Une femme violée ne pourra bientôt plus avorter sans l'accord de son violeur

Dès le 30 juillet, les habitantes de l'Arkansas devront obtenir l'accord du géniteur du fœtus pour avorter, même en cas de viol. Les médecins risqueront quant à eux des sanctions pénales s'ils pratiquent une IVG sans en avertir l'homme à l'origine de l'embryon, désormais considéré comme un «membre de la famille décédé».

Dans quinze jours, les habitantes de l'Arkansas ne pourront plus décider d'avorter seules. Dès le 30 juillet, elles devront obtenir l'autorisation du géniteur du fœtus. Plus exactement, elles devront se mettre d'accord avec lui sur ce qu'il convient de faire de la dépouille de l'embryon, désormais considéré comme un «membre de la famille décédé», avant d'avoir recours à une IVG par aspiration. Les médecins qui pratiqueraient l'intervention sans l'accord du géniteur s'exposeront à des sanctions pénales. «Il était là à la conception, et devrait l'être pendant toute la procédure», justifie Kim Hammler, le républicain à l'origine du projet de loi, dans les colonnes de Bustle.

Et cela vaudra aussi en cas de viol ou d'inceste. Les femmes enceintes de leur violeur devront le consulter, et donc le retrouver si elles ne le connaissent pas, pour se mettre d'accord sur le sort de la dépouille. S'il refuse, pas d'avortement. C'est le résultat d'une réforme, votée en mars, d'une loi de 2009. Le texte indiquait que le sort d'un défunt était entre les mains de sa famille. En mars, les législateurs ont inclus les fœtus dans les personnes concernées et estimé que les deux géniteurs avaient un droit égal sur l'embryon. Les jeunes femmes mineures, quant à elles, auront besoin de l'accord de leurs parents, grands-parents de l'embryon.

L'IVG par aspiration purement interdite

Une autre loi proscrit purement et simplement la méthode d'IVG par aspiration. La méthode est pourtant «la plus commune dans le monde pour les avortements pendant le deuxième trimestre», rappelle Laura McQuade, présidente régionale du Planning familial, citée par The Daily Beast. D'après The Independant, 683 des 3771 avortements effectués dans l'Arkansas en 2015 ont été réalisés par aspiration.

Bataille législative

De nombreuses associations de défense des droits des femmes montent déjà au créneau pour protester contre la loi. L'American Civil Liberties Union (ACLU) s'est indignée de cette restriction au droit d'avorter dans un communiqué. «Chaque jour, des femmes en Arkansas, et tout autour des États-Unis, doivent se battre pour avoir accès aux soins dont elles ont besoin et les législateurs imposent de nouvelles manières de fermer les cliniques et de rendre l’avortement impossible», condamne l'organisation dans un texte intitulé «le seul moyen de sortir les législateurs de l'Arkansas de la salle de consultation est de les traîner au tribunal».

Depuis plusieurs mois, de nombreux États conservateurs mettent en place des restrictions à l'IVG. La Géorgie, l'Ohio ou encore l'Alabama sont le théâtre d'une lutte entre pro-life et pro-choice. Certains opposants à l'avortement ne font pas mystère de leur objectif : aller jusqu'à la Cour suprême pour contester Roe vs. Wade, l'arrêt de 1973 qui a légalisé l'avortement aux États-Unis.