Stérilité : demeurer femme, envers et contre tout
Savoir attendre, apprendre à patienter et continuer à nourrir l’espoir que la maternité devienne enfin une réalité. Un rêve chéri par tant de femmes qui, muée dans le silence de l’incompréhension se musèle au final dans le silence de l’amertume.
Parce qu’en Afrique la femme est immédiatement indexée après quelques années de mariage dit infructueux, elle perd naturellement confiance en elle et sa féminité s’en trouve profondément affectée et fragilisée au point où prendre soin d’elle-même devient gênant. Le regard accusateur d’autrui nous pèse, nous hante et finit au gré des reproches à nous emporter, et notre joie avec.
Cependant, qui parle d’infertilité parle de couple, cette paire qui unie devant Dieu ou les hommes s’est promis amour et fidélité dans les moments de joie et de peine, pour le meilleur et pour le pire.
D’où vient-il donc que le pire causé par l’infertilité soit si injustement porté par la femme uniquement ? La société dira-t-on ! Mais qui donc compose cette société au point de laisser installer tant de pression à des personnes déjà éprouvées par la nature ?
En réalité, la difficulté à donner la vie ne devrait pas induire une impossibilité de profiter de sa propre vie et de son statut d’épouse et de femme.
Etre femme c’est avant tout être soi : avenante, bienveillante, endurante et brave. Aucun mal ni échec ne devrait constituer un frein à l’expression de ces aptitudes inhérentes à quasi toutes les femmes.
Alors, lorsque l’anxiété aura décuplé l’appétit et fait apparaître des rondeurs, et que les joues boursouflées par les injections d’hormones imposées par cette quête effrénée du bébé attireront tous les regards, vous devrez continuer à être une femme belle et séduisante. Celle qui sait séduire et embarquer son époux, celle qui sait dignement mener les combats, la tête haute, car la survie de votre couple en dépend et votre épanouissement également.
Un épanouissement qui dans nos sociétés est fortement lié au statut matrimonial et aux titres rattachéS à cette condition d’épouse et de mère. Fort heureusement, de plus en plus de femmes se distinguent pour leur accomplissement professionnel, leur implication communautaire et leur esprit entrepreneurial. Une femme modèle ne se définit plus par le titre de son époux ou le nombre d’enfants qu’elle lui a donné, mais elle est désormais chef de département, chef d’entreprise, directrice de douanes, présidente de coopératives, écrivain de renom, styliste, pilote, et tant d’autres métiers que la femme embrasse et exerce avec l’engagement et la passion qui la caractérisent au point d’impacter positivement sa communauté et gagner quotidiennement le respect et l’admiration de tous. Des challenges qui restent primordiaux pour positionner la femme en tant qu’acteur clé dans le rayonnement économique et social de nos pays, ce, qu’elle soit maman ou pas.
Alors, la femme dans toute sa grandeur d’esprit doit refuser de se cacher, de subir et endurer un harcèlement collectif et social qui l’entraine parfois vers une culpabilité destructrice au point de se blâmer, d’être engagée pour les causes qui lui semblent nobles. Ou pire, se gêner d’être belle malgré tout, de demeurer joviale malgré tout, d’être une femme tout simplement.
Pour la journée internationale des droits de la femme, que chaque femme en désir de maternité, se souvient qu’avant tout, elle est femme ! Une femme fière, brave et forte, et cela rien ni personne ne pourra le leur enlever.
Leilah Yatassaye-Tirera
Auteure, Ultime Moment- Tourments d’un combat pour la vie.
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