable, auquel on a du mal à renoncer. » Alors on le recouvre avec d'autres alibis, tout aussi confortables : l'appartement qu'on a acheté en commun, les projets qu'on a lancés, les enfants qu'on a fabriqués - et qui, au passage, ne nous ont rien demandé. « Ils m'ont longtemps servi de paravent, sourit tristement Amélie, 43 ans. Mon mari, lui, c'était mon défouloir. En fait, c'était la peur du vide qui me tenait : j'ai toujours tellement manqué de confiance en moi... Cette famille que j'avais construite, à laquelle je m'accrochais, c'était mon bouclier entre moi et les autres - et entre moi et moi. » En psychanalyse, c'est ce qu'on appelle un « bénéfice secondaire » : tirer indirectement profit de quelque chose qui, en apparence, nous fait du mal. Parce que, par exemple, cette relation, au fond, nous conforte dans l'idée qu'on se fait d'un couple. Ou bien parce qu'être mal aimée, c'est, douloureusement, ce qu'on pense mériter... « Le jour où on identifie ce profit inconscient, sourit Sophie Cadalen, il disparaît et on n'y trouve plus son compte. Ce qu'on a investi dans la relation ne nous rapporte plus rien : c'est le moment de sortir de cet écosystème qu'est le couple. C'est douloureux, parce que se séparer, c'est toujours mourir un peu. Mais c'est nécessaire, si on veut renaître à autre chose. » Préparons-nous à y laisser quelques plumes - et un compte joint au passage - mais c'est la seule façon de se trouver, soi.
Source: bibamagazine.fr
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