La fausse couche, un phénomène fréquent et naturel

Bien que fréquente, la fausse couche est un accident de la grossesse qui reste tabou. À quoi est-elle due? Comment se manifeste-t-elle? Que faut-il faire?

Une grossesse qui débute et, soudain, des saignements, des douleurs... S’agirait-il d’une fausse couche? Cet accident, qui correspond à l’arrêt spontané de la grossesse, est la complication la plus fréquente. On en distingue deux types: les fausses couches précoces, qui concernent entre 10 et 15% des grossesses et qui ont lieu au cours du premier trimestre de grossesse, et les fausses couches tardives (moins de 1% des grossesses), qui se produisent au second trimestre.

Dans un cas comme dans l’autre, une fausse couche est un événement traumatisant qui, bien souvent, laisse aux femmes touchées un sentiment de culpabilité injustifié. Quels en sont les signes? Comment se déroulent le diagnostic et la procédure d’expulsion? Est-il possible de l’éviter? Le Figaro a interrogé deux gynécologues pour faire le point.

Quels signes?

La grossesse est un véritable chamboulement du corps. Alors comment savoir, au milieu de tous ces changements, si certains sont anormaux? Des petits saignements en début de grossesse ou des douleurs dans le bas-ventre sont les signes les plus fréquents qu’une fausse couche se produit. Cependant, ces symptômes ne sont pas forcément un motif de panique. «Il ne faut pas trop s’inquiéter non plus: dans la moitié des cas de saignements en début de gestation, la grossesse évoluera normalement», indique le Pr Guillaume Legendre, gynécologue-obstétricien au CHU d’Angers. «L’urgence est surtout d’écarter une grossesse extra-utérine qui peut être dangereuse pour la vie de la mère.»

«Ces petits saignements peuvent être dus à des décollements du sac ovulaire (la poche qui contient l’embryon) ou à des ectropions (une petite malformation) au niveau du col, qui sont bénins pour la poursuite de la grossesse», explique le Dr Vanessa Gallot, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart. «Des petites douleurs dans le bas-ventre peuvent aussi être des signes normaux de grossesse. Dans le doute, il est tout de même conseillé de venir consulter.»

Comment se fait le diagnostic?

Lors de cette consultation, que se passe-t-il exactement? Une échographie est faite systématiquement. Cet examen permet notamment de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une grossesse extra-utérine, mais aussi, si tout va bien, de rassurer les parents en leur faisant entendre les battements cardiaques du fœtus, qui démarrent vers la septième semaine d’aménorhée. L’échographie permet aussi d’identifier la présence d’un «œuf clair» (ovule fécondé mais qui ne deviendra pas un embryon), l’une des causes de fausse couche.

La plupart du temps, cette première échographie ne permet pas de poser un diagnostic, notamment dans les premières semaines, où le cœur du fœtus ne bat pas encore. «Ce n’est pas parce que le cœur ne bat pas qu’il y a une fausse couche. Il faut revenir une semaine après pour une visite de contrôle, même si l’attente peut être difficile à vivre», reconnaît le Dr Gallot. Ce n’est que lors de cette deuxième consultation que le gynécologue sera en mesure de savoir avec certitude s’il s’agit d’une fausse couche (si le cœur de l’embryon ne bat toujours pas et si le taux de bêtaHCG diminue). Le taux de cette hormone, produite par l’embryon, augmente rapidement au début d’une grossesse normale.

Une fois que les gynécologues sont certains que la grossesse est bien arrêtée, trois options se présentent: l’attente, une intervention par aspiration ou un traitement médicamenteux. La première option - attendre que le corps expulse de lui-même - est déconseillée, sauf si le processus est déjà entamé, car cela augmente le risque de fausses couches hémorragiques. Les deux autres options sont alors laissées au choix de la patiente. Un médicament, le misoprostol (également utilisé pour les interruptions volontaires de grossesse) peut être proposé. Il a l’avantage de pouvoir être pris chez soi, dans un environnement réconfortant. L’autre option consiste à aspirer l’embryon à l’hôpital. Cette dernière méthode est la seule possible lorsque l’embryon est déjà bien développé. Ces deux méthodes ne diffèrent toutefois aucunement quant à leur impact sur la fertilité future.

Quelles causes?

Si les femmes peuvent porter une certaine culpabilité à la suite d’un tel événement, elles n’en sont nullement responsables. Dans l’immense majorité des cas, les fausses couches précoces sont dues à des anomalies génétiques qui rendent l’embryon non viable. La fréquence de ces anomalies augmente notamment avec l’âge de la mère. «Les fausses couches tardives s’expliquent surtout par des anomalies morphologiques de l’utérus», explique le Dr Legendre. Ces malformations empêchent l’embryon de se développer dans de bonnes conditions.…suite de l'article sur sante.lefigaro.fr