Rachel Gogoua, Presidente de l’ONEF : ‘’Il faut leur couper ce qu’ils utilisent pour violer’’

La journée internationale des droits de l'enfant est la date anniversaire de l'adoption de la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), le 20 novembre 1989, par la résolution 44/25 de l'Assemblée générale des Nations unies. Pour cette journée qui est d’une importance capitale, nous avons rencontré Mme Rachel Gogoua, un militante aguerrie pour le droit des enfants. Avec elle, nous avons fait le point en ce qui concerne les violences et viols commis sur mineure de moins de 5 ans. Mais sa décision est ferme pour elle tous ces violeurs doivent subir une sanction exemplaire pour dérouter d’éventuels ‘’candidats aux viols’’. Suivez…

Le 20 novembre est la journée internationale dédiée aux droits des enfants. Un mot…

Les enfants constituent la frange de la population la plus importante dans la mesure où se sont eux qui constituent les générations futures. Une journée qui leur est dédiée pour leur droit, je pense que c’est légitime. Ça doit être l’occasion pour tous les acteurs, toutes les composantes de la société et tous les acteurs des droits de l’homme et en particulier des droits des enfants de faire le point de ce qui est fait et de lancer des messages en direction de toute la population afin que les droits des enfants soient préservés.

Pour vous, quels sont les droits les plus prioritaires ici en Côte d’Ivoire?

De mon point de vue, parmi mes priorités à moi, c’est le droit à l’identité juridique. Un enfant qui naît et qui n’est pas déclaré à l’état civil n’existe pas juridiquement. Donc il ne fait pas parti des existants donc des gens dont il faut tenir compte pour faire la planification. Et ça, c’est une situation grave. S’il n’existait juridiquement et que cet enfant fait l’objet d’un viol, comment peut démontrer que l’enfant est mineur? Dans la mesure où il n’a pas d’existence juridique. Nous aurons beaucoup de difficulté à prouver que l’enfant est mineur. A moins de faire toute sorte de gymnastique pour le démontrer. Alors qu’il suffisait qu’il soit déclaré qu’il est son extrait de naissance, on n’a pas besoin d’aller consulter des médecins pour faire des analyses, pour faire un certain nombre de démarche médicale pour démontrer qu’il est mineur.

Après cette priorité, c’est la priorité à l’éducation c’est-à-dire le droit aux enfants d’aller à l’école. Aujourd’hui, c’est vrai que l’école est devenue universelle, on dit l’école pour tous donc les parents ont l’obligation d’inscrire leurs enfants à l’école. Mais il n’en demeure pas moins vrai que l’école n’est pas dans toutes les contrées de notre pays. Il y a des endroits où les enfants doivent faire 10 à 15 kilomètres à pieds. Pendant ce parcours et pour en revenir les enfants sont exposés à toute sorte de maux.

Il y a le droit à une santé. Les enfants doivent être soignés. Mais aujourd’hui nous savons que les enfants sont exposés à beaucoup de maux; les enfants des parents séropositifs, les enfants qui sont confrontés à la malnutrition, les enfants qui sont aussi confrontés au paludisme et les enfants qui sont objet de maladie liée à l’eau et l’insalubrité. Donc les enfants sont beaucoup exposés. Il faut travailler sur la question de la santé des enfants.

Parlant de viol, le pays a connu une vague successive de viol sur mineur de moins de 5 ans. Quelles sont les actions que vous avez menées pour lutter contre ce fait?

Nous avons fait deux conférences de presse pour attirer l’attention du gouvernement. Nous avons organisé une marche au Palais du Tribunal du Plateau et une marche au ministère de la femme de la famille et de l’enfant à la Tour E. Et nous continuons de travailler pour attirer l’attention du gouvernement sur ce qui se passe. Nous envisageons organiser une vaste campagne nationale de lutte contre toutes les formes de violences à l’égard des enfants et en particulier les violences sexuelles et le viol.

Pensez-vous que les marches, les protestations et conférences peuvent influencer les décisions du gouvernement?

Bien sur! C’est une façon de dire qu’on en a marre et attirer l’attention du gouvernement pour dire que leur mission régalienne est de nous protéger et de protéger nos enfants. Mais où en sont-ils et puis nos enfants font l’objet d’une telle violence barbare? A observer tout ceci, on peut dire que nous sommes dans une société malade pour laquelle il faut faire appel à des experts, à des scientifiques pour faire des recherches et trouver le mal qui gangrène notre société et trouver le remède adéquat pour y mettre fin. Nous avons une série de revendication, nous sommes entrain de préparer un document à soumettre au gouvernement où nous allons faire part de nos différentes propositions et suggestions pour mettre fin à ces actes barbares.

