Que faire quand bébé refuse de manger ?
Alors que bébé semblait se régaler de tous les aliments qui lui étaient proposés, il se met tout à coup à en bouder un grand nombre, suscitant l'inquiétude de ses parents. Pas de panique, c'est une étape tout à fait normale du développement de l'enfant, et en s'y prenant correctement, il se remettra progressivement à manger de tout ! Les conseils d’Aurélie Bardot, nutritionniste spécialisée dans l'alimentation de l'enfant.
Pourquoi, vers 18 mois, l'enfant refuse-t-il de manger ?
Aux alentours de 1 an 1/2 à 2 ans, on observe très souvent chez le jeune enfant un changement dans son comportement alimentaire. Lui qui mangeait si bien et ne semblait pas manifester de réticences, quel que soit l'aliment proposé, se met à en refuser un certain nombre et à faire le difficile face à son assiette.
La néophobie traduit la peur de tout ce qui est nouveau : bébé semble se méfier et bouder tous les aliments qu'il ne reconnaît pas. Ce phénomène - que l'on ne rencontre pas que chez les humains - est tout à fait physiologique et contribuerait à la survie de l'espèce. L'enfant commence en effet à marcher et à explorer son environnement, la néophobie permettrait de le protéger d'éventuels empoisonnements ou intoxications.
S'ajoute à cela la fameuse phase d'opposition - qui apparait généralement à 18 mois - pendant laquelle bébé s'affirme face à ses parents et se met à presque tout refuser en bloc - manger y compris ! Cette phase de refus peut durer jusqu'à l'âge de 7 ans, mais peut aussi s'arrêter bien avant. Et l'attitude des parents et de l'entourage pendant cette période est particulièrement importante.
Quels sont les aliments les plus fréquemment refusés ?
La néophobie alimentaire s'accompagne généralement d'une sélectivité alimentaire : "l'enfant à tendance à rejeter en premier lieu les légumes, puis dans une moindre mesure les fruits", indique la nutritionniste. Ils gardent en revanche une forte appétence pour les féculents qui leur sont familiers - pâtes, riz - et pour les aliments sucrés. Ils boudent finalement tous les aliments forts en goûts et peu riches en calories, et sont attirés par les aliments doux et denses en calories.
Un lien avec la diversification alimentaire
Jusqu'à un an environ, bébé mange essentiellement des purées, mixées ou écrasées. Qu'elles soient à la carotte, aux courgettes ou à la patate douce ne change pas grand chose pour lui, même s'il distingue très bien les différentes saveurs : son plat ressemble toujours à une purée. Les morceaux fondants commencent à être introduits à partir d'un an et demi puis ils deviennent progressivement plus gros et plus distincts : l'enfant ne reconnaît plus son assiette !
"Alors qu'il adorait la purée de carotte, bébé va probablement considérer que ses carottes cuites en rondelles ne sont pas le même aliment et il risque de les refuser".
La diversification alimentaire, avec le début de nouvelles textures, de nouvelles recettes, de nouvelles saveurs et de nouveaux aliments, exacerbe donc cette néophobie.
Plusieurs degrés de néophobie : de la réticence au refus strict de nourriture
Si le refus de manger concerne une très grande majorité des bébés aux alentours de 2 ans, il peut être plus ou moins prononcé en fonction des têtes blondes. Un quart d'entre eux environ ne sera jamais concerné par cette phase de refus. Parmi les autres : certains auront une simple réticence à manger de nouveaux aliments, on parle de néophobie flexible, et d'autres refuseront catégoriquement tout aliment qu'il ne reconnaît pas, on parle de néophobie rigide.
Quand s'inquiéter quand bébé ne mange pas ?
Pour les parents, le refus alimentaire de leur enfant fait partie des grandes sources d'inquiétude et de stress : "Comment va-t-il couvrir tous ses besoins ? Il est en pleine croissance, il a plus que jamais besoin de calories et de vitamines !". Alors faut-il s'inquiéter de voir son bébé refuser tout ce qui ressemble de près ou de loin à un légume ou à un fruit ? "Non ! Il faut vraiment que les parents se rassurent, et voient cette période comme une étape obligatoire et normale" rassure la nutritionniste.
Y-a-t-il un risque de carences ?
Généralement non, car un enfant qui boude certains légumes se rattrapera forcément ailleurs : les légumes crus en bâtonnets (carottes, concombres ...) ou les tomates cerises passent toujours mieux que les légumes cuits, de même que certains fruits frais, épluchés et en morceaux qu'ils pourront grignoter à la main.
Et comment savoir où s'arrête la néophobie et où commencent d'éventuels troubles alimentaires réels ? "L'anorexie chez les petits est très rare", indique Aurélia Bardot.
Aurélia Bardot : "Ce qui doit alerter les parents : c'est lorsqu'il y a une cassure dans la courbe de poids et de taille de son enfant"
La néophobie alimentaire n'a aucun impact sur la courbe de croissance du bébé, puisque les aliments classiquement refusés sont les moins caloriques - légumes et fruits - et l'enfant se rattrape sur tous les aliments plus denses en calories.
Un refus alimentaire auquel s'ajoute un décroché dans la courbe de poids et de taille du bébé doit alerter et pousser les parents à consulter pour écarter une éventuelle anorexie, primaire ou secondaire à une pathologie.
Comment forcer un bébé à manger ?
"C'est justement ce qui est délicat : il ne faut surtout pas forcer un enfant à manger" insiste la nutritionniste. Les menaces, le chantage, les cris et les punitions risquent uniquement d'accentuer le problème. Les repas doivent rester un moment convivial et agréable pour l'enfant et pour les parents : il ne faut absolument pas qu'ils virent au bras de fer. Et plus les parents vont manifester leur inquiétude et insister pour que l'enfant mange, plus celui-ci risque de se braquer.
Que faire quand un bébé refuse de manger et n'aime pas certains aliments ?
Le refus alimentaire est normal et pas inquiétant chez les tout petits. Pour que cette période de néophobie dure le moins longtemps possible, il est préférable de garder une attitude désinvolte et de dédramatiser le refus.
Les parents peuvent ensuite user d'astuces pour donner envie à l'enfant de gouter à tout :
- Ils peuvent idéalement partager le même repas que l'enfant, et manger devant lui les aliments qu'il refuse en montrant qu'il se régale,
- Ne pas arrêter de lui proposer un plat ou un aliment qu'il a refusé, et rester patient,
- Varier les recettes, composer de jolies assiettes, faire des plats colorés, imaginer des brochettes de fruits ou de légumes ...
- Varier la préparation des aliments : si les choux-fleurs crus risquent de le rebuter, proposez lui des petites fleurettes de chou-fleur cru à grignoter à la main,
- Faire du repas un jeu, ou une expérience. "Imagine que tu es un petit martien, que tu goutes pour la première fois cette aliment et que tu dois me le décrire" donne pour exemple la nutritionniste.
- L'emmener faire des courses et le laisser choisir les fruits et légumes qui l'attirent,
- L'impliquer dans les préparatif du plat,
- Proposer l'aliment rejeté en début de repas, quand il a très faim "tout est meilleur quand on a faim" rappelle Aurélia Bardot.
- Proposer des petites quantités : une grosse assiette de légume aura tendance à le décourager immédiatement, alors qu'une petite portion dans une petite assiette lui fera moins peur.... Lire plus sur santemagazine.fr
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