La polygamie, c'est naturel !

Avec un titre pareil, je ne vais sûrement pas me faire des amis ! Mais contrairement à la compréhension courante, le terme polygamie signifie avoir plusieurs conjoints, pour un homme ou pour une femme. Un homme avec plusieurs femmes pratique la polygynie et une femme avec plusieurs hommes, la polyandrie.

Je ne dis pas que c’est bien, ni que c’est agréable, ni acceptable, ni moral, ni sympa, ni normal, bien que cela le soit dans certaines cultures, mais juste que c’est inscrit dans la NATURE des mammifères que nous sommes, malgré tout.

La polygamie est naturelle et la monogamie est culturelle, chez nous. Voilà, ça change tout de le dire comme ça.

Il y a quelques millions d’années, lorsque nous n’étions sans doute que quelques poignées d’australopithèques disséminés dans la savane, la survie de l’espèce était vraiment précaire et augmenter ses chances de procréer était vital. La multiplicité des partenaires offrait donc plus de garanties aux mâles de voir leur progéniture se développer. Néanmoins, on peut à juste titre penser qu’à cette époque, personne ne faisait le lien entre l’acte sexuel et le bébé qui naissait quelques mois plus tard et encore moins un lien de paternité. Ce n’était qu’un instinct au même titre que dans le règne animal, dont nous étions encore fort proches.

En référence à ces époques lointaines, nous portons en nous les traces de ces programmations instinctives qui nous ont permis de survivre. Il était alors plus efficace pour les mâles de multiplier les partenaires afin d’augmenter leur chance d’avoir une descendance. Mais il était aussi plus prudent pour les femelles de s’associer avec un mâle plus âgé, plus fidèle et plus rassurant, pour les protéger durant la grossesse et les premiers mois de la vie du bébé, tout en assurant sa descendance avec un mâle plus jeune, qui lui apportait des gênes en meilleur état. Des études scientifiques récentes le confirment et nous découvrons avec une certaine stupéfaction, grâce à la lecture de l’ADN, qu’environ un enfant sur trente n’est pas génétiquement l’enfant de son père officiel ! Et ce même étonnement secoue le monde des biologistes qui découvrent les mêmes coups de canif chez les animaux qui affichent des couples traditionnellement inséparables !

De plus, et pour les mêmes raisons biologiques, celles qui poussent instinctivement les êtres vivants à augmenter leurs chances d’assurer une descendance, le couple à court terme, associé au changement de partenaire après avoir « pondu un œuf » est plus naturel que le couple à long terme.

Le couple à court terme est naturel, alors que le couple à long terme est un art de vivre.

C’est la raison pour laquelle nous avons à déployer tant d’efforts, d’intelligence, de créativité ou de patience pour faire durer l’amour, sans lequel, pour la plupart de nos congénères, le couple n’a pas de sens. Nous savons bien que la durée apporte bien des agréments, mais tout le monde le sait, c’est loin d’être naturellement simple !

Mais nous sommes sortis de nos grottes il y a bien longtemps, nos bébés survivent merveilleusement bien dans notre monde hautement technologique, le tigre aux dents de sabre a disparu depuis plus de 10 000 ans et avec notre cortex haut de gamme nous avons développé une conscience qui nous permet de créer un contexte propice à notre épanouissement d’une manière bien plus globale et complexe que purement instinctive. Nous pouvons encore entendre au fin fond de notre mémoire ancestrale, qui chuchote en nous depuis l’âge de la pierre, l’appel de la tentation lorsqu’une créature désirable passe à notre portée, mais nous avons tout ce qu’il nous faut de neurones pour choisir de ne pas y répondre. Neurones qui nous ont permis de nous élever au-dessus de nos instincts animaux, de créer des codes de conduite compatibles avec une vie en société, qui nous civilisent et nous font Hommes.

Florence Bayala