Et ce que nous disons que ce qui est entrain de se passer à des liens tentaculaires avec un certain nombre de paramètre dont nous n’osons pas parler mais voulons dire que :

1- il faut mettre fin à l’impunité parce que les gens ont tendance à faire des règlements à l’amiable.

2- Nous disons qu’il faut mettre fin au règlement à l’amiable. Et nous disons aussi qu’il faut faire des réformes audacieuses pour qu’il soit mis fin à ces attitudes. à ces forfaitures et c’est désolant pour une société comme la nôtre.

Vu l’âge des enfants qui sont sexuellement abusés, pourrait-on dire que ce sont des viols rituels?

Ça m’en a tout l’air! Ce sont des viols rituels. De passage une fois dans la rue, j’ai entendu dire que les gens qui font l’exploitation des minerais, c’est-a-dire que les gens qui font la recherche de l’or et du diamant, sacrifiaient les enfants pour trouver facilement ces matières. Si cela est vrai, nous disons qu’il faut prendre le taureau par les cornes pour y mettre fin. Mais j’avoue que nous allons prendre nos responsabilités, nous en tant que parents. Et je profite aussi pour demander aux parents, pour dire à la société qu’aujourd’hui, faire un enfant n’est plus seulement une fonction biologique. C’est devenu une profession, un métier pour lequel il faut acquérir des compétences et dire que si on ne peut pas s’occuper des enfants, il ne faut pas les faire. Nous ne disons pas qu’on les viole parce que les parents ne prennent pas leur responsabilité. Mais nous disons aussi qu’ils ont un rôle à jouer. Nous devons être vigilants partout où nous nous trouvons pour mettre fin à l’attitude de ces gens. Nous faisons aussi appel à la solidarité de la société toute entière pour dire que si vous voyez quelqu’un qui a une attitude suspecte, réagissez, interpellez les gens pour qu’on puisse appréhender une telle personne. Je dis, le travail que nous faisons, c’est faire en sorte que nous parents, nous prenons nos responsabilités.

En Côte d’Ivoire, la peine de mort n’existe pas. Pour vous, la présidente de ONEF, quelle serait la sanction exemplaire pour mettre fin à de tels actes?

Si ça ne dépend que de moi, il faut qu’il y ait des juges spécifiques pour les violences sexuelles et des viols pour les enfants et les femmes.

Il faut des tribunaux spéciaux et lesquels tribunaux spéciaux doivent faire leur audience chaque samedi et permettre à toutes les populations de venir assister pour qu’on voit qui sont ces violeurs.

Il faut créer une prison spéciale au milieu de la forêt pour que ces gens-là puissent cultiver et produire pour eux-mêmes. On ne peut pas violer nos enfants et prendre notre argent pour aller les nourrir.

20 novembre 2019, qu’est-ce que cette journée représente pour vous?

Je dirai que c’est la journée pour lutter contre les violences sexuelles et les viols contre les enfants.

Pour conclure…

Je viens d’arriver de deux ou trois missions, et j’ai entendu dire qu’on était entrain de réviser le code pénal pour qu’il y ait des prisons à vie. Je n’ai pas encore vérifié la véracité de cette information. Mais nous disons qu’il faut renforcer la législation, il faut la durcir pour mettre fin à ça. Et nous voulons lancer un appel aux autorités, pour dire qu’importent les différents protagonistes, que vous ayez des liens ou pas avec eux, n’intervenez pas. Mais on doit laisser la justice rendre justice aux victimes.  

Moi je dis que plutôt d’exposer les victimes, on devrait exposer les auteurs pour que le monde entier puisse les connaître.

Et puis en plus j’ai oublié, on doit leur couper le pénis. Après, le pénis, s’il récidive en utilisant ses doigts, il faudra les couper également. trop c’est trop, on en a marre. Car il ne se passe pas un seul jour sans qu’un enfant ne soit violé. Mais comme on ne le dénonce on pense qu’il n’y rien. La situation est grave et alarmante. Nous comptons sur les autorités pour réformer et prendre les mesures que nous proposons. Pour l’année 2018, on nous parlait de près de 800 cas. Les cas majoritaires étaient ceux des victimes dont l’âge varie de 0 à 5 ans. Nous sommes entrain de mener des enquêtes pour l’année 2019.

D’ailleurs, en ce sens, nous allons organiser une conférence de presse pour informer l’opinion nationale et internationale et leur donner des numéros auxquels ils doivent signaler des cas.