Infertilité dans le couple, une charge mentale de plus pour les femmes

Un projet d’enfant, cela se fait à deux. Toutefois, lorsque la grossesse tarde à venir, ce sont souvent les femmes qui restent incriminées de prime abord, s’occupent des rendez-vous médicaux et subissent de multiples examens en premier. L’infertilité masculine reste un sujet tabou. Et pourtant...

"Un couple sur cinq est confronté à l’infertilité. Et dans la moitié des cas, la cause - ou l’une des causes - est d’origine masculine", affirme le Pr François Olivennes, gynécologue obstétricien spécialiste de la procréation médicalement assistée (PMA).
Compte tenu du déclin de la qualité du sperme depuis 40 ans, nombre de ces messieurs n’ont en effet pas les spermatozoïdes très vaillants, notamment à cause de la pollution, des perturbateurs endocriniens présents dans beaucoup de produits de grande consommation, du stress et d’une alimentation déséquilibrée.
"Un homme peut aussi être hypofertile même si son spermogramme est considéré comme normal", soutient le Pr Rachel Levy, chef du service de Biologie de la reproduction-CECOS de l’hôpital Tenon. Mais comme les préjugés ont la vie dure, les femmes sont toujours montrées du doigt quand un problème de fertilité s’immisce dans le couple.

Une perte de temps et de chances de concevoir un enfant 

"Après avoir longtemps essayé de tomber enceinte spontanément, j'ai parlé de ce problème à mon médecin généraliste, se souvient Éléonore, 38 ans. Il m’a immédiatement adressée à un gynécologue spécialisé dans l’infertilité. J’ai eu du mal à avoir un rendez-vous et ne l’ai vu que 5 mois plus tard. Il m’a prescrit toute une batterie d’examens médicaux : des dosages hormonaux, un examen de la glaire cervicale, une échographie pelvienne et une hystérosalpingographie qui fut un peu douloureuse. J’ai également réalisé une courbe de température pour suivre mes cycles menstruels.

Ce n’est qu’après deux tentatives de FIV sans succès que les médecins se sont intéressés de près à mon compagnon.
Mon compagnon a été rapidement ausculté et n’a dû faire qu’un seul examen : un spermogramme. Comme celui-ci est revenu normal, tous les efforts se sont à nouveau concentrés sur moi, bien que mes examens n’aient pas non plus révélé grand chose de particulier.
On m’a pratiqué une biopsie de la muqueuse utérine et enfin une cœlioscopie pour vérifier l’état de mon utérus et de mes trompes. Comme j’approchais de l’âge fatidique des 35 ans, à partir duquel la fertilité féminine commence sérieusement à chuter, le gynécologue nous a orientés vers un service de PMA. Ce n’est qu’après deux tentatives de FIV sans succès, qui furent très difficiles pour moi physiquement et psychologiquement, que les médecins se sont intéressés de près à mon compagnon.

"Pour lui, fertilité et virilité étaient intimement liées"

Son sperme a de nouveau été analysé. On s’est aperçu qu’il n’était en fait pas si formidable que ça. Au départ, mon conjoint l’a mal pris car pour lui, fertilité et virilité étaient intimement liées. Mais à force de discussions, il a accepté de suivre les conseils d’hygiène de vie donnés à l’hôpital visant à améliorer la qualité de son sperme. Il a arrêté pendant plusieurs mois de boire de l’alcool, s’est remis au sport, a réduit sa consommation de viande et a mangé des légumes variés tous les jours. Du coup, il a perdu un peu de poids, était plus en forme… et ses spermatozoïdes aussi.

Quatre mois plus tard, on a refait une tentative de FIV qui a marché. Ma fille a aujourd’hui un an et son père s’en occupe beaucoup. Nous aurions voulu avoir un deuxième enfant, mais nous n’avons pas le courage de tout recommencer. Si nous avions eu notre premier bébé plus jeunes, nous en aurions sûrement refait un second. C’est vraiment dommage que les hommes ne soient pas d’emblée impliqués davantage dans la prise en charge de l’infertilité."